dimanche 27 novembre 2011

Le commandant Popon, fils du gardien de Pichegru

Parisien de naissance, Jean-Mathurin Popon a passé plus de la moitié de sa vie en Haute-Marne. Il a d'abord vécu à Nogent, s'est marié à Chaumont, et s'est retiré à Meuvy (canton de Clefmont), où il est mort à l'âge de 77 ans.

Popon était, dira la préfecture, le fils d'une « victime de la cruauté du tyran usurpateur lors de la catastrophe (sic) du général Pichegru ». Père de Jean-Mathurin, né le 6 février 1781 (paroisse Saint-Eustache), Sébastien Popon, marié avec Jeanne-Geneviève Martin, était en fait le porte-clefs de la tour du Temple, où le général républicain était emprisonné, et il est mort le 17 vendémiaire an XIII (5 octobre 1804), dans des circonstances que nous ignorons.

Entre-temps, son fils a embrassé la carrière militaire. En l'an IX, il a rejoint volontairement la 27e demi-brigade d'infanterie légère (que commandera le colonel franc-comtois Charnotet). Sept ans plus tard, il est officier, promu sous-lieutenant au 25e léger le 3 juin 1807, après avoir été blessé d'un coup de mitraille à Lübeck. Lieutenant de carabiniers le 21 novembre 1808, Popon est de nouveau blessé à Essling. Quelques semaines plus tard, le 4 juillet 1809, il passe capitaine, en qualité d'aide de camp du général jurassien Jarry (brigadier dans la division Tharreau du 2e corps du général Oudinot). Le lendemain, c'est Wagram, et le Parisien est touché une troisième fois...

En 1810 et 1811, Popon sert dans la péninsule ibérique. Il se distingue près de Pampelune, ce qui lui vaut d'être cité dans le rapport de son général en chef et d'être proposé pour la Légion d'honneur. Décoration qu'il obtient le 29 septembre 1810 – Jarry, auquel il est toujours attaché, commande alors une brigade du 9e corps.

Popon combat encore en Russie (1812), conserve toujours sa fonction d'aide de camp du général Jarry (brigadier dans la 32e division du 7e corps), lorsqu'il est promu chef de bataillon adjoint, le 12 juin 1813, à 31 ans. Un mois plus tard, il hérite du commandement du quartier général du 7e corps du maréchal Oudinot.

La Campagne de Saxe lui donne de nouveau l'occasion de se distinguer. A Dennewitz (sans doute lors de l'affaire du 6 septembre 1813), à la tête de 6 à 800 hommes, Popon sauve le parc d'artillerie de son corps, « traversant » à la baïonnette une colonne russe de 1 500 soldats qui l'attendait dans un défilé. Après la bataille de Leipzig, à Torgau, il commande un corps de 800 grenadiers et voltigeurs.

A la Restauration, Popon vit à Nogent(-en-Bassigny). Selon la préfecture, il s'est rallié à Napoléon durant les Cent-Jours, mais il n'aurait pas pris part à la bataille de Waterloo. Toujours chef de bataillon, il se marie à Chaumont, le 24 juin 1818, avec la fille de l'ancien magistrat Simon-Joseph Brocard.

Il se fixe ensuite à Meuvy, où il recevra la médaille de Sainte-Hélène. Domicilié rue Anselme, veuf, il décède le 26 mars 1858. Un chef d'escadron d'artillerie, Edme-Louis Forgeot, son beau-fils (né à Chaumont, domicilié à Meuvy, il se retirera à Cohons), déclare son décès.

Sources : état civil des communes de Chaumont et de Meuvy ; état des officiers en demi-solde (Archives départementales de la Haute-Marne) ; dossier de légionnaire (base Léonore).