vendredi 27 janvier 2012

Un colonel d'Empire : Jean-Claude-Simon Regnault

Le colonel Regnault. (Photo DR). Jean-Claude-Simon Regnault aura fait preuve de patience. Vingt-huit ans se sont en effet écoulés entre son entrée en service, sous l'Ancien régime, et sa promotion au grade de colonel. C'est à Chatoillenot, dans le canton de Prauthoy, qu'il voit le jour le 28 octobre 1763. Il est le fils de Pierre-Simon Regnault, président du grenier à sel de Montsaugeon, et de son épouse née Poullain. Sa marraine n'est autre que l'épouse de Petitjean, procureur en la cour royale à Langres, et lui-même sera le beau-frère d'Alexandre-François Marque de Lanty, conseiller du roi. L'enfant a beau être né roturier, il baigne donc dans un environnement familial plutôt aisé.

Il a 21 ans lorsqu'il devient commis aux aides, avant d'intégrer le régiment de Hainaut en 1788. Comme nombre d'hommes de sa génération, sa carrière est « boostée » par la Révolution : dès 1792, il est propulsé capitaine adjudant-major d'un bataillon de volontaires nationaux, non pas de son département natal, mais de celui du Var (le 8e, dit de grenadiers). Avec cette unité, il passe dans la 60e demi-brigade, puis dans la 12e, où il retrouve ses compatriotes issus du bataillon de réquisition de Chaumont. En 1797, il est promu, à 34 ans, chef de bataillon par Bonaparte en Italie (20 ventôse an V), après le passage du Tagliamento, et placé à la tête du 3e de la 12e.

Fait prisonnier le 20 juin 1799 au sein de l'armée de Naples, Regnault passe chef de bataillon au 92e régiment d'infanterie de ligne (4 mars 1805), Membre de la Légion d'honneur (26 prairial an XII), il sert en Autriche (Austerlitz), puis est promu major du 62e régiment d'infanterie de ligne (27 octobre 1808), se battant à Wagram et à Naples (1809-1811), puis en Espagne de 1812 à 1813.

Colonel du 62e régiment d'infanterie de ligne (12 juillet 1812), régiment qui se bat aux Arapiles, à Vitoria, à Saint-Sébastien – il ne paraît pas être le colonel qui défend la ville de Navarrenx durant l'hiver 1813-1814 -, chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d'honneur (août 1814), il commande le 62e devenu 58e sous la Restauration (1er septembre 1814) jusqu’au 1er juin 1815. Durant les Cent-Jours, son régiment ayant repris les traditions du 62e sert sous les ordres du général Clavel dans le Nord-Est de la France. Le chef de corps est assisté des chefs de bataillon Bourgeois et Célestin-Joseph Blot, 26 ans – mais selon Frédéric Berjaud, le 62e est plutôt passé le 1er juin sous les ordres du colonel Ricard.

Mis en non activité (26 juin 1815), retraité en 1816, le colonel Regnault meurt à Langres le 21 novembre 1823.

lundi 23 janvier 2012

Les frères Descharmes

Le baron de L'Horme, auteur de notes généalogiques fort appréciées des chasseurs d'ancêtres haut-marnais, signale, dans le dossier consacré à la famille Descharmes, l'existence d'un officier portant ce patronyme (pas de prénom indiqué), mort en Russie, à Polock (sic) en 1812, fils d'Augustin, aubergiste et maire de Longeau (arrondissement de Langres).
Le fameux tableau des officiers tués et blessés durant l'Empire établi par Martinien ne confirme pas cette information. Il s'agit bien, toutefois, de Toussaint Descharmes, né le 6 juin 1786 à Foulain (arrondissement de Chaumont), effectivement fils d'Augustin, bourgeois et maître de forges à Rochevilliers (écart du village de Crenay, aujourd'hui commune de Foulain), et de Claudine Richardot (ils se sont mariés à Longeau en 1784), petit-fils de Toussaint, «seigneur en partie de Marnay ». Le jeune homme intègre comme élève l'école spéciale militaire de Fontainebleau et rejoint, à sa sortie, le 6e régiment d'infanterie de ligne, comme sous-lieutenant, le 23 septembre 1806, à l'âge de 20 ans.
Lieutenant le 6 août 1809, Descharmes passe au 60e régiment d'infanterie de ligne le 8 février 1811. Puis, selon Christophe Pénichon, il devient officier adjoint (capitaine) à l'état-major de la Grande Armée, le 7 avril 1812, et décède le 30 août 1812 à Polotsk.
Un autre document, communiqué par Jérôme Croyet, apporte d'autres précisions. Le capitaine Descharmes serait mort en fait le 28 octobre 1812 à Witepsk (sic) "des suites de ses blessures reçues à Ostrowno. Relevé par les Russes, il avait été transporté au couvent et collège des Jésuites de Witpesk  dont le RP provincial Richardot se trouvait être son oncle maternel, et où il repose".
Toussaint Descharmes correspond donc au capitaine d'état-major Descharmes, commandant de place à Bechenkovitch, en Russie, capturé, frappé à coups de sabre et de pique, dépouillé et emmené à Vitebsk, et dont on ignore ensuite le sort.


Il avait un frère, Victor-Emelie Descharmes, né à Foulain le 17 décembre 1794. Il intègre l'école de cavalerie de Saint-Germain le 26 novembre 1812 et est promu sous-lieutenant le 17 décembre 1813 pour servir au 2e régiment d'éclaireurs de la Garde. L'anthologie «Victoires et conquêtes » le cite parmi les défenseurs de la place de Soissons, en 1814. Blessé à Waterloo, Descharmes poursuivra sa carrière sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, parvenant au grade de capitaine en 1838. En 1850, un décret du président de la République autorisera cet officier retraité du 1er régiment de lanciers, domicilié à Marseille, à servir la régence de Tunis. Demeurant à Juilly (Seine-et-Marne), mort en 1864, il était, selon le baron de l'Horme, le cousin de Toussaint, garde du corps du roi (compagnie de Noailles). Son fils sera général (né à Caen).