samedi 26 septembre 2009

Le général Chaudron-Rousseau, l'Espagne et le caniche

Le 5 mars 1811, non loin de Cadix, en Andalousie, s’achevait, sur le champ de bataille de Chiclana, à 35 ans, la courte vie de Pierre-Guillaume Chaudron-Rousseau. Un général à la carrière encore prometteuse, mais pourtant riche, en dépit de son jeune âge. Une carrière fulgurante, aujourd’hui méconnue, sans aucun doute rendue possible par sa qualité de fils d’un conventionnel influent et redouté, Guillaume Chaudron-Rousseau.
C’est dans la cité thermale de Bourbonne-les-Bains que naît, le 15 novembre 1775, Pierre-Guillaume, fils de Guillaume Chaudron, alors qualifié de greffier délégué, et de Catherine Rousseau, le père accolant au sien le patronyme de son épouse pour forger le nom de Chaudron-Rousseau.
Procureur-syndic du district de Bourbonne, Guillaume Chaudron est élu député à la Législative puis à la Convention, votant la mort du roi Louis XVI. C’est en mars 1793 qu’il est envoyé dans le Sud-Ouest comme représentant du peuple. La Haute-Garonne, les Pyrénées-Orientales, l’Ariège, l’Aude se rappelleront longtemps de la « fougue » révolutionnaire de cet homme né en 1752.
Le même mois au cours duquel son père est envoyé en mission dans le Sud-Ouest, Pierre-Guillaume embrasse la carrière militaire : il devient élève commissaire des guerres (le 10 mars 1793), puis employé dans les bureaux de la guerre jusqu’au 11 juillet, avant d’être promu, à moins de 18 ans, lieutenant dans le 1er bataillon de la légion des Montagnes, unité d’infanterie légère créée par décret du 9 février 1793. Y servait le futur général et pair de France Dessolles. Cette formation se bat dans les Pyrénées.
Le Haut-Marnais y reste peu de temps, puisque le 7 août 1793, il passe adjoint aux adjudants-généraux, puis capitaine titulaire dans la légion des Montagnes le 4 brumaire an II (25 octobre 1793), avant de rejoindre, le 13 nivôse an II (2 janvier 1794), comme lieutenant, le 24e régiment de chasseurs à cheval, corps issu des Chasseurs volontaires de Bayonne et d’où sera issu le futur général Castex.
Le jeune officier prend part, au sein de l’armée des Pyrénées-Orientales du général Dugommier (le héros de Toulon), au siège de Collioure (3-26 mai 1794) et à celui du fort Saint-Elme. Toujours fulgurante, sa carrière lui permet d’être promu adjudant-général chef de brigade le 13 juin 1795 (25 prairial an III). Le voilà donc colonel à 19 ans et demi.
Nous avons cherché dans les annales de l’armée française : nous n’avons pas trouvé, parmi les roturiers, trace d’un autre homme promu si jeune à ce grade dans l’Histoire contemporaine !
Affecté à la 3e division de l’armée des Pyrénées-Occidentales, il révèle sa valeur le 4 thermidor an III (22 juillet 1795) : dans « Les Fastes de la Légion d’honneur », on note que le Haut-Marnais se distingue lors du passage de l’Ebre, à Miranda, au sein de l’armée des Pyrénées-Occidentales commandée par le général Moncey. « Il rallia une brigade que l’ennemi, supérieur en nombre, avait mis en déroute, et rejeta la colonne espagnole au-delà de l’Ebre ». L’on cite sa « présence d’esprit », son « intrépidité » dans cette action. Le même jour, intervient la paix de Bâle, qui signifie la fin des combats sur ce front.
Après la frontière espagnole, Chaudron-Rousseau est dirigé sur l’armée des Côtes-de-l’Océan, commandée par le général Hoche. Le Haut-Marnais y dirige une colonne mobile : selon certaines sources, il y combat à la tête de 4 000 hommes les troupes de Stofflet. Nous n’avons toutefois pas trouvé trace de sa participation à ces opérations.
A la suppression de cette armée, il est réformé, en septembre 1796. A 21 ans, ce colonel est sans emploi…
Il rentre en Haute-Marne.
Il reprend du service le 9 prairial an VII (28 mai 1799), chargé par le ministère de la Guerre de conduire des conscrits haut-marnais vers l’armée du Danube. Il s’agit sans nul doute de ces hommes qui seront versés dans la 109e demi-brigade.
Le 5 juillet, il obtient un emploi de chef de bataillon à la suite d’une demi-brigade. Apparemment, sa rétrogradation hiérarchique profiterait à l’ancien conventionnel Milhaud, futur général de cavalerie d’Empire (et libérateur de Saint-Dizier), qui a siégé dans la même assemblée que Guillaume Chaudron-Rousseau. Rien de bien dramatique pour le jeune officier : bien que sans emploi durant plus de deux ans, il n’a que 24 ans…
En 1800, le 14 mars, Pierre-Guillaume est réintégré dans son grade d’adjudant-général. Il rejoint l’armée d’Italie le 12 avril, servant successivement en Cisalpine (1801), en Batavie (1802), au camp de Nimègue (1803), dans l’armée du Hanovre (1803-1805).
Officier de la Légion d’honneur le 15 juin 1804, il est l’année suivante, comme adjudant-commandant, chef d’état-major de la 1ère division du Ier corps du maréchal Bernadotte. Division commandée par le général Rivaud, auquel il était lié puisqu’il a représenté le parrain du fils de ce général lors de son baptême.
Passé à la 2e division (Lapisse), Chaudron-Rousseau prend part à la campagne d’Autriche. Avant Austerlitz, il se distingue lors de l’affaire de Nordlingen, le 21 vendémiaire an XIV (13 octobre 1805), dans le cadre de la poursuite des troupes autrichiennes sous les ordres du maréchal Murat.
Ce jour-là, racontent les « Fastes de la Légion d’honneur », « à la tête d’un détachement de dragons, il força 1 000 Autrichiens à poser les armes, s’empara de quatre pièces de canon ». Etonnant qu’un chef d’état-major de fantassins se soit mis à la tête de dragons, même si ceux-ci ont la particularité de pouvoir également combattre à pied…
Avec sa division, le Haut-Marnais se bat encore en Prusse, en Pologne, avant de passer en Espagne en 1808. C’est là, le 22 novembre de la même année, qu’il est enfin nommé général de brigade, treize ans après sa promotion au grade précédent : mais à 33 ans, ce n’est pas si mal…
Le Ier corps est désormais aux ordres du maréchal Victor, qui a vu le jour non loin de Bourbonne (à Lamarche). Le 27 juillet 1809, premier jour de la bataille de Talavera de la Reina, Chaudron-Rousseau a enfin l’occasion de rendre illustre son nom.
Face au futur duc de Wellington, la division Lapisse se dirige sur Casa de Salinas, contre une position tenue – selon les sources – par 4 ou 6 000 ennemis et quatre pièces.
Voici ce que dit le rapport du Ier corps, cité par Thiers : « Le général Chaudron-Rousseau, qui dirigeait le 16e régiment, profitant habilement d’un terrain moins garni d’arbres, ordonna à son régiment de charger l’ennemi à la baïonnette, ce qu’il avec toute la bravoure qui le distingue. Bientôt l’ennemi fut mis en plus déroute… » Cette charge à la baïonnette du 16e léger du chef de bataillon Gheneser (2e division Lapisse) est depuis restée fameuse.
Le lendemain est funeste. La décision n’est pas emportée, Lapisse est mortellement blessé. Dans son rapport, le chef d’état-major du Ier corps (10 août 1809) loue toutefois les « bonnes dispositions » de Laplane et Chaudron-Rousseau.
Un temps gouverneur de la place d’Astorga (province de Léon), Chaudron-Rousseau est toujours brigadier, dans la 2e division du Ier corps intégré dans l’armée du Midi, lorsque sa trace réapparaît en mars 1811, à l’occasion de la bataille de Chiclana. Il s’agit d’un rude et glorieux combat mené entre le corps de Victor et les troupes anglaises (débarquées pour débloquer Cadix assiégée) et espagnoles, le 5 mars.
Selon Lapène - un ancien officier auteur de plusieurs relations de la guerre d’Espagne -, le Haut-Marnais commande alors deux bataillons dits de grenadiers réunis – à l’instar des fameux grenadiers d’Oudinot -, composés de soldats issus des compagnies d’élite du Ier corps. A Chiclana, Chaudron-Rousseau se bat à l’extrême-gauche du dispositif français, sous les ordres du général normand François-Amable Ruffin.
Faisant toujours preuve d’intrépidité (dixit Lapène, « Conquête de l’Andalousie »), Chaudron-Rousseau tombe alors, mortellement blessé, au plus fort de la mêlée – seul l’auteur Félix Wouters précisera, en 1847, que le général a été frappé au milieu de la poitrine par un boulet…
Ainsi meurt un « officier du plus grand mérite », selon la presse française de l’époque. Toujours selon Lapène, cette disparition aura pour conséquence d’entraîner la retraite de ses troupes.
Les Anglais – qui appelleront cette bataille Barossa – crient victoire. Ils ont pris un Aigle (celui du 8e de ligne, dont le colonel, Autié, a été tué). A noter que durant cette bataille, le sous-lieutenant Paul Priant (1er lanciers), 41 ans, d’Eurville, s’est distingué en capturant 400 soldats britanniques, que le chirurgien-major Nicolas Vanderbach (9e léger), d’Autreville-sur-la-Renne, et le lieutenant Ursin Demongeot (94e de ligne), de Saint-Urbain, ont été blessés.
Si le nom de Rousseau (en fait Chaudron-Rousseau) s’est rendu célèbre en Grande-Bretagne, c’est en raison d’une anecdote extraordinaire couramment reprise par les historiens britanniques des guerres de la péninsule – Wellington lui-même la cite. Nous vous la livrons :

« Après la bataille de Barossa, les blessés des deux nations ont été, faute de moyens de transport, laissés sur le champ de bataille pendant toute la nuit et une partie de la journée suivante. Le général Rousseau était du nombre ; son chien, du genre caniche blanc, qui avait été laissé durant l'avance des forces françaises, voyant que le général ne rentrait pas avec ceux qui ont échappé à la bataille, se mit à sa recherche ; il le trouva à la nuit, et exprima son affliction par des gémissements et en léchant les mains et les pieds de son maître mourant. Lorsque l’instant fatal eut lieu, quelques heures après, l’animal semblait tout à fait conscient du terrible changement, s'attacha étroitement au corps, et pendant trois jours refusa la nourriture qui lui était offerte. (Le général inhumé), fidèle à sa tombe honorable, le chien se coucha sur la terre qui recouvrait les vestiges bien-aimés, et fit preuve par le silence et son chagrin profond de l’abattement (que lui causait cette perte). Le commandant anglais, le général Graham, (a pu enfin faire quitter l’animal), maintenant plus résistant, de l'endroit, et lui donna sa protection, qu'il a continué à lui prodiguer jusqu'à sa mort, plusieurs années après, à la résidence du général, dans le Perthshire ».
A noter qu’une seule relation britannique penche pour le général Ruffin comme étant le propriétaire du chien, mais cette version nous paraît peu plausible, Ruffin, effectivement mortellement blessé à Chiclana, étant mort sur un bateau qui l’emmenait en captivité, et non sur le champ de bataille.
Le nom du général Chaudron-Rousseau ne figure pas sur l’Arc de Triomphe, mais sur les tablettes de bronze du château de Versailles. En revanche, il a été donné à un fort de la ceinture langroise.

mardi 22 septembre 2009

Ils étaient trois capitaines...

Ils étaient trois capitaines. Tous trois nés dans la même ville (Langres), sensiblement du même âge, et servant dans le corps prestigieux de l’artillerie de la Garde impériale. Des officiers distingués, dont deux sont issus de l’école polytechnique, et tous embarqués dans l’aventureuse Campagne de Russie.

L’aîné, François Aubert, voit le jour le 24 avril 1778, fils de Jean-Baptiste, avocat, et d’une demoiselle Maillard. Polytechnicien, élève sous-lieutenant à l’école de Metz (19 février 1804), il sert dans l’artillerie à pied de la ligne et se distingue lors du siège de Dantzig, en 1807, année où il est promu capitaine et fait membre de la Légion d’honneur (le 10 mai). En 1808, il passe dans l’artillerie à pied de la Garde, avant d’être blessé à Wagram (1809). Au moment de la Campagne de Russie, il est capitaine-commandant de la 2e compagnie du 4e bataillon. Il est blessé à La Moskowa, promu officier dans l’ordre de la Légion d’honneur (le 23 septembre), chevalier d’Empire en 1813 puis baron, est nommé chef de bataillon dans la Jeune Garde le 27 mars 1813, avant d’être blessé à Bautzen et à Dresde. Durant les Cent-Jours, il est chef d’état-major de l’artillerie à pied de la Garde, corps dont il prend le commandement juste avant la chute de Napoléon. Sous la Restauration, il est inspecteur salpêtre à Paris. Frère du maire de Langres, il se retire dans le domaine de La Motte, commune d’Anrosey, où il meurt le 17 août 1855.

Claude-Etienne Lavilette, né en 1779, membre de la promotion de l’école polytechnique de l’an IX, devient aide de camp du général Lariboisière. Il se fait connaître en 1806 en rédigeant un « Mémoire sur une reconnaissance d’une partie du cours du Danube ». Lieutenant à l’état-major de l’artillerie de la Garde (22 novembre 1807), il est fait membre de la Légion d’honneur en mars 1807 – quoique non recensé par la base Léonore. Capitaine le 13 février 1809, il commande en second, en Russie, la compagnie des ouvriers pontonniers de l’artillerie de la Garde. Titulaire de l’ordre de la Couronne de fer en Italie et de l’ordre du Mérite militaire de Bavière, il est mortellement blessé le 16 novembre 1812 à Krasnoe. Cet officier semble distinct du capitaine du 8e régiment d’artillerie à pied blessé à La Moskowa et cité par Martinien.

Louis-Edouard Maillard de Liscourt est mieux connu, grâce notamment à la notice biographique que lui a consacré Germain Sarrut (« biographie des hommes du jour »). Fils d’officier (et sans doute apparenté au major Aubert), il naît à Langres le 12 janvier 1778. Après des études dans sa famille, puis au collège Louis-le-Grand qu’il rejoint en 1786, il intègre l’école militaire de Pont-à-Mousson, dissoute en 1793. Conscrit de l’an VII, il ne rejoint pas la 22e ou la 101e demi-brigades d’infanterie de ligne, mais le 6e régiment d’artillerie à pied, comme canonnier, le 1er décembre 1798. Au sein de ce corps, il passe successivement fourrier (1801), sergent (1802), sergent-major (1803), enfin lieutenant en second (22 novembre 1804). Au camp de Boulogne puis à la Grande Armée, il remplit les fonctions d’aide de camp du général d’artillerie Faultrier. Passé dans l’artillerie à cheval de la Garde le 1er mai 1806, promu lieutenant en premier le 21 août 1808, le Langrois sert en Espagne, se battant à Burgos, écopant de deux coups de feu à l’attaque de Madrid, le 4 décembre suivant. On le retrouve à Wagram, à Znaïm : à l’issue de la Campagne d’Autriche, il est fait chevalier de la Légion d’honneur (9 juillet 1809) puis promu capitaine en second (17 juillet). Passé dans l’artillerie à pied de la Garde, Maillard prend part à la campagne de Russie, au sein de la 1ère compagnie du 2e bataillon, participant aux batailles ou affaires de Smolensk, La Moskowa (il est blessé à deux reprises), Krasnoe, passant capitaine en premier le 1er octobre 1812. Durant la Campagne de Saxe (Bautzen, Dresde, Leipzig, Hanau), il est fait officier de la Légion d’honneur le 14 septembre 1813 puis nommé major (lieutenant-colonel) à l’état-major de l’artillerie le 28 décembre. Il a 35 ans.
Jusqu’à présent, Maillard de Liscourt n’a pas beaucoup fait parler de lui. C’est durant la Campagne de France qu’il fait son entrée dans l’Histoire, en qualité de commandant, depuis fin janvier 1814, de l’artillerie réunie au Champ-de-Mars, à Paris, à l’occasion d’un épisode passé sous silence par Sarrut mais évoqué par Châteaubriand (« Mémoires d’Outre-Tombe ») et de nombreux historiens. La question posée : le Langrois a-t-il ou non refusé de faire sauter la poudrière de Grenelle, et l’ordre lui en a-t-il été donné ?
Voici la lettre écrite par l’officier durant la Première Restauration au Journal des débats : « J'étais occupé, dans la soirée de l'attaque de Paris, à rassembler (au Champ-de-Mars) les chevaux nécessaires pour l'évacuation de l'artillerie ; je partageais ce soin avec les officiers de la direction générale. A neuf heures du soir environ, un colonel à cheval arrive près de la grille de Saint-Dominique où j'étais alors, et demande à parler au directeur de l'artillerie. Je me présente : Monsieur, me dit-il, le magasin à poudre de Grenelle est-il évacué ? Non, lui répondis-je ; il ne peut même pas l'être, nous n'avons pour cela ni assez de temps, ni assez de chevaux. - Eh bien, il faut le faire sauter sur-le-champ. A ces mots, je pâlis, je me trouble, sans penser que je n'avais pas à m'inquiéter d'un ordre qui ne m'était point donné par écrit, et qui m'était transmis par un officier que je ne connaissais pas. - Hésiteriez-vous, monsieur ? me dit-il. Après un moment de réflexion, je revins à moi, et, craignant qu'il ne transmît à d'autres le même ordre, je lui répondis avec un air calme que j'allais m'en occuper ; il disparut. Maître de ce secret affreux, je ne le confiai à personne. Je ne fis point fermer les portes du magasin de Grenelle, comme on l'a dit ; je laissai continuer l'évacuation commencée dans la journée. J'ajouterai, maintenant, que cet ordre ne peut m'être venu des bureaux de l'artillerie, dont tous les officiers me sont connus ; que je savais déjà que le ministre de la Guerre et le général chef de division de l'artillerie avaient quitté Paris depuis plusieurs heures, et que tous les officiers d'artillerie de la direction générale étaient réunis au Champ-de-Mars, où ils s'occupaient de l'évacuation ordonnée. »
Ce 30 mars 1814, la poudrière de Grenelle n’a donc pas sauté. Elle contenait, selon « Le Conservateur impartial », 240 quintaux de poudre, cinq millions de cartouches, 25 000 charges de canon et 3 000 obus, et quantité de matériaux pour des feux d’artifice. Selon ce journal, en cas d'explosion (cela s'était produit sous la Révolution), « la plus grande partie de la capitale aurait été ensevelie sous ses ruines ».
Evidemment, les royalistes s’en sont donné à cœur joie pour attribuer à Napoléon lui-même la paternité de ce fameux ordre, porté par le général Gérardin, aide de camp. Si l’officier de cavalerie Hippolyte d’Espinchal, qui a connu Maillard et son épouse (une demoiselle de Caze qui figurait dans l’entourage de l’impératrice Joséphine) dans l’Hérault, sous la Restauration, pense que le Langrois a sauvé Paris, nombre de contemporains et d’historiens mettent en doute à la fois la marque impériale, et le rôle de l’artilleur, parfois qualifié d’ « arriviste ».
Durant la Première Restauration, Maillard de Liscourt appartient à la commission chargée de remettre aux Alliés les places fortes de Hollande – il est fait chevalier de Saint-Louis et membre de l’ordre de Sainte-Anne, par l’empereur de Russie Alexandre, à la suite de l’épisode de Grenelle - et, comme d’autres compatriotes (le colonel Denys, le chef de bataillon de Nettancourt), rejoint le roi Louis XIII en fuite à Gand. Au retour des Bourbon, il occupe divers postes de direction d’artillerie (à Sète, à Nantes, à Bordeaux…), prend part à la campagne d’Espagne à l’issue de laquelle il est promu colonel, et retraité en 1830. Il meurt à Paris le 5 décembre 1851 (selon Sylvie Nicolas : « Les derniers maîtres des requêtes de l’Ancien Régime »).