vendredi 12 novembre 2010

Hommage aux morts d'Eylau : une cérémonie qui fera date



Une vue de la cérémonie (photo Céline Clément, Journal de la Haute-Marne).
Mission remplie. La cérémonie organisée le 11 novembre 2010 dans le village de Frettes (Haute-Saône) a rencontré un grand succès. En témoigne la présence de 320 personnes dans l'église du village, restées après une cérémonie battue par la pluie et le vent pour se délecter des trois conférences proposées par MM. Thierry Choffat, Alain Pigeard et Bernard Quintin.

L'hommage aux morts haut-saônois et haut-marnais d'Eylau, marqué par la découverte d'une plaque sur le monument aux morts, a été rehaussé par la présence fort appréciée :
. des Grognards lingons, groupe de reconstitution historique du 14e de ligne (onze participants venus de Haute-Marne, Alsace, Bourgogne et région parisienne) ;
. des musiciens de La Lyre cheminote de Chalindrey (52) ;
. d'une quarantaine de jeunes de l'Etablissement public d'insertion de la Défense de Langres (52), dont deux ont lu de larges extraits du poème "Le Cimetière d'Eylau" de Victor Hugo ;
. des porte-drapeaux de la région de Fayl-Billot (52) et du Souvenir français de Haute-Saône ;
. de représentants de la gendarmerie, etc.
... et de plusieurs centaines de personnes venues de la Haute-Saône et de la Haute-Marne, bien sûr, mais également de tout le quart Nord-Est de la France, de la région parisienne...

Que toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette manifestation inédite - son élaboration, sa publicité, sa tenue - soient ici chaleureusement remerciés.

lundi 8 novembre 2010

Le chef de bataillon Pierre Magnien, de Millières

Fils de Jean, cabaretier, Pierre Magnien voit le jour à Millières (canton de Clefmont) le 8 juillet 1774. Il entre en service le 18 mars 1793, comme fusilier au 21e bataillon de volontaires nationaux des réserves, qui se battra avec l’armée du Nord. Cette unité passera dans la 67e demi-brigade d’infanterie de ligne en mai 1796.
Magnien est blessé d’un coup de feu à la cuisse droite en l’an IV. Caporal en l’an VIII, sergent en l’an IX, sergent-major en l’an X, il est promu sous-lieutenant le 1er octobre 1806.
Il prend part aux campagnes de la Grande-Armée en 1807, puis sert en Allemagne en 1809, puis en Hollande et en Catalogne à partir de 1810.
Lieutenant depuis le 25 février 1809, capitaine le 22 juin 1811, il commande une compagnie de voltigeurs du 67e de ligne. Ses faits d’armes : le siège de Figuieres, les affaires de Saint-Celany et Laganigon. Selon un site consacré au 67e, le capitaine Magnien se distingue le 11 mars 1812, surprenant dans la nuit un poste espagnol près de Castelfollit et brisant une grande quantité d’armes. « Cette opération fait le bonheur du capitaine Magnien », dira un officier d’état-major.
Promu chef de bataillon le 1er janvier 1814 (le même jour que son compatriote Gaugé, de Cirey-sur-Blaise), il se distingue avec l’armée de Lyon à Mâcon.
Chevalier de la Légion d’honneur le 1er novembre 1814, il n’est pas conservé, sous la Restauration, dans les effectifs du 67e de ligne, devenu 63e.
Voilà pourquoi, durant les Cent-Jours, il prend le commandement du 1er bataillon de grenadiers de la garde nationale de la Haute-Marne.
En demi-solde à Millières, fin 1815, puis établi à Forcey, l’année suivante, il est chef de bataillon retraité lorsqu’il décède dans son village natal, le 23 novembre 1846.
Il ne s’agit pas ce capitaine Magnien, adjoint à l’état-major du général Bourdesoulle, qui refuse de suivre Marmont dans sa défection en 1814, ni du capitaine d’état-major Magnien qui se distingue à Saragosse en 1808.

lundi 18 octobre 2010

Généraux à moins de 25 ans

C’est durant les périodes les plus critiques de notre Histoire contemporaine que des hommes ont exercé, jeunes, de hautes responsabilités. C’est notamment le cas des militaires. Ainsi, au moment du désastre de 1940, le plus jeune général de l’armée française était âgé de 50 ans : il s’agissait de Jean de Lattre de Tassigny, futur maréchal de France. Mais un an plus tard, c’est à l’âge de 38 ans et demi qu’un capitaine d’active, Philippe de Hauteclocque, alias « Leclerc », était promu brigadier par le général de Gaulle. Mieux : c’est à 29 ans que le résistant Jacques Delmas, alias « Chaban-Delmas », officier de réserve, a reçu ses deux étoiles pour représenter le général de Gaulle en zone Nord, comme délégué militaire national ! Un record qui ne risque pas d’être battu : aujourd’hui, les benjamins du corps des généraux sont quadragénaires.
C’est en fait durant la Révolution qu’ont servi de très jeunes généraux. Le record étant détenu, à notre connaissance, par le futur roi Louis-Philippe : il était lieutenant-général (général de division) à un mois de son 19e anniversaire, se battant à Jemmapes ! Quant au plus jeune commandant d’armée, il s’agit de François Marceau, nommé à l’âge de 24 ans.
Voici une liste, non exhaustive, de Français et étrangers promus généraux avant l’âge de 25 ans – grâce au fameux dictionnaire de Georges Six. A noter, concernant la Haute-Marne, que le benjamin des généraux reste Elzéar-Auguste Cousin de Dommartin, promu brigadier – le même jour que son camarade de promotion à l’école de Metz, Bonaparte – à 25 ans et trois mois. Et que le plus jeune colonel – sans doute même le benjamin au niveau national – est Guillaume Chaudron-Rousseau, promu adjudant-général chef de brigade à 19 ans et demi !



19 ansOrléans (d’) Louis-Philippe, né le 6 octobre 1773, lieutenant-général (général de division) le 11 septembre 1792 à 18 ans et 11 mois. Le plus jeune général de la Révolution et de l’Empire… et futur roi de France sous le nom de Louis-Philippe.

21 ansLéorier Joseph PA, né le 30 juillet 1772 dans le Loiret, adjudant-général chef de brigade à titre provisoire en 1793 à 21 ans, général de brigade le 27 janvier 1794 à 21 ans et 6 mois ; mais il refuse cette promotion pour occuper la fonction de chef de brigade.
Bonaparte Jérôme, né le 15 novembre 1784, promu contre-amiral en 1805 à 21 ans. Général de division en 1807 à 22 ans et demi.

22 ansVandamme Dominique, né le 5 novembre 1770 dans le Nord. Lieutenant-colonel des chasseurs du Mont-Cassel, général de brigade le 27 septembre 1793 à 22 ans et 10 mois. Sera général de division.

23 ansSchramm Jean-Paul A, né dans le Pas-de-Calais le 1er décembre 1789. Major de voltigeurs de la Garde, général de brigade le 26 septembre 1813 à 23 ans et 10 mois. C’est le plus jeune militaire – hors famille impériale - promu général sous l’Empire. Et c’est le dernier à mourir : en 1884, sous la Troisième République !
Davout Louis, né le 10 mai 1770 dans l’Yonne, lieutenant-colonel de volontaires de l’Yonne en septembre 1791 à 21 ans, général de brigade le 25 juillet 1793 à 23 ans et 2 mois. Sera général de division en 1800, puis maréchal d’Empire.
Lanusse François, né le 3 novembre 1772, adjudant-général chef de brigade le 24 novembre 1794 à 22 ans, général de brigade le 27 avril 1796 à 23 ans et 6 mois, général de division, mort en Italie en 1801.
Watrin François, né le 29 janvier 1772 dans l’Oise, général de brigade en 1794 à 22 ans (ou le 1er janvier 1796 à 23 ans et 11 mois), puis général de division, mort à Saint-Domingue en 1802.

24 ans.Abbatucci Jean-Charles, né le 15 novembre 1771 en Corse, général de division le 10 juillet 1796 à 24 ans et 9 mois. Tué lors de la Campagne de l’armée du Rhin.
Bonaparte Napoléon, né le 15 août 1769 en Corse, général de brigade à titre provisoire le 25 novembre 1793 à 24 ans et 3 mois. Sera général de division, puis Premier Consul… et empereur.
Loison Louis H, né le 16 mai 1771 dans la Meuse, adjudant-général chef de brigade provisoire en mai 1793 à 22 ans, général de brigade le 26 août 1795 à 24 ans et 3 mois. Sera général de division.
Marceau François S, né le 1er mars 1769 dans l’Eure-et-Loir, lieutenant-colonel au 1er bataillon de l’Eure-et-Loire en mars 1792 à 23 ans, général de division le 10 novembre 1793 à 24 ans. Commande une armée au même âge. Tué en 1796 en Allemagne.
Mermet Julien AJ, né le 9 mai 1772 dans le Nord, colonel du 10e hussards, général de brigade le 18 novembre 1796 à 24 ans et 6 mois. Sera général de division.
Reynier Jean-Louis E, né le 14 janvier 1771 en Suisse, général de brigade le 13 janvier 1795 à 24 ans. Sera général de division.

mardi 20 juillet 2010

Fratries d'officiers (I) : les Jobert

Trois membres de la Légion d'honneur nommés Jobert - dont deux recensés par la base Léonore - sont nés entre 1775 et 1781 dans le village de Pressigny, canton de Fayl-Billot. Tous trois sont les enfants de Nicolas Jobert, recteur d'école, et de Jeanne Mulson. Et tous trois seront officiers dans un même régiment : le 21e de ligne.

L’aîné, François, voit le jour le 23 juillet 1775. Il entre en service au 3e bataillon d’Indre-et-Loire, en 1793, puis passe dans la 21e demi-brigade de ligne. Fait prisonnier à Manheim, en l’an IV, puis à Milan, en l’an VII, il est promu sous-lieutenant le 30 mai 1803, puis lieutenant le 16 avril 1804, enfin capitaine le 20 février 1809. Chevalier de la Légion d’honneur depuis le 2 septembre 1809, il passe chef de bataillon le 23 du même mois, puis major en premier (lieutenant-colonel) le 7 septembre 1813, affecté au 69e de ligne. Onze jours plus tard, il est blessé d’un coup de feu au mollet gauche, à Kemnitz, en visitant des avant-postes en Saxe, ainsi que le précise l'historique du 69e. Après la chute de Napoléon, François Jobert est fait chevalier de Saint-Louis le 27 novembre 1814. Après les Cent-Jours auxquels il prend part avec le 69e de ligne, il n’est pas employé, mais reste situé « en activité », toujours comme major du 69e, dans sa commune de Pressigny. La suite de sa carrière, de sa vie ? On le retrouve avec son épouse non loin de son village natal, à Guyonvelle, où il exerce la profession de juge de paix du canton de Laferté-sur-Amance. Il y décède le 13 mai 1833, à l'âge de 58 ans. Parmi ceux qui viennent déclarer son décès : son fils, médecin à Guyonvelle (connu pour ses contributions fournies aux instances médicales) et son frère Jean-Baptiste.

Celui-ci est né à Pressigny le 20 mars 1781. Son dossier de médaillé de Sainte-Hélène précise qu’il est entré en service le 26 septembre 1798. Il n’a donc que 17 ans. Son corps d’affectation : la 21e demi-brigade de ligne. Onze ans plus tard, il est sous-lieutenant, toujours dans le même régiment, et il s’illustre lors de la Campagne d’Autriche. Au point de figurer dans les fameux « Fastes de la gloire », rebaptisés – après une récente réédition – « Dictionnaire des braves de Napoléon ». Son fait d’armes : se mettre à la tête de 40 nageurs, dans la nuit du 29 au 30 juin 1809, traverser le Danube et capturer, avec d’autres éléments, dans une île près de Presbourg, près de 600 hommes (dont un colonel) et deux pièces de canon. Action au cours de laquelle il est blessé à cinq reprises ! C’est à l’issue de cette campagne qu’il est fait membre de la Légion d’honneur le 21 septembre 1809. Selon l’inestimable anthologie « Victoires et conquêtes des Français », qui rapporte également cet exploit, et Martinien, Jobert a encore été blessé à Wagram, le 6 juillet 1809. Sa carrière, toujours selon son dossier MSH, s’arrête le 13 février 1813, à 32 ans, sans doute en raison de ses blessures (à La Moskowa, à nouveau). Il est capitaine pensionné lorsqu’il se retire à Pierrefaites (canton de Laferté-sur-Amance), où il se marie en novembre 1814. Jobert reprend provisoirement du service aux Cent-Jours en se voyant confier le commandement de la 3e compagnie du 2e bataillon de chasseurs de la garde nationale de la Haute-Marne, fin juin 1815. Médaillé de Sainte-Hélène, le capitaine Jobert décède dix ans plus tard, en novembre 1867, à l’âge de 86 ans.

Quant à Etienne-Nicolas, né à Pressigny le 1er mai 1778, ses états de services, complétés par son dossier de membre de la Légion d’honneur, nous ont été révélés par Pierre-G. Jacquot dans une brochure inédite, «La campagne de Russie et les Haut-Marnais ». Voici ce que l’historien de l’Empire en Haute-Marne écrit : « Après s’être engagé comme volontaire au 3e bataillon d’Indre-et-Loire en mai 1793, Nicolas retrouve ses deux frères à la 21e demi-brigade en octobre 1800. Promu sous-lieutenant en juin 1809, il est capitaine en juin 1812 et part en retraite en juillet 1813. Remis en activité pour cinq mois en mars 1814. Blessé à Iéna, à Wagram et le 19 août 1812 à Valoutina. » Etienne-Nicolas était membre de la Légion d’honneur depuis le 14 avril 1807 (comme sergent-major). Lieutenant en mai 1810, officier payeur pendant plusieurs semaines, retraité à compter du 1er juillet 1813, il reprend du service durant les Cent-Jours avec le 21e de ligne et est décoré de l’ordre du Lys par le duc de Berry début août 1814. Il avait effectivement été blessé d’un coup de feu au bras droit à Iéna, de deux coups de feu à l’épaule droite et à la cuisse droite à Wagram, et d’un coup de feu au pied gauche à Valoutina. Qualifié de capitaine aide de camp, il est en non activité à Pressigny, en 1816, puis vit à Dijon lorsqu'il est pensionné par le roi et y meurt célibataire.

Sources principales : état civil de Pressigny, Pierrefaites, Dijon et Guyonvelle ; archives départementales de la Haute-Marne ; base Léonore ; "Victoires et conquêtes des Français" ; historiques des 21e et 69e de ligne ; tableau des officiers d'Empire tués et blessés (Martinien).

Chronologie croisée des carrières des trois fils de Nicolas Jobert, recteur d’école à Pressigny, et de Jeanne Mulson.

1775 : naissance de François à Pressigny (23 juillet).
1778 : naissance d’Etienne-Nicolas à Pressigny (1er mai).
1781 : naissance de Jean-Baptiste à Pressigny (20 mars).
1793 : entrée en service d’Etienne-Nicolas (6 mai) et de François (17 mai) dans le 3e bataillon d’Indre-et-Loire, affecté à l’armée du Nord.
1795 : François caporal (12 mars), capturé à Manheim (22 novembre), jusqu’au 18 janvier 1796.
1796 : la 129e demi-brigade (où a été versé le 3e bataillon d’Indre-et-Loire) passe dans la 21e demi-brigade.
1798 : entrée en service de Jean-Baptiste dans la 21e de ligne (26 septembre) ; François prisonnier au château de Milan (novembre 1798 – juillet 1800).
1800 : François sergent (25 juin) puis sergent-major (28 juin) ; Etienne-Nicolas caporal (8 décembre).
1802 : François adjudant-sous-officier (2 mars) ; Etienne-Nicolas sergent (17 juillet).
1803 : François sous-lieutenant (30 mai), à 28 ans ; Etienne-Nicolas sergent-major (23 juillet).
1804 : François lieutenant (16 avril).
1806 : Etienne-Nicolas blessé d’un coup de feu au bras droit à Iéna (14 octobre).
1807 : Etienne-Nicolas chevalier de la Légion d’honneur (14 avril) comme sergent-major au 21e.
1809 : François capitaine (20 février) ; Etienne-Nicolas sous-lieutenant (7 juin), à 31 ans, blessé de deux coups de feu à l’épaule et à la cuisse droites à Wagram (6 juillet) ; sous-lieutenant au 21e, Jean-Baptiste s’illustre au combat du 29 juin dans une île du Danube près de Presbourg, où il est blessé de cinq coups de feu, puis est blessé à Wagram, enfin fait membre de la Légion d’honneur (21 septembre), à 28 ans.
1810 : Etienne-Nicolas lieutenant (11 mai).
1811 : Etienne-Nicolas officier payeur (17 décembre), jusqu’au 14 janvier 1812.
1812 : François chevalier de la Légion d’honneur (2 septembre), promu chef de bataillon (23 septembre) à 37 ans ; Etienne-Nicolas capitaine (18 juin), blessé à Valoutina (19 août) ; Jean-Baptiste, capitaine, blessé à La Moskowa (7 septembre). Note : les trois frères étaient capitaines au 21e de ligne durant la Campagne de Russie.
1813 : Jean-Baptiste retraité (13 février) ; Etienne-Nicolas, retraité, cesse de servir le 1er juillet ; François major en premier (7 septembre), passé au 69e de ligne, blessé d’un coup de feu au mollet gauche à Kenmitz, en Saxe (18 septembre).
1814 : Jean-Baptiste marié à Pierrefaites, en Haute-Marne ; François chevalier de Saint-Louis (27 novembre) ; Etienne-Nicolas remis en activité au 21e de ligne (7 mars), décoré de l’ordre du Lys par le duc d’Angoulême (2 août).
1815 : Etienne-Nicolas commissionné aide de camp (12 janvier), jusqu’au 3 septembre (il se retirera à Pressigny) ; Jean-Baptiste capitaine de la 3e compagnie du 2e bataillon de chasseurs de la garde nationale de la Haute-Marne, durant les Cent-Jours ; François licencié du 69e de ligne.
1823 : décès d’Etienne-Nicolas à Dijon, en Côte-d’Or (12 août), à 45 ans.
1833 : décès de François à Guyonvelle, en Haute-Marne (15 mai), à 58 ans. Il était juge de paix du canton de Laferté-sur-Amance.
1857 : Jean-Baptiste médaillé de Sainte-Hélène.
1867 : décès de Jean-Baptiste à Pierrefaites (novembre), à 86 ans.

mercredi 28 avril 2010

"Grognards de Haute-Marne" à l'honneur


Notre ouvrage "Grognards de Haute-Marne", paru en juin 2009, vient de faire l'objet d'une présentation dans la publication de la Région Champagne-Ardenne (RCA Mag, n°72, printemps 2010).

L'ouvrage est toujours disponible aux éditions Dominique Guéniot, à Langres.

http://editionsgueniot.over-blog.com/

jeudi 8 avril 2010

Le capitaine Remy Henry : une captivité de six ans

Remy Henry voit le jour à Giey-sur-Aujon, dans le canton d’Arc-en-Barrois, le 7 novembre 1763. Son père, Claude, est blanchisseur dans la commune, effectivement réputée pour sa manufacture de toiles de coton. Mais Remy choisit la carrière militaire. En 1784, il est enrôlé au régiment d’Orléanais, futur 44e régiment d’infanterie. A la Révolution, on le retrouve, à sa création, instructeur au 2e bataillon de volontaires de l’Oise commandé par Langlois. Il est promu lieutenant le 19 ventôse an II (mars 1794), puis capitaine le 9 vendémiaire an III (30 septembre 1794), avant de passer, avec son bataillon, dans la 26e demi-brigade. Il a 31 ans.
Réformé en l’an VI, le capitaine Henry est rappelé au service pour rejoindre la 95e demi-brigade, l’année suivante. Il trouve le temps, en l’an VII, de se marier, dans son village natal, avec Marie-Françoise Humbert, fille d’un marchand.
Avec le 95e de ligne, Henry se bat en Pologne. Il s’y distingue, puisqu’il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 avril 1807, le même jour d’ailleurs qu’un homonyme servant dans le même régiment, le capitaine Henry.
Il semble que le Haut-Marnais passe ensuite dans le 6e régiment provisoire d’infanterie, créé notamment grâce au 95e de ligne, puisqu’il est fait prisonnier le 19 juillet 1808 à Baylen, en Espagne. Or le 95e, affecté au 1er corps du maréchal Victor, ne participe pas à cette bataille, première grande défaite de l’ère napoléonienne.
La captivité du capitaine Henry sera longue : six années. C’est le 26 mai 1814 qu’il peut enfin rentrer en France. Durant les Cent-Jours, qualifié de capitaine retraité, il est désigné capitaine de la 4e compagnie du 8e bataillon de la garde nationale de la Haute-Marne, le 25 juin 1815. En demi-solde, il reste domicilié à Giey, où il meurt le 7 mai 1847, à l’âge de 84 ans.

vendredi 26 mars 2010

Le colonel Horiot, tombé à Wagram

Il est couramment admis que Paul-Marie Horiot a vu le jour le 3 mars 1769 à Provenchères-sur-Meuse, dans le canton de Montigny-le-Roi. Date et lieu de naissancce sont par exemple donnés par l’historien Pierre-G. Jacquot dans sa thèse sur les bataillons de volontaires nationaux haut-marnais. Le fameux sergent Fricasse confirme qu’Horiot était natif de Provenchères. Et dans Les Cahiers haut-marnais, Henry Ronot précise que le nouveau-né est fils de Claude, commis dans les bois seigneuriaux de Provenchères, et de Marguerite Crance.
Toutefois, nous n’avons pas trouvé trace de ce baptême dans les registres paroissiaux de Provenchères. Ni dans ceux de Marcilly-en-Bassigny, où vivait le couple Horiot-Crance jusqu’en 1768 au moins. Ni encore dans ceux de Dammartin-sur-Meuse, dont dépendait le lieu-dit Malroy : car selon son dossier de légionnaire, c’est à Malleroy (sic) que serait né Paul-Marie Horiot… Des pages de registres seraient-elles manquantes ?

Toujours est-il que le jeune homme s’engage, à 25 ans, au régiment d’artillerie d’Auxonne (futur 6e régiment d’artillerie), le corps où servaient le futur général Dommartin et le futur colonel Le Masson du Chesnoy, tous deux originaires de Dommartin-le-Franc. Canonnier, Horiot quitte le service le 15 août 1791, et est élu capitaine au 3e bataillon de volontaires nationaux de la Haute-Marne, le 18 (ou 23) octobre 1792. Il en commande la 2e compagnie.
Avec ce bataillon, le capitaine Horiot se bat dans le Nord de la France, passe dans le 3e bataillon de la 127e demi-brigade, puis dans le 2e bataillon de la 3e.
Selon son colonel, Horiot était un officier « qui a beaucoup de tenue et de conduite, un homme de guerre des plus distingués… Le 13 messidor an II (Note : 1er juillet 1794), à la prise de Mons, il tourna une batterie de deux canons et un obusier dont il s’empara ainsi que de six caissons… A la bataille de Novi, le commandant Horiot servit utilement. » C’est surtout, à partir de 1799, en Ligurie, qu’il se distingue. Promu chef de bataillon le 21 germinal an VIII (11 avril 1800), il reçoit, quatre jours plus tard, un coup de feu à l’omoplate droite le 25 germinal an VIII (15 avril 1800), sur les hauteurs de Savone. Il passe ensuite, le 1er prairial an VIII (21 mai 1800), dans la 97e demi-brigade. Selon le docteur Ronot, Horiot aurait été capturé lors de la chute de Gênes (4 juin 1800).

Il obtient un congé de réforme pour infirmité le 15 brumaire an IX (6 novembre 1800). Temporairement, car Horiot reprend en effet du service et retrouve la 3e de ligne le 21 brumaire an X (11 novembre 1801), remplaçant Lavergne (mort à Gênes), commandant le 1er bataillon.
Rappelons quels sont les officiers haut-marnais de ce régiment, cantonné en l’an XI au camp de Bayonne : le chef de bataillon Horiot, les capitaines L.P. Cirel (Joinville), N. Létang (Saint-Dizier), J.P. Létang (le frère du précédent ?), P.J. Fleury (Saint-Dizier) et J.B. Laignelot (Valleroy), les lieutenants C.L. Matrot (Bourbonne), C. Bogny (Saint-Dizier), J. Cousin (Sarcicourt) et J.B. Ragot (Arc-en-Barrois), les sous-lieutenants J.B. Théveny (de Saucourt-sur-Rognon ?), J.B. Klein (Saint-Dizier), F. Cirel (Joinville) et J. Cordier.

Membre de la Légion d’honneur le 25 prairial an XII (14 juin 1804), il semble se battre en Autriche puisque selon Martinien, le chef de bataillon Horiot, du 3e de ligne, est blessé le 16 novembre 1805 à Hollabrunn. Il aurait même été fait prisonnier à cette occasion. Major du 23e léger le 27 septembre 1806, il se bat à Essling. Colonel de ce régiment (division Durutte de l’armée d’Italie) le 30 mai, il est tué Wagram le 6 juillet 1809, ayant eu la tête emportée par un boulet de canon.