Trois membres de la Légion d'honneur nommés Jobert - dont deux recensés par la base Léonore - sont nés entre 1775 et 1781 dans le village de Pressigny, canton de Fayl-Billot. Tous trois sont les enfants de Nicolas Jobert, recteur d'école, et de Jeanne Mulson. Et tous trois seront officiers dans un même régiment : le 21e de ligne.
L’aîné, François, a vu le jour le 23 juillet 1775. Il correspond peut-être à ce capitaine Jobert (pas de prénom), du 21e, signalé par Martinien comme été blessé le 7 septembre 1812 à La Moskowa. Une certitude : major (lieutenant-colonel), il est blessé le 18 septembre 1813 en visitant des avant-postes en Saxe, ainsi que le précise l'historique du 69e de ligne. Martinien confirme cette blessure, mais situe Jobert dans deux régiments : il est soit encore major du 21e de ligne (ou chef de bataillon, selon le général Bertin, auteur d'un historique de ce régiment), soit déjà major du 69e ! Après la chute de Napoléon, François Jobert sert visiblement sous la Restauration, puisqu’il est fait chevalier de Saint-Louis le 27 novembre 1814. Après les Cent-Jours, il n’est pas employé, mais reste situé « en activité », toujours comme major du 69e, dans sa commune de Pressigny. La suite de sa carrière, de sa vie ? On le retrouve avec son épouse non loin de son village natal, à Guyonvelle, où il exerce la profession de juge de paix du canton de Laferté-sur-Amance. Il y décède le 13 mai 1833, à l'âge de 58 ans. Parmi ceux qui viennent déclarer son décès : son fils, médecin à Guyonvelle (connu pour ses contributions fournies aux instances médicales) et son frère Jean-Baptiste.
Celui-ci est né à Pressigny le 20 mars 1781. Son dossier de médaillé de Sainte-Hélène précise qu’il est entré en service le 26 septembre 1798. Il n’a donc que 17 ans. Son corps d’affectation : la 21e demi-brigade de ligne. Onze ans plus tard, il est sous-lieutenant, toujours dans le même régiment, et il s’illustre lors de la Campagne d’Autriche. Au point de figurer dans les fameux « Fastes de la gloire », rebaptisés – après une récente réédition – « Dictionnaire des braves de Napoléon ». Son fait d’armes : se mettre à la tête de 40 nageurs, dans la nuit du 29 au 30 juin 1809, traverser le Danube et capturer, avec d’autres éléments, dans une île près de Presbourg, près de 600 hommes (dont un colonel) et deux pièces de canon. Action au cours de laquelle il est blessé à cinq reprises ! C’est à l’issue de cette campagne qu’il est fait membre de la Légion d’honneur le 21 septembre 1809. Selon l’inestimable anthologie « Victoires et conquêtes des Français », qui rapporte également cet exploit, et Martinien, Jobert a encore été blessé à Wagram, le 6 juillet 1809. Sa carrière, toujours selon son dossier MSH, s’arrête le 13 février 1813, à 32 ans, sans doute en raison de ses blessures (à La Moskowa, à nouveau). Il est capitaine pensionné lorsqu’il se retire à Pierrefaites (canton de Laferté-sur-Amance), où il se marie en novembre 1814. Jobert reprend provisoirement du service aux Cent-Jours en se voyant confier le commandement de la 3e compagnie du 2e bataillon de chasseurs de la garde nationale de la Haute-Marne, fin juin 1815. Médaillé de Sainte-Hélène, le capitaine Jobert décède dix ans plus tard, en novembre 1867, à l’âge de 86 ans.
Reste le cas d’Etienne-Nicolas, né à Pressigny le 1er mai 1778. Comme Jean-Baptiste (alors retraité), il ne figure pas dans l’état des officiers haut-marnais en activité ou en demi-solde dans le département, fin 1815-début 1816. Mais il s’agit sans nul doute de ce capitaine Nicolas Jobert dont la carrière a été brossée par Pierre-G. Jacquot dans une brochure inédite, «La campagne de Russie et les Haut-Marnais ». Voici ce que l’historien de l’Empire en Haute-Marne écrit : « Après s’être engagé comme volontaire au 3e bataillon d’Indre-et-Loire en mai 1793, Nicolas retrouve ses deux frères à la 21e demi-brigade en octobre 1800. Promu sous-lieutenant en juin 1809, il est capitaine en juin 1812 et part en retraite en juillet 1813. Remis en activité pour cinq mois en mars 1814. Blessé à Iéna, à Wagram et le 19 août 1812 à Valoutina. Il était membre de la Légion d’honneur depuis le 7 juin 1809. Qualifié de capitaine aide de camp, il vit à Dijon lorsqu'il est pensionné par le roi et il meurt célibataire.
Sources principales : état civil de Pressigny, Pierrefaites, Dijon et Guyonvelle ; archives départementales de la Haute-Marne ; "Victoires et conquêtes des Français" ; historiques des 21e et 69e de ligne ; tableau des officiers d'Empire tués et blessés (Martinien).