samedi 30 janvier 2021

Nicolas-Victor Husson (1775-1830), lieutenant français, capitaine napolitain

Lorsque Napoléon devient empereur, Nicolas-Victor Husson n'est pas encore en service. Ou plutôt, il ne l'est plus.

Huit ans, déjà, que cet ancien officier s'est marié à Joinville, avec une demoiselle Larmet. Il s'établira ensuite à Wassy, en qualité de marchand. A la fin du XVIIIe siècle, son épouse lui aura donné trois enfants, tous décédés avant l'âge de 10 jours. Et en 1804, l'homme sera encore domicilié dans la cité sous-préfecture, mais en qualité d'imprimeur. Pourtant, il revêtira à nouveau l'uniforme, puisqu'en février 1815, Nicolas-Victor Husson est qualifié de capitaine, dans un acte d'état civil de la commune de Vignory.

C'est dans ce bourg qu'il a vu le jour, le 2 août 1775. Fils de Louis, procureur fiscal, il est le frère de deux futurs officiers des bataillons de volontaires de la République.

Nicolas-Victor n'a que 17 ans lorsqu'il entre en service volontairement, le 1er août 1792, selon ses états de services, ou plutôt en 1793. Il est élu sous-lieutenant dans la 1ère compagnie du 1er bataillon de réquisition du district de Chaumont. Cette compagnie est commandée par un cousin, le capitaine Nicolas-Sébastien Husson, 20 ans, et son lieutenant n'est autre que son frère, Nicolas-Louis Husson, 23 ans. Victor le remplace comme lieutenant le 20 mai 1793, lorsque ce frère est nommé adjudant-major du bataillon.

Mais le chef de bataillon, Antoine Girardon, se méfie des Husson qui servent dans son unité. Le 26 novembre 1793, le Chaumontais les fait conduire sur Strasbourg pour y être emprisonnés. Il leur reproche leur «aristocratisme», leur «incivisme». Tous trois seront acquittés, mais Victor rentre dans ses foyers, avec un congé, le 27 décembre 1793. Il n'a que 18 ans, mais ne sert déjà plus...

Revenu en Haute-Marne, il se marie en septembre 1796, à Joinville, avec Marie-Joseph Larmet, en présence du lieutenant Charles Guénard. Seule mention d'une activité particulière dans les années qui suivent : en 1801, toujours marchand à Wassy, Victor Husson est qualifié de «chargé en chef de la police des prisonniers» de guerre dans la cité.

A peine l'Empire est-il proclamé que le lieutenant Husson reprend du service. Il est affecté à l'état-major de la place de Strasbourg (commandée par le vieux général de Montigny, 73 ans), le 28 décembre 1804.

Lorsque Joseph Bonaparte monte sur le trône de Naples, l'officier haut-marnais passe au service de ce royaume et est incorporé, le 9 juillet 1806, au 1er bataillon d'infanterie légère. Il s'agit plutôt du 1er régiment d'infanterie légère napolitain, créé par décret du 16 février 1806, organisé par le colonel Vincenzo Pignatelli-Strongoli puis le colonel André Pignatelli. Avec ce corps, où serviront également le lieutenant-colonel Delfico et le commandant de La Nougarède, Husson est blessé en Calabre, en juin 1807, puis est nommé capitaine le 5 juillet suivant.

Commandé par le colonel Boy, le 1er léger napolitain participe ensuite à la campagne du Tyrol, au sein de la division Vial. Selon Aristide Martinien, c'est le 6 octobre 1809 que le capitaine Husson est de nouveau blessé. «Estropié d'un coup de feu», il reçoit le commandement de place des îles Tremiti, le 13 avril 1811. Il restera en poste jusqu'à sa démission du service napolitain le 25 mai 1814.

Victor Husson revient à Vignory et ne retrouve pas de service actif, ni sous la Restauration, ni durant les Cent-Jours. Capitaine adjudant de place, il est placé en demi-solde. Il va alors réclamer la retraite. Par un courrier daté du 2 mai 1817, celui qui justifie de près de seize ans de services, sept campagnes, deux blessures, se qualifie d'«infortuné militaire (…), sans appui, sans fortune». Il obtiendra cette retraite, avec le grade de capitaine français.

Au moment d'achever le manuscrit de notre ouvrage «Officiers haut-marnais de Napoléon» (Collection A la Une/Ippac), nous ignorions le lieu de décès (que nous supposions hors de Haute-Marne) du capitaine Husson. En fait, il n'habitait pas loin de son bourg natal, à Bologne, et décède au domicile de Jean-François Vaillant, teinturier, à l'âge de 55 ans, le 21 mai 1830. Sa veuve décède à Wassy en 1853.