samedi 23 avril 2011

Louis Veron de Farincourt, le Langrois dont le destin préoccupa Wellington

Fils de Jean-Baptiste-Charles Veron de Farincourt, lieutenant-colonel, jusqu’en 1792, au régiment de Guyenne (21e régiment d’infanterie), et de Claude-Elisabeth André de la Gresle, Louis-Marie Veron de Farincourt naît à Langres le 5 février 1786. Il entre dans la carrière des armes comme vélite dans les chasseurs à pied de la Garde, le 25 juin 1804. Dans cette qualité, il prend part à la Campagne d’Autriche, obtient l’épaulette de sous-lieutenant le 15 mars 1806, et est affecté au 2e régiment d’infanterie légère. Veron se bat en Prusse puis en Pologne. Durant cette campagne, il est blessé à deux reprises lors du fameux siège de Dantzig (1807). Promu lieutenant la même année (le 1er juillet), il participe bientôt aux opérations dans la péninsule ibérique. Ainsi, en 1809, il se bat au Portugal : détaché à Chaves avec une compagnie, nous dit l’illustre biographe Michaud, le Langrois défend un couvent transformé en hôpital, soutenant pendant plusieurs jours une lutte « désespérée » contre 3 000 ( !) Portugais. Combat à la suite duquel Veron est fait prisonnier. L’officier serait resté à jamais anonyme si un général britannique au nom bientôt illustre ne s’était préoccupé de son sort : un certain Wellesley, que le monde entier apprendra à connaître sous le nom de Wellington ! C’est sur l’intervention d’un capitaine nommé Thévenon que Wellington informe, le 20 octobre 1809, Veron de Farincourt de son souhait qu’il retrouve l’armée française en échange d’un officier anglais renvoyé, de son côté, par le général Kellermann. En l’occurrence, le lieutenant Cameron, du 79th regiment (composé d’Ecossais). Là où l’affaire se complique, c’est que le Haut-Marnais est, à Lisbonne, aux mains d’un Portugais, Silveyra, sur lequel les Britanniques semblent avoir peu d’influence. L’imbroglio est tel que Veron ne rentrera en France qu’en 1810. Promu capitaine le 23 janvier 1811, il passe, quelques mois plus tard, lieutenant en premier au 1er régiment de chasseurs à pied de la Garde. Il n’a que 27 ans lorsqu’il est promu chef de bataillon au 155e régiment d’infanterie de ligne, le 7 mars 1813, se distinguant à Dresde et à Bautzen.
Membre de la Légion d’honneur, Veron de Farincourt est lieutenant-colonel du Roy quelques jours après Waterloo (27 juin 1815), servant dans le 6e régiment de la Garde royale que commande d’ailleurs un compatriote, le colonel Etienne Martin de Beurnonville (de Laferté-sur-Aube). Colonel à son tour le 27 juin 1819, à 33 ans, le Langrois conduit en Espagne le 34e régiment d’infanterie de ligne, qui se bat notamment à Trocadero. Selon le rapport du général Bordesoulle, le Haut-Marnais se distingue durant ses opérations, de même que le capitaine de voltigeurs Barbette – qui paraît correspondre au Chaumontais Alexandre Barbette. Un des officiers du 34e, le lieutenant Etienne-François Questel, de Pierrefaites, trouve la mort durant la campagne.
Promu maréchal de camp (1839), époux, depuis 1816, de la veuve du fameux général de cavalerie Montbrun (tué à La Moskowa), le baron Louis-Marie Veron de Farincourt décède à Paris le 2 février 1847. Le journaliste haut-marnais Carnandet dira qu’il avait refusé de servir le gouvernement de 1830. Veron était notamment le beau-frère du Langrois Jean-Christophe Delecey de Changey, émigré blessé à Quiberon durant la Révolution, puis officier de la garde nationale de Langres en 1814.