mardi 5 février 2013

Deux généraux autrichiens... nés en Haute-Marne

Non, le général autrichien Ferdinand, Pierre de Fresnel n'a pas vu le jour en 1762, à Curel en Picardie, comme l'écrit par erreur, dès 1857, l'historien autrichien Jaromir Hirtenfeld. Il est bien né dans un village nommé Curel, mais celui-ci se situe en Haute-Marne (canton de Chevillon), et non pas en 1762, mais le 15 août 1761 (huit ans jour pour jour avant Napoléon), comme en témoigne son acte de naissance. Le fils de Nicolas, François de Hennequin, comte de Fresnel, Curel et autres lieux, baron du Saint-Empire, et de Marie-Charlotte du Coin, est donc un citoyen haut-marnais lorsqu'il entre, en 1793, au service des ennemis de la Révolution. Selon Hirtenfeld, lui qui servait au Royal-Saxe parmi les émigrés devient cinq ans plus tard colonel du 13e dragons autrichien, est promu au grade de general-major à 28 ans, se bat à Hohenlinden (1800), et commande une brigade en 1805 (il semble être fait prisonnier lors de cette campagne). Le Haut-Marnais se bat ensuite à Wagram, à la tête d'une division du Ier corps, et reçoit même, après la blessure du général de Wrède, le commandement de l'armée austro-bavaroise défaite à Hanau (1813). Le feld-maréchal-lieutenant Fresnel, commandant la 2e division du IIIe corps (Giulay) de l'armée de Bohême, se battra encore en France l'année suivante, luttant même dans son département natal... à Laferté-sur-Aube, fin février. Il décède le 25 février 1831 à Lemberg (aujourd'hui Lviv en Ukraine). Fresnel n'est pas le seul Haut-Marnais à servir l'Autriche. C'est le cas également d'Auguste, François, Marcel de Ségur-Cabanac, né le 12 janvier 1771 à Leschères (aujourd'hui Leschères-sur-le-Blaiseron), près de Joinville, fils de Nicolas, comte de Ségur-Cabanac, seigneur de Leschères et Arnoncourt, chevalier de Saint-Louis, capitaine de grenadiers du roi, et de Louise d'Allonville. Ségur-Cabanac, parent de plusieurs futurs dignitaires de l'Empire français, intègre à 9 ans l'école de Brienne, où il côtoie un certain Napoléon Bonaparte. Militaire au service de Louis XVI, il émigre en 1791. Lui dont trois parents meurent pour le roi (son beau-frère Dampierre, tombé lors de la fuite du souverain à Varennes, ses oncles d'Allonville, l'un tué le 10 août 1792, l'autre en 1793) sert dans les gardes du corps du comte d'Artois, participe à la défense de Maastricht, aux combats près de Valenciennes, avant de rejoindre comme cadet le régiment d'infanterie du Prince de Ligne. Capitaine, il est aide de camp de ce prince jusqu'à sa démission en 1802. On le retrouve major, sept ans plus tard, commandant un bataillon de la Landwehr, prenant part à la bataille de Wagram. Domicilié à Wischau, en Moravie, il reçoit en 1813, de la part de Napoléon (gendre de l'empereur d'Autriche), des lettres patentes l'autorisant à devenir sujet autrichien. Conservant toutefois la nationalité française, Ségur-Cabanac poursuivra sa carrière, devenant general-major, conseiller intime et préfet de la chambre de l'empereur d'Autriche, à son décès à Vienne en 1847. Le Haut-Marnais est à l'origine d'une branche autrichienne dont un représentant a commandé récemment les troupes autrichiennes en Afghanistan. A noter que le general-major de Ségur-Cabanac était l'oncle d'un officier des armées napoléoniennes, le chef de bataillon Louis-Edouard de Beaufort, futur député et président du Conseil général de la Haute-Marne, blessé en Russie dans les rangs du 12e de ligne.