mardi 15 février 2011

Le brave colonel Martin




Le musée municipal de Saint-Dizier nous avait aimablement autorisé à reproduire le portrait du futur colonel de cuirassiers Jean-Baptiste-Isidore Martin, pour illustrer la couverture de notre ouvrage « Grognards de Haute-Marne ». Il s’agit d’un tableau fortement inspiré d’une œuvre picturale réalisée en 1805 par Casanova, élève de l’illustre David (lequel l’aurait lui-même retouchée).
La carrière du baron Martin a été évoquée en détails par son arrière-petit-fils, Edouard Joppé, dans deux articles parus en 1908 dans le carnet de « La Sabretache ». Ils nous serviront de fil conducteur pour ce récit, que nous compléterons pas des informations recueillies par ailleurs.

«Le sept aoust 1772, par nous sousigné (sic) curé, a été baptisé Jean Baptiste Isidore né d’hier du légitime mariage de Me Joseph François Martin, lieutenant particulier des eaux et forêts de cette ville et de dame Marie Mélanie Bouland. Le parein (sic) le sieur Jean Baptiste Bouland, ayeul de l’enfant représenté par le sieur Nicolas Bouland, son fils, oncle maternel de l’enfant, la mareine (sic), dame Marie Jeanne Martin, tante paternelle de l’enfant, épouse de M. Claude Joseph Antoine du Rupt, garde du roy, qui ont signé avec nous.»
C’est en ces termes que le prêtre de l’église Notre-Dame de Saint-Dizier rédige l’acte de baptême de l’enfant. Edouard Joppé nous dira que le père (mort en 1780) était avocat en parlement, conseiller du roi, et qu’il a été lui-même militaire puisque cornette aux dragons d’Antichamp.

A la fin des années 1780, la planète connaît de profonds bouleversements. Les Etats-Unis d’Amérique obtiennent par les armes leur indépendance, les Belges se révoltent. Jean-Baptiste-Isidore Martin, alors élève au collège de Châlons-sur-Marne (aujourd’hui Châlons-en-Champagne), veut voler à leur secours. Le 5 mai 1789, avec un autre collégien, son cousin germain Boulland, 15 ans et demi (François, né le 2 juillet 1773 à Saint-Dizier, paroisse de La Noue, fils de Nicolas et de Jeanne-Agathe Boulland), il quitte clandestinement l’établissement pour se rendre, via Sainte-Menehould, jusqu’à Metz, où tous deux s’enrôlent au régiment de Dragons-Dauphin du colonel de Choiseul-Daillecourt (un noble champenois, de l’illustre famille dont le berceau se trouve dans le futur village haut-marnais de Choiseul). Un engagement qui n’est pas du goût de la veuve Martin et du sieur Boulland, qui se portent sur Metz : ils obtiennent au moins le rachat du congé du jeune François, mais non celui de Martin, qui a 16 ans révolus.
A l’été 1789, le royaume de France entre à son tour dans une période de tourmente. En août, le régiment est dirigé sur l’Artois puis la Normandie. Durant cette période, si l’on en croit Joppé, le Bragard a dû être blessé en duel puisqu’il « garda toute sa vie la cicatrice d’un coup de pointe sur la pommette droite ».

La famille Martin obtient enfin le congé du jeune homme, en janvier 1790. De retour dans sa ville natale, Isidore y fait partie de la garde nationale montée. Mais au passage du régiment Mestre-de-Camp-cavalerie, qui deviendra 24e puis 23e régiment de cavalerie, Isidore s’enrôle, le 21 février 1791. Il n’est d’ailleurs pas le seul Bragard à intégrer cette unité.
« Boulland, mon cousin germain, Briquet aîné, François Roussel, Navet cadet dit La Noue, Piat, Bourgeois, Léger, s’engagèrent en même temps que moi ». De son côté, son frère cadet, Pierre-Nicolas-Victor Martin (né le 15 juillet 1775 à Saint-Dizier, paroisse Notre-Dame, filleul de Nicolas Boulland), contracte un engagement dans les hussards des Ardennes.
A noter que le 23e régiment accueille également Antoine-Sébastien Lamoureux (en novembre 1791), né à Rozières (près de Sommevoire) en 1775, Claude-Charles Remy (en brumaire an II), né à Saint-Jean (Marne) en 1769, Charles Rougeot, de Brabant-le-Roi (Meuse)…

Rapidement sous-officier (le 2 août 1792), Jean-Baptiste-Isidore Martin est même proposé pour le grade de sous-lieutenant dès le 27 février 1793 par le général Chazot… Mais il devra patienter pour obtenir l’épaulette.
Cette année-là est marquée par un drame dans sa vie : son frère Victor, également sous-officier à l’armée du Nord, reçoit une balle dans le bas-ventre au bord de la Sambre, près de Jeumont, et expire le 14 novembre 1793, « entre les bras de son frère aîné, qui assiste impuissant à son agonie ».

Le 24 février 1794, Isidore, maréchal des logis-chef (depuis le 1er avril 1793), se distingue dans les Ardennes, au point de susciter l’admiration de la Société populaire de Mouzon : avec huit cavaliers, le Bragard s’en vient affronter 25 cavaliers et 30 fantassins. « Martin se bat contre trois, en tue deux quoique son cheval ait reçu deux coups de carabine. Il tombe enfin criblé de coups et environné de douze Autrichiens. Mais plutôt que de se rendre, il se roule du haut d’un monticule dans un bois où il reçoit encore quelques coups de carabine ».Cet acte héroïque vaudra au Bragard d’être fait sous-lieutenant (à titre provisoire) par un représentant du peuple, mais ses graves blessures le tiendront longtemps éloigné du service. Durant sa convalescence, Martin est reçu à bras ouverts, le 24 mars 1794, par la Société populaire de Saint-Dizier.

Ce n’est qu’en janvier 1795 qu’il retrouve enfin son régiment. « En raison de son instruction, il est alors attaché au service de l’état-major, et assiste ainsi au siège de Luxembourg ». Puis, le 25 août 1796, il est promu adjudant.
En 1796, il prend part, au sein de la brigade Palmarolle, aux opérations des armées de Sambre-et-Meuse et du Rhin. Le 1er août 1798, soit cinq ans après avoir été proposé une première fois à ce grade, il est enfin nommé sous-lieutenant. Brevet signé Treilhard, président du Directoire exécutif…

Dans le Nord de l’Europe, il rencontre Marie-Thérèse-Mathilde von Baerlle (ou plutôt Van Baerle), née à Strachen (sic) en Prusse le 5 février 1766, et l’épouse en Gueldre, le 4 décembre 1798. A noter cette curieuse – car plutôt rare - mention marginale sur l’acte de baptême de Martin : «Marié avec Marie Thérèse Van Baer (très certainement en Prusse) ».
Officier apprécié et respecté - il apprendra que le général Mortier, ancien chef de corps du 23e de cavalerie, souhaitait faire de lui son aide de camp – Jean-Baptiste-Isidore est, le 8 pluviôse an VIII, promu lieutenant, par la grâce du conseil du corps des officiers de son régiment. « Cet officier est fort estimé dans le corps », dit le rapport du ministre aux consuls.
Sous le Consulat, Martin prend part aux opérations du général Moreau (le 23e de cavalerie est attaché à la division Montrichard, le Bragard servant par ailleurs à l’état-major).
Après Hohenlinden, le 13 décembre 1800, dans la plaine de Phalsbourg - vers Goltz, dit Joppé -, Martin, accourant au secours du chef de brigade Noirot, reçoit deux coups de sabre (« dont il ne fut blessé que légèrement »).
Le 16 décembre 1801, il passe adjudant-major. A noter qu’en l’an XI, sont recensés, parmi les officiers du 23e de cavalerie (alors caserné à Paris et Saint-Germain-en-Laye) du chef de brigade Noirot, l’adjudant-major Martin, les sous-lieutenants Boulland et Rougeot, tous cousins (ou futurs cousins).
Puis, grâce à l’intermédiaire du général Mortier et du chef de brigade Noirot, Martin obtient de passer le 13 août 1802 comme lieutenant en premier au prestigieux régiment des chasseurs à cheval de la Garde consulaire.

Promu capitaine adjudant-major le 3 février 1804, fait membre de la Légion d’honneur le 15 juin, il se bat à Austerlitz, où meurt le colonel meusien de Morlant – dont le frère, lui-même chef d’escadron, vit à Ceffonds. Il est aussi à Iéna (1806), à Eylau (1807) : « Entre deux charges, en face des carrés russes, Martin tendait sa gourde à son chef et voisin, le général Dahlmann, lorsque celui-ci tomba atteint d’un biscaïen… Ce fut Martin qui, sur sa demande, rapporta son cœur à sa veuve», écrira Joppé. Après cette bataille, le Bragard est promu le 16 février 1807 chef d’escadron – rang de major dans la ligne, soit lieutenant-colonel – puis assiste à la bataille de Friedland, où il ne charge pas.

Pour Martin, l’année 1808 est marquée par un premier séjour en Espagne, le bénéfice d’une dotation de 2 000 F de rente sur le Mont-Napoléon, son entrée dans la noblesse impériale (il est fait chevalier le 8 septembre) et son élévation au grade d’officier de la Légion d’honneur (17 novembre). Pour l’anecdote, il sera à nouveau fait chevalier d’Empire le 15 mars 1810…
En 1809, il sert en Autriche.
En 1810 et 1810, il est de nouveau en Espagne, sous les ordres du général Dorsenne, commandant les éléments de la Garde impériale dans la péninsule. Martin opère dans les provinces de Léon et de Vieille-Castille – il a notamment sous ses ordres les fameux Mameluks. Il a l’occasion de se distinguer le 25 mars 1811, face aux troupes espagnoles du général Abadia, dont l’avant-garde « seule essaya de se défendre sur les hauteurs de San Martin de Torrès ; quelques escadrons de hussards galiciens mirent même beaucoup d’opiniâtreté à se maintenir dans cette position contre l’infanterie ; mais le chef d’escadron Martin, à la tête de quelques pelotons de chasseurs à cheval et de chevau-légers polonais de la Garde, ayant chargé avec impétuosité sur cette cavalerie ennemie, la sabra, la mit en déroute, et poursuivit les fuyards jusque au-delà de Palciros ». Ainsi ce fait d’armes est-il relaté dans la fameuse anthologie « Victoires et conquêtes ».
C’est alors qu’il apprend qu’à la date du 6 août 1811, c’est-à-dire le jour de ses 39 ans, il a été promu colonel du 6e régiment de cuirassiers. Un corps qui, coïncidence, a notamment accueilli, quelques années auparavant, des éléments de son ancien régiment, le 23e de cavalerie, à la dissolution de celui-ci.

Fin décembre 1811, Martin rejoint donc le dépôt du régiment, à Ath, et le 24 juin 1812, il passe le Niémen, à la tête de plus de 900 hommes, son régiment composant la 1ère brigade Raynaud de la 5e division de cuirassiers du général Valence, Ier corps de cavalerie du général Nansouty.
Parmi les cadres du 6e cuirs, figurent notamment un officier supérieur haut-marnais, le chef d’escadron Jean-Nicolas Habert (de Nijon), le lieutenant Eugène Payart, cousin de Martin, le capitaine Lamoureux (de Rozières), ancien du 23e de cavalerie, ou encore le maréchal des logis-chef Etienne Forgeot, d’Occey (près de Prauthoy).
Le 7 septembre 1812, c’est le grand choc entre la Grande Armée et les Russes à La Moskowa. Le 6e cuirs y perd « 22 cuirassiers tués et 28 blessés, dont deux officiers. » Trois jours plus tard, Martin écrit à sa femme que son cousin Rougeot, tout comme lui, « est aussi en bonne santé ». En revanche, son propre cousin germain, Lavocat, chef d’escadron au 9e chasseurs à cheval, a trouvé la mort lors de cette sanglante bataille. Fils de Louis et de Catherine Drone, Louis-Bruno Lavocat, né à Saint-Dizier le 24 mai 1771 (paroisse Notre-Dame), était capitaine au 9e chasseurs depuis l’an XI et avait été blessé lors de la bataille de La Piave en 1809… Charles Rougeot, né à Brabant (Meuse) en 1773, ancien sous-lieutenant au 23e de cavalerie, servait, comme Martin, dans les chasseurs à cheval de la Garde depuis septembre 1803. Blessé à Austerlitz, il était capitaine depuis le 20 août 1809 dans ce corps, et c’est la même année qu’il s’est marié à Saint-Dizier avec la fille du négociant Nicolas Boulland, devenant ainsi cousin de Martin – Rougeot, futur major de chasseurs à cheval de la ligne, mourra le 6 avril 1857 dans la cité bragarde.

Quelques jours après La Moskowa, Napoléon fait Martin baron d’Empire. Lequel perdra ces lettres patentes lors de la retraite, et en recevra de nouvelles le 3 septembre 1813, libellées depuis Dresde…
Après l’entrée dans Moscou, Martin poussera même « jusqu’à 25 lieues par-delà » cette ville, puis ce sera la retraite. Il se bat le 18 octobre 1812 à Winkowo, où est blessé de sept coups de lance (et capturé) le capitaine haut-marnais Lamoureux, puis le 21 novembre, où ses cuirassiers affrontent « 7 à 800 cosaques », près de Tolotschin.
A la constitution de l’Escadron sacré, composé d’officiers (du général au sous-lieutenant) encore montés, Martin y obtient une place de lieutenant. Son cousin Payart y sert également – François-Eugène Payart, né à Saint-Dizier le 8 juillet 1785, fils de Jacques, officier de gendarmerie, et d’Anne Boulland, sera blessé à Leipzig et à Waterloo. Membre de la Légion d’honneur, il meurt prématurément, capitaine retraité, le 19 décembre 1821, dans le quartier de La Noue…
C’est le 11 décembre 1812 que Martin et les débris de son régiment repassent le Niémen.

En 1813, c’est une nouvelle campagne, en Saxe. Son régiment, recomplété, compte encore près de 400 hommes en août 1813. Martin se bat à Wachau (octobre) et en décembre, lorsque le 6e cuirs parvient sur le Rhin, il ne dispose plus que d’un effectif de sept officiers et 66 hommes ! Ils formeront un escadron du 3e régiment provisoire de cuirassiers qui prendra part à la Campagne de France.

De son côté, le colonel Martin, qui affirmera au lieutenant Adolphe Joppé (père d’Edouard, né en 1821 à Châlons-sur-Marne, futur colonel) que sur la route de Metz et Bar-le-Duc à Saint-Dizier, il a exécuté un « coup de prime » sur le jeune Blücher, partira en mission dans les départements de l’Aisne, de la Somme et du Nord, puis amènera du grand dépôt de Versailles à la défense de Paris une petite compagnie et quelques Polonais.
Après la chute de Napoléon, Martin, resté à la tête de son régiment reconstitué, est fait chevalier de Saint-Louis le 1er novembre 1814.

Durant les Cent-Jours, le 6e cuirs, qui ne compte que 267 hommes au 19 mai 1815, est affecté à la 14e division de cavalerie Delort du 4e corps de cavalerie. Nous ne reviendrons pas sur les opérations de cette grande unité, renvoyant le lecteur aux deux articles fort documentés signés par Philippe Arnould dans la revue « Tradition magazine ».
Le 16 juin 1815, le régiment, qui a pour major Jacques-Frédéric Duvernoy (un Haut-Saônois de 49 ans), pour chefs d’escadron Philippe-Pierre Kehl (40 ans) et l’Aubois Pierre Barthélémy (42 ans, ancien du 3e hussards), charge à Ligny. « Déjà proposé en 1813 par Latour-Maubourg, Martin reçoit le lendemain la promesse du grade de général à la première occasion ».
Le 18 juin, c’est Waterloo. Vers 7 h du soir, « il ramenait pour la onzième fois ses cuirassiers à la charge quand son bras droit fut brisé par un biscaien qui, en même temps lui fracassa une côte. Tiré de la mêlée par un de ses adjudants nommé Desrues (Note : Jean-Baptiste-Philémon, né en 1783 dans l’Eure, adjudant depuis janvier 1814, membre de la Légion d’honneur), il est emmené aussitôt à Philippeville. Le lendemain, à califourchon sur une chaise, il y subit la désarticulation de l’épaule ».Pour le baron Martin, c’est la fin de la carrière militaire. Il est mis à la retraite le 1er septembre 1815 et se retire à Saint-Dizier, sa ville natale.
Certes, en 1823, on le proposera pour le grade honoraire de maréchal de camp, mais cette requête ne rencontrera pas d’écho positif.

Une nouvelle vie s’ouvre : celle d’homme politique.
D’abord adjoint au maire de Saint-Dizier, il est maire de la cité de 1830 à 1847. Par ailleurs, de 1831 à 1848, il est membre du Conseil général de la Haute-Marne.
Durant ces mandats, Martin fait preuve de sa grandeur d’âme. Il obtient ainsi, en 1834, auprès du roi Louis-Philippe et de son épouse Adélaïde, qu’une somme de 320 F soit versée à un sourd-muet, le jeune Huard, pour qu’il soit admis à l’Institution réservée à ces enfants souffrant de tels handicaps.
Un homme très attaché à Louis-Philippe. Le 14 novembre 1832, le conseil municipal de Saint-Dizier, apprenant un attentat dont a été victime le roi, adresse une lettre de fidélité au « monarque qui règne avec tant de sagesse » sur le royaume de France.
Et un homme encore attaché au souvenir de l’épopée impériale : le colonel en retraite figure parmi les souscripteurs du monument à ériger, à Bar-le-Duc, en mémoire du maréchal Oudinot, tout comme son cousin Rougeot, ou les chefs d’escadron bragards Allizé et Leblan.
Le 29 novembre 1852, il a 80 ans lorsqu’il co-signe l’acte de naissance de son arrière-petit-fils, le futur général Maurice Joppé, frère d’Edouard.
Un peu moins d’un mois plus tard, à la veille de Noël, le colonel Martin rend son dernier souffle, à 9 h, faubourg de La Noue. Il était toujours membre du conseil municipal bragard. En mention marginale, figurent curieusement ces lignes : « Un tableau le représente en tenue militaire, coiffure des chasseurs à cheval, sabre à la main, dolman recouvrant l’épaule gauche, visage barré d’une épaisse moustache. »
Dix ans plus tard, le 3 août 1862, succombe, à 96 ans, cinq mois et cinq jours, sa veuve, domiciliée Rue Grande du faubourg de La Noue (aujourd’hui avenue de la République). Décédée donc à trois jours du 90e anniversaire de son défunt époux.
Le baron Martin sera inhumé au cimetière de La Noue.

Il était le père d’Eugène-Jean-Baptiste Martin, officier de cavalerie né à Paris le 24 juin 1805. Promu lieutenant en second en 1831, il a servi au 9e de cuirassiers. Coïncidence : un des capitaines en second de ce régiment, Félix Boulland, né en 1796 à Germersheim, était un de ses cousins, puisque le fils de l’adjudant-général chef de brigade Edme-Joseph Boulland (oncle maternel d’Isidore). Eugène Martin s’est marié en 1838 avec Louise-Honorine Duchesne à Bettancourt-la-Ferrée, puis, ayant quitté la carrière militaire, il sera domicilié en 1852 au lieu-dit La Vacquerie, commune de Bettancourt, où il exercera une activité d’élevage de vaches et taureaux, et mourra à Saint-Dizier le 12 avril 1897, à presque 92 ans, alors qualifié de propriétaire dans la rue des Ecuyers.
Et le père de Thérèse-Mélanie, née le 4 vendémiaire an VIII à Saint-Dizier, qui, sous l’Empire, était élève de la maison de la Légion d’honneur à Ecouen - ses souvenirs seront publiés en 1924 par son petit-fils. Epouse (en 1822, à Saint-Dizier) d’Antoine-Paul Guillemin, de Baudrecourt, elle meurt en 1891. Remarquons donc si le baron Martin est mort octogénaire, sa veuve et deux enfants ont dépassé le cap des 90 ans !

Quant à l’arrière-petit-fils du colonel, son biographe, Edouard, né à Neuilly-sur-Seine en 1851, il était le fils du lieutenant Adolphe Joppé et de Julie-Mélanie Guillemin. Président de chambre honoraire à la cour de Douai, il est mort en 1939. Pendant la guerre de 1870, il a servi comme sous-lieutenant à l’état-major de son père, alors colonel des mobiles de l’Aveyron.