mardi 4 août 2015

Le chef de bataillon Robert, héros de Valoutina

Nous sommes en juin 1809. Moins d'un mois avant la bataille de Wagram. Le 14, le capitaine Mathieu-Roch Robert, 32 ans, capitaine au 12e régiment d'infanterie de ligne, membre de la Légion d'honneur (depuis le 14 brumaire an XIII), se présente devant l'officier d'état civil de la commune de Bourbonne-les-Bains. Il va convoler en justes noces. La promise n'est pas Haut-Marnaise d'origine. Jeanne-Baptiste Henriat (ou Henryat) a vu le jour à Porrentruy, en Alsace, il y a 22 ans. Mais sa mère, veuve d'un colonel chevalier de Saint-Louis, réside en Haute-Marne. Emettons une hypothèse crédible : le capitaine Robert l'a rencontrée au cours d'un séjour aux eaux de Bourbonne. Né le 16 août 1777 au Puy, cet ancien volontaire du 1er bataillon de la Haute-Loire en 1792, officier depuis l'an X, a en effet été blessé, comme lieutenant, à Iéna. Capitaine depuis le 6 mai 1807, il se marie donc en Haute-Marne, devant notamment Jean-Alexis Louvrier, capitaine retiré à Serqueux, dans le canton de Bourbonne, et Mouchet, autre membre de la Légion d'honneur, chirurgien à l'hôpital local. C'est donc dans cette région que le foyer Robert reste établi. En 1813, un fils décède dans la cité thermale, à l'âge de 3 ans. L'Auvergnat est alors chef de bataillon. Depuis le 18 juin 1812. Et il a particulièrement souffert en Russie. L'on précise que le 19 août 1812, à la journée de Valoutina, «il enfonce la ligne ennemie au début de l'action avec son bataillon, il est blessé dans l'action, et dans l'obscurité, d'un coup de feu à la poitrine, et frappé de 22 coups de lance. Il a également son cheval tué sous lui, et eut le bras cassé dans sa chute. Il est laissé pour mort mais sera évacué...» Robert n'est pas le seul Haut-Marnais de naissance ou d'adoption touché durant la bataille avec le 12e de ligne : le capitaine Henry Guérinot, 23 ans, de Langres, est tué, le sous-lieutenant Jean Dauvé, de Leffonds, est blessé. Quant au capitaine Louis-Edouard de Beaufort, 26 ans, de Frampas, il est promu chef de bataillon le lendemain.
Les fantassins français au combat en Russie. Promu major (lieutenant-colonel) le 28 décembre 1813, Robert ne restera pas longtemps à Bourbonne. En 1817, il est situé au Puy, sa ville natale. Et décède le 14 décembre 1847.