mardi 9 décembre 2008

Léon Quilliard, mort à Waterloo



C'est un document fort intéressant que vient de nous communiquer M. Martin Quilliard.

Il représente son parent Léon Quilliard, officier du génie. La légende de ce document précise que Quilliard était lieutenant-colonel, chef d'état-major du général Drouet d'Erlon (commandant le 1er corps), et qu'il a été tué à Waterloo après avoir donné son cheval à son général. Une histoire de l'école polytechnique précise en effet que Léon Quilliard est présumé mort à Waterloo, Martinien se contentant d'indiquer que l'officier a été blessé durant la bataille.

Léon Quilliard est né à Aubepierre (canton d'Arc-en-Barrois), le 12 novembre 1781. Fils d'un maître de forges, il est polytechnicien de la promotion 1801, et sort de l'école deux ans plus tard pour rejoindre le corps - bientôt impérial - du génie. Lieutenant en second (1er vendémiaire an XII), lieutenant en premier (31 mars 1806) dans la 8e compagnie du 2e bataillon de sapeurs, il est capitaine, selon l'almanach impérial de 1813, et correspond sans doute à ce chef de bataillon Guillard (sic), commandant le génie du centre de l'armée Soult... que dirige le Rémois Drouet d'Erlon. C'est toujours avec le grade de chef de bataillon que ce sapeur, membre de la Légion d'honneur (même si la base Léonore ne le mentionne pas - le ruban rouge apparaît pourtant sur son uniforme), sert dans l'état-major du 1er corps durant les Cent-Jours, et qu'il finit à 33 ans une belle et prometteuse carrière.

Toute précision sur la carrière de ce brave et sur les circonstances de sa mort serait la bienvenue...

jeudi 4 décembre 2008

Le lieutenant Jacques Geoffroy et la 101e de ligne

Aux environs du 25 brumaire an VIII (16 novembre 1799), soit quelques jours après le coup d’Etat du général Napoléon Bonaparte, 1 765 jeunes Haut-Marnais sont sur le départ. Ils resteront dans l’histoire militaire française parmi les premiers conscrits institués par la loi Delbrel-Jourdan – d’autres les ont déjà précédés en l’an VII, pour rejoindre la 22e et la 109e demi-brigades d’infanterie de ligne.

Ceux-là appartiennent au 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne, dont la mise sur pied fait suite à une loi prise sous le Directoire le 10 messidor an VII, et qui doit gagner l’armée du Rhin.

Nous savons peu de choses sur les conditions de formation de cette unité, si ce n’est que le département a notamment passé commande, pour les armer, de 1 600 fusils. Qui dirige ce corps ? Y a-t-il même un chef de bataillon ? Mystère. A priori, l’encadrement du bataillon paraît même incomplet. Seule une douzaine d’officiers ont été identifiés pour dix compagnies, là où il devrait y en avoir une trentaine.

Certains d’entre eux ont quelque expérience, puisqu’ayant déjà servi dans les bataillons de volontaires nationaux. C’est le cas du jeune capitaine Louis-Nicolas Perrot, un Bourmontais de 27 ans, du capitaine Gilles-Jérôme Ruelle, Chaumontais de 31 ans, et du lieutenant Antoine Palasson. A l’exception du capitaine Joseph-Ferdinand de Susleau de Malroy (rebaptisé Desusleau), des sous-lieutenants Hubert-Jean-Baptiste Devaux (un Chaumontais de 28 ans) et Claude-Florent Flocard (né en région parisienne en 1776), tous les autres officiers nous sont inconnus : il s’agit des capitaines Heno et Corbron, du lieutenant Dupont, des sous-lieutenants Champagne, Tairet et Jean Grommaire.

Effectif incomplet parmi les officiers, et surtout beaucoup d’absents dans les compagnies au moment du départ. La moitié de la 3e compagnie ne s’est pas présentée, la 6e déplore déjà 52 manquants… Autant dire que l’effectif de 1 765 hommes reste très, très théorique…

Parmi ces conscrits, Jacques Geoffroy. Comme la majorité des fusiliers et grenadiers, il est né en 1777. Le 26 mai, exactement, dans le village de Maizières-lès-Joinville, aujourd’hui canton de Chevillon, arrondissement de Wassy. Il n’est pas le seul de ce village, d’ailleurs : Claude Plique figure également sur le contrôle d’effectifs.

Fils de Jean et de Marie-Anne Perrot, Jacques Geoffroy (1) est affecté dans la compagnie de grenadiers du capitaine Ruelle, qui regroupe 176 hommes. Difficile de dire si ce fils de charpentier rêvait un jour de carrière militaire. Pourtant, et c’est une des sources d’intérêt supplémentaires d’un bataillon jamais étudié jusqu’alors, ils seront plusieurs dizaines, comme lui, à gravir les échelons de la hiérarchie, jusqu’à atteindre, à l’exemple de François Chameroy, le grade de lieutenant-colonel quatorze ans plus tard… Mais pour l’heure, Geoffroy, Chameroy et leurs camarades marchent vers le Rhin.

En majorité, ils sont versés dans la 101e demi-brigade d’infanterie de ligne, mise sur pied un an plus tôt à Strasbourg avec des éléments des 20e et 38e demi-brigades d’infanterie légère et de la 80e de ligne.

Ce n’est toutefois pas le cas des officiers. Dans un état des cadres du 101e de ligne dressé en août 1800 (et consultable sur le site Internet de Richard Darnault), deux Haut-Marnais seulement sont identifiés : Perrot, situé comme lieutenant (encore passera-t-il rapidement dans la 25e légère), et un chirurgien de 29 ans originaire d’Autreville-sur-la-Renne, Claude-Edme Vanderbach. Celui-ci ne faisait d’ailleurs pas partie du 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne. En service depuis 1792, il était en poste dans un hôpital en Alsace lorsqu’il a rejoint, le 28 ventôse an VII (mars 1799), la 101e, comme chirurgien de 3e classe.

La 101e ne reste pas longtemps au sein de l’armée du Rhin, avec laquelle elle a participé à la défense de la forteresse d’Auenheim, puis à celle de la redoute de Kehl, avant que le 1er bataillon ne se batte à Stockach (mai 1800) sous les ordres du général Lecourbe.

Le gros de la demi-brigade a rejoint, lui, l’armée de réserve sous le commandement direct du Premier consul, qui va prendre part à la campagne d’Italie. Ce sont trois bataillons (soit 1 390 hommes) de la 101e, commandée par le chef de brigade Cardenneau, qui vont lutter dans le village de Marengo, le 14 juin 1800, au sein de la division Gardanne du corps Victor.

Devenue 101e régiment d’infanterie de ligne, l’unité va rester en bloc dans la péninsule italienne jusqu’en 1811.

Nombre de conscrits haut-marnais vont y décéder. Parmi ceux morts dans les hôpitaux sous le Consulat, nous avons ainsi relevé les noms de :
. François Aubertin, sergent, de Chaumont, III/101e, mort le 6 frimaire an IX à Bergame ;
. Jacques Bernard, de Vaillant, du dépôt du 101e, mort le 29 thermidor an IX à Dijon ;
. Claude Bouvier, de Saint-Dizier, III/101e, mort le 4 germinal IX ;
. Pierre Bruseaux, du II/101e, mort le 26 frimaire an IX à Treviglio ;
. Charles Chappuy, de Laferté, III/101e, blessé, mort le 10 ventôse an XI (février 1803) à Mantoue ;
. Pierre Clercy, de Blancheville, II/101e, mort le 4 vendémiaire an XI à Bologne ;
. Nicolas Demange, de Chevillon, II/101e, mort le 29 ventôse an XI à Bologne ;
. Charles Forret, de Perthes, I/101e, mort le 28 pluviôse an XI ;
. Pierre Fromont, né en 1777 à Châteauvillain, III/101e, mort le 16 ventôse an XI à Bologne ;
. Claude Laurent, de Laferté-sur-Amance, III/101e, mort le 23 ventôse an XI à Ferrare ;
. Joseph Lefevre, caporal, de Morionvilliers, mort le 14 nivose an XI à Bologne ;
. Edme Maillet, tambour de Saint-Dizier, II/101e, mort le 18 germinal an XII à San Benedetto ;
. Nicolas Mignard, de Chalancey, II/101e, mort le 1er vendémiaire an XI à Brescia ;
. François Sanrey, III/101e, mort le 2 frimaire an XI à Ferrare ;
. Didier Thevenot, de Bugnières, IV/101e, mort le 28 germinal an XI à Ferrare ; etc.

1805. L’Empire a été proclamé. Déjà, des conscrits de l’an VIII ont pris du galon. Dans un état des officiers en retraite en Haute-Marne, dressé en 1806, figurent trois hommes ayant servi au 101e : le lieutenant Pierre Vouriot, de Clinchamp, le sous-lieutenant Hyacinthe Senault, de Prez-sous-Lafauche (ancien sergent-major au bataillon auxiliaire) et le sous-lieutenant Palasson, de Cirfontaines-en-Azois. La même liste mentionne cette situation pour le capitaine Desusleau, qui n’a alors que 34 ans et qui était passé au 12e léger. Quant à Jacques Geoffroy, il a été nommé caporal à la date du 27 janvier 1804.

Précisons-le dès maintenant : le 101e ne sert pas dans la Grande Armée. Il n’est donc ni à Austerlitz, ni à Iéna, ni à Eylau et à Friedland. En garnison à Brescia, il se bat le 30 octobre 1805 à Caldiero (toujours au sein de la division Gardanne de l’armée d’Italie), puis prend part au siège de Gaëte. Selon le site de Richard Darnault, il est alors toujours commandé par le colonel Cardeneau, avec Châteauvieux comme quartier-maître-trésorier, Ducrieux, Boyer et Julien comme chefs respectifs des 1er, 2e et 3e bataillons.

Jacques Geoffroy passe sergent de grenadiers le 1er juillet 1806. Jusqu’en 1810, il sert en Calabre (l’historien Jérôme Croyet précise que le 101e, qui a son dépôt à Gênes, se bat contre les brigands de cette région), puis à partir de 1811, dans la péninsule ibérique.

Entre-temps, deux frères du sous-officier ont été appelés aux armées. D’abord Nicolas, né en 1782, charpentier mesurant 1,73 m, figurant parmi les conscrits de l’an XI mais non retenu. Ensuite Simon, né en 1789, charpentier mesurant 1,65 m, « inspecté » en mars 1808 et placé, comme on disait alors, « à la fin du dépôt ». On précisait alors qu’il « est le frère d’un conscrit sous les drapeaux » : Jacques, évidemment. L’année suivante, Simon sera appelé, en août 1809, pour servir dans le 1er bataillon des gardes nationales de la Haute-Marne, destiné à servir sur les côtes de la Mer du Nord après le débarquement britannique dans l’île de Walcheren. Avec un autre jeune de Maizières, Antoine Chevalier, Simon Geoffroy figure sur le contrôle d’effectifs de la 2e compagnie. Par la suite, on le retrouvera dans les rangs de la garde nationale durant les Cent-Jours…

Revenons au 101e de ligne. C’est donc en 1811 que le régiment rejoint ce théâtre d’opérations ibérique où les troupes impériales s’enlisent dans une guérilla depuis plus de trois ans. Il appartient alors à la 3e division (général Souham) du corps d'observation de la réserve qui reçoit l'ordre de faire mouvement le 27 juin 1811. Elle donnera naissance à la 7e division de l'armée du Portugal, confiée au général Maucune puis au général Thomières. C'est donc au sein de cette armée que commande le maréchal Marmont - dont l’aide de camp est un Chaumontais, Charles Denys - qu'il forme la 2e brigade de la 7e division avec le 23e léger. Apparemment, cette brigade est aux ordres du général Charles Rémond.

Le 22 juillet 1812, l’armée du Portugal affronte les troupes britanniques de Wellington aux Arapiles, non loin de Salamanque. La bataille, funeste, est âpre. Son colonel, Dherbez-Latour, est mis hors de combat, et sur 61 officiers et 1 388 hommes présents, ne subsisteront au soir que 29 officiers et 412 hommes. Martinien a identifié six officiers tués (dont le chef de bataillon Dutrieux) et 19 blessés (dont le chef de bataillon Lesterpy et le capitaine Flocard, ancien sous-lieutenant du 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne).

Parmi le millier de fantassins mis hors de combat, figure le sergent Geoffroy : il a reçu un coup de feu à la hanche gauche et un coup de sabre au bras droit. D’autres Haut-Marnais sont victimes de ce combat : ainsi, le sergent François Richard, d’Eclaron, blessé et pris, et le lieutenant François-Barthélémy Gérard, de Reynel, prisonnier. Par ailleurs, comme le 101e a reçu au cours de l’Empire des conscrits de l’Ain (490 identifiés, dont 185 décéderont), Jérôme Croyet indique que douze soldats de ce département ont été pris dans la bataille et conduits sur les pontons d’Angleterre.

Les survivants du 101e sont en majorité versés dans le 1er bataillon qui va rester stationné en Espagne, les autres rentrant en France où se reforment les 2e et 3e bataillons. Il semble que le sergent Geoffroy fasse partie des premiers. Ses blessures ne l’empêchent pas d’accéder, le 8 février 1813, à l’épaulette d’officier : l’enfant de Maizières-lès-Joinville est sous-lieutenant à 36 ans.

1813. La guerre fait rage dans toute l’Europe. En Espagne, donc. Mais aussi en Saxe : les II, III et IV/101e prennent part à cette campagne au sein de la division Pacthod, 12e corps du maréchal meusien Oudinot. Ils se battent notamment à Bautzen, les 20 et 21 mai 1813, bataille au cours de laquelle le régiment s’empare des hauteurs de Tronberg. Un Haut-Marnais s’y distingue : c’est Pierre Chameroy, de Rouvres-sur-Aube, l’ancien sergent de l’an VIII devenu chef de bataillon, blessé dans l’affaire. Il sera major du 104e de ligne, nouveau corps créé le 8 décembre 1813 à Mayence après avoir intégré des éléments du 101e. Chameroy n’est pas seul : l’ont rejoint deux Chaumontais, les capitaines Jean-Baptiste Rose et Jean-Baptiste Denatz, qui étaient respectivement sergent et caporal au 1er bataillon auxiliaire.

Et encore dans la péninsule italienne. Un 6e bataillon, formé à Gênes, au sein de la 29e demi-brigade d’infanterie provisoire, se bat à San Martin le 19 novembre 1813. Le chef de bataillon Flocard y est blessé et mis à l’honneur dans un rapport du prince Eugène, vice-roi d’Italie. C’est peut-être à ce VI/101e qu’appartient désormais Jacques Geoffroy, promu lieutenant le 30 octobre 1813 : ses états de services mentionnent en effet sa présence à Gênes, dans la 24e division militaire, en 1814.

Lorsque Napoléon Ier abdique, que Louis XVIII prend possession de son trône, le lieutenant Geoffroy reste dans l’armée. Le 101e de ligne cesse d’abord d’exister au profit du 82e, à Toulon, au sein duquel sert l’officier haut-marnais. Puis il renaît durant les Cent-Jours. Nouvelle campagne pour le 101e, toujours aux ordres du colonel Dherbez-Latour : le Bas-Rhin. Le régiment participe en effet à la défense de Neuf-Brisach. Coïncidence : le commandant de place, le général Dermoncourt, avait eu sous ordres, durant l’hiver 1813-14, les cohortes des gardes nationales de la Haute-Marne.

Après ce blocus, qui a vu plusieurs officiers du 101e blessés, Jacques Geoffroy rentre en Haute-Marne. Il n’est pas mis en demi-solde, mais situé en activité. Il n’est pas le seul, parmi ces 253 officiers, à être issu du 101e : sont identifiés également le lieutenant Mathias Oudinot, de Perthes, le lieutenant François Gérard, de Reynel, le sous-lieutenant Jean-Nicolas Chanpied, de Fresnes-sur-Apance, et le capitaine Louis Henry, de Villegusien – sans compter le major Chameroy, les capitaines Rose et Denatz, passés par le 104e.

Lorsqu’il s’agit de mettre sur pied la Légion de la Haute-Marne, des appréciations sont portées par la préfecture sur chaque officier. En ce qui concerne Geoffroy, elle ne met pas un veto à un réemploi de l’officier : Geoffroy « ne s’est jamais permis le moindre propos contre le gouvernement… Son caractère est doux et il n’a de liaison habituelles qu’avec des gens bien pensants… »

Mais il ne servira finalement pas dans cette légion. On ne retrouvera pas non plus sa trace parmi les officiers en demi-solde. A-t-il retrouvé un poste dans l’armée ? A-t-il quitté la Haute-Marne (il ne se marie ni ne décède à Maizières) ? La réponse est donnée par son dossier : ses blessures justifient sa mise à la retraite. Il percevra 450 F selon une décision du roi du 4 septembre 1816. Retraite qu’il passera… à Dommartin-le-Franc, à une dizaine de kilomètres de Maizières ! Dommartin, patrie du général éponyme et du colonel Le Masson du Chesnoy, deux grands artilleurs.

C’est là que Jacques Geoffroy se marie, le 20 mars 1816, avec Rose-Joséphine Masson, en présence d'un ami, Joseph Senet (originaire de Dommartin), lieutenant de cavalerie dans la Garde, et de son frère Simon. Et c’est là que le père de Charles-Auguste (cultivateur dans le village) décède, en 1844. Il est alors qualifié de propriétaire et lieutenant en retraite. Lui quin n’a pas été fait membre de la Légion d’honneur ne recevra donc pas la médaille de Sainte-Hélène en 1857. Ce sera le cas de quelques vétérans haut-marnais du 101e, comme Joseph Forgeot (passé à la 17e légère), de Faverolles, Nicolas Geliquot, de Chalmessin, Jean-Baptiste Janniot, de Sarcicourt, ou François Richard, d’Eclaron.

(1) Jacques Geoffroy est le petit-fils de notre ancêtre (à la 8e génération) Jacques Geoffroy, né à Brauvilliers (Meuse) et mort à Maizières-lès-Joinville. Le 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne accueille également d’autres conscrits apparentés à nos aïeux : Louis Fayolle, de Roches-sur-Rognon (il semble correspondre au futur sergent du 12e de ligne), Claude-Nicolas Labrevois, de Flammerécourt, Claude et Jacques Séclier, de Froncles…
Sources principales : dossier de retraite 2YF 171 830 (Service historique de la Défense), communiqué par Gérard Tissot-Robbe (par l’intermédiaire d’un fort honorable correspondant) ; différents dossiers déposés aux Archives départementales de la Haute-Marne (conscrits de l’an VII, Légion de la Haute-Marne, etc.) ; état civil des communes de Maizières-lès-Joinville et Dommartin-le-Franc ; « Historique du 101e régiment d’infanterie de ligne », 1875 (communiqué par M. Claudel) ; tableau des officiers tués et blessés, Martinien ; article sur le 101e de ligne, Jérôme Croyet (http://www.histoire-empire.org/historiques_de_regiments/101e_ligne.htm) ; site de Richard Darnault sur les armées de Napoléon (http://www.darnault-mil.com/Militaires/index.php)


Compléments : après la défaite des Arapiles, seul le I/101e reste donc servir en Espagne. En 1813, il fait partie, avec deux bataillons du 17e léger et deux bataillons du 105e de ligne, de la brigade Montfort de la 7e division Maucune, aile droite de l'armée des Pyrénées. Après le départ de Maucune pour l'Italie, c'est le général Leval qui prend le commandement de la division.
Lorsque Wellington prend l'offensive le 7 octobre 1813, le 101e se bat devant Saint-Jean-Pied-de-Port, lors du combat dit de la Rhune, plateau qui est perdu. Cette action a pour conséquence le passage de la Bidassoa par les Britanniques. Le capitaine François Canuel est blessé dans ce combat, près de Biriatou.
Les 9 et 10 décembre 1813, deux officiers du 101e sont tués, et un blessé devant Bayonne (combat de Barroillet).
Puis, le 20 janvier 1814, le 101e, toujours au sein de la brigade Montfort (avec le 17e léger et le 105e de ligne) de la 7e division Leval, quitte l'armée des Pyrénées pour rejoindre le 7e corps (Oudinot) de la Grande-Armée. C'est avec lui qu'il se bat le 27 février à Bar-sur-Aube, au pont de Dolancourt,puis à Arcis-sur-Aube (deux officiers blessés), et vraisemblablement à Saint-Dizier - la division Leval enlève la ville le 26 mars 1814.

samedi 15 novembre 2008

Officiers haut-marnais : liste complémentaire

AUBRY. Né à Narcy, capitaine au 94e de ligne, il meurt en 1814 à l’hôpital de Wessenfeld (Prusse).
AUBRY Jean-Louis-Marie. Fils d’aubergiste, né à Châlons-en-Champagne le 18 septembre 1778. Dragon au 13e régiment (1798), il est foulé aux pieds de chevaux à Friedland et laissé pour mort. Maréchal des logis (1809), sous-lieutenant (18 mars 1813), il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet. Lieutenant le 17 août 1813, toujours au 13e dragons. A servi notamment de 1809 à 1813 en Espagne, en 1814 en France. En demi-solde sous la Restauration, rallié aux Cent-Jours. Réside à Langres en 1816. Mort le 22 mars 1841. Source principale : base Léonore.
BESANCON Simon-Clément (Choiseul 27 octobre 1764). Soldat au 2e régiment de Pondichéry (1782), engagé au 2e bataillon de la Haute-Marne (1792), sous-lieutenant puis lieutenant (1794), il sert aux 16e et 26e demi-brigades. Toujours en service en 1803. Source : Jacquot.
BRACHOT Jean-François. Adjudant-lieutenant au 3e d’artillerie à cheval, domicilié à Troisfontaines-la-Ville, est lieutenant de 1ère classe dans la compagnie d’artillerie de la garde nationale de la Haute-Marne aux Cent-Jours.
CHAMEROY Pierre (Bussières-lès-Belmont 4 août 1775). Volontaire au 2e bataillon de la Haute-Marne (1792), passé à la 16e puis à la 26e demi-brigades, sergent (1800), il est promu sous-lieutenant au 26e le 5 octobre 1803. Selon PG Jacquot, il pourrait s’agir du maire de Rouvres-sur-Aube, officier de corps-franc de la Haute-Marne aux Cent-Jours et frère du major Chameroy.
COURTEVAL Jean-Nicolas (Bar-le-Duc 26 septembre 1785 – Chalvraines 4 février 1860). Il sert du 4 novembre 1806 à 1815 au 67e de ligne. Chevalier de la Légion d’honneur le 1er novembre 1814. Sous-lieutenant, vit à Chalvraines, en 1822. Terminera sa carrière capitaine retraité du 37e de ligne. Médaillé de Sainte-Hélène.
DHIEVRE Jean-Louis-Marie (Montier-en-Der 17 septembre 1763). Soldat au régiment de Boulonnais infanterie (1782), lieutenant au 2e bataillon de la Haute-Marne (1792), passé à la 16e, aide de camp du général Vincent (1795). Passé au III/26e, capitaine (1799), il est réformé avec pension le 13 décembre 1804 puis sollicite sa remise en activité en février 1806. Source : Jacquot. Martinien signale qu’un capitaine D’Hièvre, du 26e, a trouvé la mort au Portugal.
GEORGE Remy. Membre de la Légion d’honneur, capitaine de grenadiers, il commande la 8e demi-cohorte des gardes nationales de la Haute-Marne, en 1813.
GESTAS (de) Louis, fils du seigneur de Donjeux (exécuté sous la Révolution), vélite, sous-lieutenant au 15e de ligne, blessé à Friedland, mort le 6 juillet 1807.
HENRYOT Claude-Théodore. Nogentais, élève à Polytechnique, il est lieutenant de 2e classe dans la compagnie d’artillerie de la garde nationale de la Haute-Marne aux Cent-Jours.
NETTANCOURT-VAUBECOURT (de) Etienne-Gabriel-Aimé, né au château de Doncourt-sur-Meuse le 17 avril 1787. Elève à Fontainebleau (1805), sous-lieutenant au 28e léger (1806), lieutenant (1809), capitaine (1811), il fait les campagnes de 1806 à 1808 en Prusse et Pologne, de 1809 à 1812 en Espagne, de 1813 en Saxe. Pris à Dresde, il sera à son retour garde du corps dans la Maison royale, et suivra Louis XVIII en exil. Chef d’escadron du 1er régiment de cuirassiers de la garde royale, chevalier de Saint-Louis, il termine sa carrière comme lieutenant-colonel. Sources : « Histoire généalogique et héraldique des pairs de France » (1822). Selon le baron de l’Horme, il est promu chef d’escadron le 1er mars 1815, démissionne de l’armée en 1830, meurt à Nancy le 20 avril 1846. Note : un capitaine de Nettancourt est blessé en Espagne le 4 août 1812 (source : Martinien).
PERNOT (Painnerot, dit) Jean-Baptiste. Né le 1er mars 1784 à Longchamp-lès-Millières, fils de Nicolas, manouvrier. Capitaine du 44e de ligne en demi-solde, il meurt le 28 septembre 1818 à Issoudun, apparemment à la suite d’un duel qui a inspiré les pages d’un roman de Balzac (« Rabouilleuse »), contre le capitaine Fix, officier de gendarmerie.
PYOT Jean-Jacques-Richard, né à Isômes en 1792. Fils de Franc-Comtois, il sert comme chirurgien sous-aide en Russie en 1812. Docteur, il exercera dans le Jura. Auteur d’ouvrages d’histoire locale, il meurt à Clairvaux (Jura) en 1841. Source : biographie de Michaud.
REINE Joseph. Né à Graffigny-Chemin, lieutenant au 120e de ligne, il est blessé au cours des campagnes impériales.
SORBE Pierre. Capitaine en demi-solde du 95e de ligne, à Langres, en 1816.
TAINTURIER Pierre. Chirurgien sous-aide-major au grand état-major de la Garde, il est chirurgien aide-major du 3e bataillon de la garde nationale de la Haute-Marne aux Cent-Jours.

dimanche 26 octobre 2008

Un "conspirateur" chaumontais jugé sous la Restauration

Pierre-Gérard Jacquot, dans son étude « Opposition et Terreur blanche en Haute-Marne », s’est étonné du faible nombre d’officiers en demi-solde dans le département impliqués, entre 1815 et 1817, dans des affaires d’actes ou de propos jugés séditieux contre le roi. Une absence qui, relève le premier historien de l’Empire dans le département, met à mal la légende du demi-solde conspirateur. Nous avons toutefois trouvé trace d’un cas d’officier haut-marnais traduit devant un conseil de guerre, non pas en Champagne, mais à Paris : le capitaine Pierre-Joseph Thomassin.
Ce gendarme est né à Chaumont le 19 mars 1770, fils de François-Nicolas, avocat en parlement, et de Germaine Voillemin. C’est vraisemblablement en 1805 qu’il prend, comme capitaine, le commandement de la compagnie de gendarmerie de la Dordogne (14e légion), à Périgueux. Un poste qu’il occupe jusqu’en 1812. Ensuite, il est affecté au commandement de la compagnie de la Marne, à Châlons-en-Champagne. A noter que les différents almanachs impériaux le signalent membre de la Légion d’honneur (il ne figure pas dans la base Léonore).
C’est pour son comportement durant les Cent-Jours que Pierre-Joseph Thomassin est inquiété sous la Seconde Restauration. « L’Ami de la religion et du roi » précise, en 1816, que la justice a en mains « une lettre de lui dans laquelle il se vante de son zèle pour l’usurpateur ». Un courrier apparemment adressé au général Lallemand. Arrêté, emprisonné à l’Abbaye, Thomassin, d’ailleurs l’un des rares – sinon le seul – officiers subalternes inquiétés, est jugé le 16 mai 1816, devant le 2e conseil de guerre de la 1ère division militaire, en même temps que le général Antoine Rigau, l’ancien commandant du département de la Marne à Châlons – jugé par contumace, car réfugié à l’étranger. Si ce dernier est condamné à mort (il mourra en 1820 à La Nouvelle-Orléans), le Chaumontais est acquitté, ayant, selon « L’Ami de la religion », expliqué « cette lettre par la peur qu’il avait ».
Thomassin retournera en Haute-Marne et deviendra brièvement maire du village de Saint-Martin (canton de Juzennecourt), en 1826-1827 (selon Nicole Mourot, auteur d’une monographie sur Saint-Martin-sur-la-Renne). Revenu à Chaumont, sa ville natale, ce capitaine retraité, marié avec Victoire Applagnat, décède au 490 de la rue du Palais, le 27 février 1832, à l’âge de 61 ans, onze mois et huit jours.

dimanche 12 octobre 2008

Fratries d'officiers (2) : les Mercier

Un autre exemple de fratrie avéré : celle des trois frères Mercier, de Bourbonne-les-Bains. Le père, Nicolas, est boulanger, la mère s’appelle Jeanne-Marie Maupin.

L’aîné, Jean-Claude, voit le jour (et est baptisé) le 27 février 1769 dans la cité thermale. Comme Hoche, il sert au moment de la Révolution dans les Gardes françaises, puis dans la garde de Paris, avant de rejoindre, en 1792, comme capitaine, le 1er bataillon des volontaires de la Liberté. Sa carrière est fulgurante : chef de bataillon en juin 1792, chef de brigade en octobre 1794 – il a 25 ans, il prend le commandement de la 72e demi-brigade d’infanterie de ligne (dite de deuxième formation) en 1796. Il se bat en Hollande, lorsqu’il est mortellement blessé, le 10 vendémiaire an VIII (septembre 1799), lors de la bataille de Bergen (remportée par l’armée du Nord du général Brune contre les Anglo-Russes). Dans sa correspondance, le général Vandamme rapporte la grave blessure du « brave » chef de brigade Mercier, qui aurait été promu général de brigade sur le champ de bataille, selon certaines sources – mais Georges Six ne le recense pas dans son dictionnaire. Le Bourbonnais succombe quatre jours plus tard… A noter que celui qui le remplacera à la tête de la 72e se nomme également Mercier, mais lui est Ardennais...

Deux frères de Jean-Claude Mercier ont servi dans cette même 72e demi-brigade. D’abord Charles-Antoine, né à Bourbonne le 29 janvier 1772. A 19 ans, il est élu lieutenant au 1er bataillon de volontaires de la Haute-Marne. L’homme est brave : il est blessé près de Menin (1793) et à Sprimont (1794). Avec son bataillon, il passe dans la 85e demi-brigade, puis il rejoint son frère Jean-Claude à la 72e. Capitaine (1796), officier de grenadiers, il se marie en l’an VII dans sa ville natale – mais divorcera rapidement. Après 1800, sa carrière s’oriente vers le commandement des places : il est en poste à Cherbourg, puis obtient la responsabilité de Saint-Quentin (Aisne) en 1809, avant de recevoir celle du fort Saint-André et d’être retraité en 1810. Nous ignorons le lieu et la date de son décès.

Il semble que Pierre-Gérard Jacquot ait commis une – rare – erreur en indiquant, dans sa thèse sur les bataillons de volontaires nationaux de la Haute-Marne, que Charles-Antoine servait comme capitaine dans la Garde et qu’il était membre de la Légion d’honneur. Il y a visiblement confusion avec un autre frère, Charles-Nicolas, né à Bourbonne le 3 avril 1781. Lui aussi rejoint la demi-brigade commandée par Jean-Claude, en 1797 (il a 16 ans). Deux ans plus tard, il est sous-lieutenant, puis lieutenant en 1800. Privilège : Mercier va rejoindre la prestigieuse Garde impériale. En 1811, il est identifié comme capitaine de la 3e compagnie du 1er bataillon du 2e régiment de tirailleurs. Il est alors membre de la Légion d’honneur, et surtout chevalier d’Empire (depuis le 9 mai 1811). Il est toujours capitaine lorsqu’il est blessé à Lutzen (2 mai 1813), dans les rangs du prestigieux 1er régiment de grenadiers à pied de la Garde (à la tête de la 4e compagnie du 1er bataillon). Il passe la même année chef de bataillon au 10e régiment de tirailleurs de la Garde, puis, sous la Restauration, il sert successivement au 43e puis au 3e de ligne, comme major. Chevalier de Saint-Louis le 26 août 1814, il se rallie aux Cent-Jours. Selon Richard Darnault, il aurait été muté au 5e régiment étranger mis sur pied à Amiens avec des déserteurs belges, sous les ordres du colonel Douarche, et selon Pierre G. Jacquot, il servait plutôt au 7e régiment de tirailleurs de la Garde, avant d’être licencié en septembre 1815. Mercier, qui avait été blessé à la jambe droite à Friedland (1807), à la cuisse gauche à Eckmühl (1809), se retire à Bourbonne.

Cette ville où résident de nombreux officiers des armées impériales fait l’objet d’une surveillance particulière de la part des autorités publiques. Le sous-préfet de Langres n’a-t-il pas dénoncé au préfet le « mauvais esprit » soufflant sur la cité, insufflé selon lui par un certain colonel Lacroix, fils d’un ancien préfet des Bouches-du-Rhône, qui y a « séjourné tout le printemps et l’été » 1815 ? En fait, Charles-Henri Delacroix (Paris 1779 – Bordeaux 1845), effectivement fils d’un préfet à Marseille, frère du fameux peintre Eugène Delacroix, colonel du 9e chasseurs à cheval sous l’Empire et aide de camp du prince Eugène de Beauharnais.
Les cas qui préoccupent particulièrement les représentants du roi, ce sont ceux de deux majors, chevaliers d’Empire d’ailleurs : Joseph Armand, né à Taulignan (Drôme) en 1772, major du 12e puis du 23e léger, établi à Bourbonne où il s’est marié en 1813 (il y meurt en 1845), et Mercier. « On observe, peut-on lire dans une note préfectorale transmise au gouvernement, que le sieur Mercier, qui fait sa résidence à Bourbonne, y voit beaucoup M. Armand, ex commandant au 22e de ligne (sic), retiré aujourd’hui dans cette ville où il est remarqué par ses mauvaises opinions, et malgré que le major Mercier affecte depuis environ deux mois de mettre quelque réserve dans ses discours, on lui a entendu tenir, de concert avec le sieur Armand ces jours derniers, des propos très insultants contre la famille royale. »
Ce qui ne l'empêchera pas de reprendre du service, comme lieutenant-colonel, au sein du 63e régiment d'infanterie de ligne à Clermont-Ferrand, en 1824, en compagnie d'autres officiers supérieurs haut-marnais (son compatriote et conscrit bourbonnais François-Armand Mongin-Forcelle, chef de bataillon, Jean Naudet, de Hortes, major).
Resté célibataire, Charles-Nicolas Mercier décédera dans sa ville natale le 30 juin 1836, à seulement 55 ans.

mardi 30 septembre 2008

Le général Rignoux, gouverneur de Séville

Antoine Rignoux est un pur « flûteau » (le surnom des habitants de Wassy). Il naît dans la cité chère à Marie Stuart le 17 février 1771, au foyer de Nicolas-Antoine Rignoux, boulanger, et de Marie Pissot. La même année, d’ailleurs, que son compatriote Jean-Marie Defrance.

D’abord séminariste selon certaines sources, il s’engage le 25 avril 1791 au 79e régiment d’infanterie, l’ancien régiment de Boulonnais alors en garnison à Strasbourg, et bientôt affecté à l’armée des Alpes. Un corps qu’il quitte pour le Bataillon de chasseurs des Hautes-Alpes formé en avril 1793, dont le chef en titre est Kellermann fils et où il est élu sergent-major le 16 juillet 1793, puis capitaine le 25 novembre. Il a 22 ans.

1794 est l’année du premier amalgame des anciennes troupes royales et des volontaires nationaux. Le bataillon intègre la 3e demi-brigade d’infanterie légère le 21 mars. Avec cette unité, le capitaine Rignoux prend part à l’illustre campagne d’Italie du général Bonaparte. C’est à l’occasion des combats de Salo qu’il est fait prisonnier le 29 juillet 1796. Libéré après échange, il est de retour le 21 décembre, quelques semaines avant le deuxième amalgame : la 3e est versée dans la 11e demi-brigade d’infanterie légère, toujours à l’armée d’Italie (au sein de la 6e division du général Rey). Capitaine de carabiniers, Rignoux est blessé le 20 mars 1797 d’un coup de feu au pied droit, dans le Tyrol. Cette blessure est évoquée dans les « Mémoires pour servir à l’histoire de France sous le règne de Napoléon » (1830), dans la relation du combat du 29 ventôse an IV dit de Coronna sur Saint-Michel : « Le citoyen Rignoux, capitaine, autre officier de mérite, fut aussi blessé, mais légèrement ; il fut quand même hors de combat, privant pour l’instant ses braves soldats d’un officier éclairé digne d’eux… »

Toujours sous Bonaparte, le Wasseyen est ensuite employé le 7 avril 1798 à l’état-major de l’armée d’Orient qui s’en va débarquer en Egypte. C’est là que le 25 juillet 1800, il est nommé aide de camp du général Belliard.

Après cette campagne, Rignoux est promu, à 32 ans, le 26 février 1803, chef de bataillon à la suite au sein de la 76e demi-brigade d’infanterie de ligne. Il en commande le 3e bataillon. Avec ce corps (devenu 76e régiment d'infanterie de ligne), le Haut-Marnais sert à l’armée du Hanovre (1803-1804), à l’armée des Côtes de l’Océan (1805), et à la Grande-Armée (1805-1807). Le régiment, commandé par le colonel Faure-Lajonquière, se bat à Ulm, à Iéna. A noter que dans sa marche vers l’Est, le 76e est passé par Saint-Dizier…

Après la bataille d’Eylau, Rignoux est nommé colonel du 103e de ligne, le 26 février 1807, succédant au colonel Taupin, qui vient d’être promu général de brigade. Parmi ses officiers, notamment, un Haut-Marnais : le sous-lieutenant Nicolas-Marie Guyardin, de Langres (un mémorialiste, le sergent François Lavaux, de Rivière-les-Fosses, et sans doute un parent, le sergent Marc Rignoux, de Saint-Dizier, figurent parmi les sous-officiers). 1808 marque un tournant dans la carrière de ce colonel de 37 ans : il est affecté en Espagne. Il y servira jusqu’en 1813…

Au cours du trajet, à l’automne 1808, son passage dans sa ville natale fait l’objet d’une réception et d’un compte rendu dans Le Journal de la Haute-Marne…

Le 103e est de la bataille d’Ocana (18 novembre 1809), au sein de la division Gazan du 5e corps. Officier de la Légion d’honneur le 17 décembre 1809, baron de l’Empire le 31 janvier 1810, toujours colonel du 103e, Rignoux se distingue surtout lors du premier siège de Badajoz. Le 19 mai 1811, il est promu général de brigade au sein de l’armée du Midi. On le retrouve le 9 août 1811 au combat contre la division Quadra sur le Rio Guadelentis.

Puis à la tête d’une brigade de la division Godinot, Rignoux se bat, le 12 septembre 1811, avec le 4e régiment polonais, contre le fameux général espagnol Ballesteros. Il s’empare de 5 à 600 hommes « et les fait passer par les armes », signale « Le Moniteur » de l’époque. Au total, Rignoux aurait causé plus de 1 000 tués dans les rangs ennemis, au prix de dix tués et 25 blessés. Puis il se porte sur Ximena avec 1 200 hommes, repoussant encore un assaut des Espagnols au prix de douze tués, 25 blessés, 25 prisonniers dont le chef de corps polonais.

C’est au cours de l’expédition dite du camp de Saint-Roch (non loin de Gibraltar), le 13 octobre 1811, que le général Rignoux a son œil gauche crevé. Devant Ubrique, par une balle, selon le pharmacien Blaze.

Le 7 décembre 1812, le maréchal Soult lui confie le gouvernement de Séville. Lors de la funeste journée de Vitoria, le 21 juin 1813, il commande une brigade de la division Vilatte composée du 27e léger et du 63e de ligne. Un mois plus tard, lors de l’évacuation d’Espagne, il est à nouveau blessé, le 25 juillet 1813, au col de Maya : sa cuisse est fracturée. Commandant de la Légion d’honneur le 25 novembre 1813, on ne trouve plus dès lors trace d’un commandement actif.

Sous la Restauration, il est fait chevalier de Saint-Louis, le 24 août 1814, puis mis en non activité le 1er septembre. Durant les Cent-Jours, Rignoux est nommé chef d’état-major du 8e corps d’observation (à Bayonne) le 25 avril 1815. A l’issue, le 1er août, il est définitivement en non activité.
Retraité, le Haut-Marnais se retire à Villenave-d’Ornon, dans la Gironde. Il y décède le 5 septembre 1832, à l’âge de 63 ans.

jeudi 4 septembre 2008

Fratries d'officiers (I) : les Jobert

Trois membres de la Légion d'honneur nommés Jobert - dont deux recensés par la base Léonore - sont nés entre 1775 et 1781 dans le village de Pressigny, canton de Fayl-Billot. Tous trois sont les enfants de Nicolas Jobert, recteur d'école, et de Jeanne Mulson. Et tous trois seront officiers dans un même régiment : le 21e de ligne.
L’aîné, François, a vu le jour le 23 juillet 1775. Il correspond peut-être à ce capitaine Jobert (pas de prénom), du 21e, signalé par Martinien comme été blessé le 7 septembre 1812 à La Moskowa. Une certitude : major (lieutenant-colonel), il est blessé le 18 septembre 1813 en visitant des avant-postes en Saxe, ainsi que le précise l'historique du 69e de ligne. Martinien confirme cette blessure, mais situe Jobert dans deux régiments : il est soit encore major du 21e de ligne (ou chef de bataillon, selon le général Bertin, auteur d'un historique de ce régiment), soit déjà major du 69e ! Après la chute de Napoléon, François Jobert sert visiblement sous la Restauration, puisqu’il est fait chevalier de Saint-Louis le 27 novembre 1814. Après les Cent-Jours, il n’est pas employé, mais reste situé « en activité », toujours comme major du 69e, dans sa commune de Pressigny. La suite de sa carrière, de sa vie ? On le retrouve avec son épouse non loin de son village natal, à Guyonvelle, où il exerce la profession de juge de paix du canton de Laferté-sur-Amance. Il y décède le 13 mai 1833, à l'âge de 58 ans. Parmi ceux qui viennent déclarer son décès : son fils, médecin à Guyonvelle (connu pour ses contributions fournies aux instances médicales) et son frère Jean-Baptiste.

Celui-ci est né à Pressigny le 20 mars 1781. Son dossier de médaillé de Sainte-Hélène précise qu’il est entré en service le 26 septembre 1798. Il n’a donc que 17 ans. Son corps d’affectation : la 21e demi-brigade de ligne. Onze ans plus tard, il est sous-lieutenant, toujours dans le même régiment, et il s’illustre lors de la Campagne d’Autriche. Au point de figurer dans les fameux « Fastes de la gloire », rebaptisés – après une récente réédition – « Dictionnaire des braves de Napoléon ». Son fait d’armes : se mettre à la tête de 40 nageurs, dans la nuit du 29 au 30 juin 1809, traverser le Danube et capturer, avec d’autres éléments, dans une île près de Presbourg, près de 600 hommes (dont un colonel) et deux pièces de canon. Action au cours de laquelle il est blessé à cinq reprises ! C’est à l’issue de cette campagne qu’il est fait membre de la Légion d’honneur le 21 septembre 1809. Selon l’inestimable anthologie « Victoires et conquêtes des Français », qui rapporte également cet exploit, et Martinien, Jobert a encore été blessé à Wagram, le 6 juillet 1809. Sa carrière, toujours selon son dossier MSH, s’arrête le 13 février 1813, à 32 ans, sans doute en raison de ses blessures (à La Moskowa, à nouveau). Il est capitaine pensionné lorsqu’il se retire à Pierrefaites (canton de Laferté-sur-Amance), où il se marie en novembre 1814. Jobert reprend provisoirement du service aux Cent-Jours en se voyant confier le commandement de la 3e compagnie du 2e bataillon de chasseurs de la garde nationale de la Haute-Marne, fin juin 1815. Médaillé de Sainte-Hélène, le capitaine Jobert décède dix ans plus tard, en novembre 1867, à l’âge de 86 ans.
Reste le cas d’Etienne-Nicolas, né à Pressigny le 1er mai 1778. Comme Jean-Baptiste (alors retraité), il ne figure pas dans l’état des officiers haut-marnais en activité ou en demi-solde dans le département, fin 1815-début 1816. Mais il s’agit sans nul doute de ce capitaine Nicolas Jobert dont la carrière a été brossée par Pierre-G. Jacquot dans une brochure inédite, «La campagne de Russie et les Haut-Marnais ». Voici ce que l’historien de l’Empire en Haute-Marne écrit : « Après s’être engagé comme volontaire au 3e bataillon d’Indre-et-Loire en mai 1793, Nicolas retrouve ses deux frères à la 21e demi-brigade en octobre 1800. Promu sous-lieutenant en juin 1809, il est capitaine en juin 1812 et part en retraite en juillet 1813. Remis en activité pour cinq mois en mars 1814. Blessé à Iéna, à Wagram et le 19 août 1812 à Valoutina. Il était membre de la Légion d’honneur depuis le 7 juin 1809. Qualifié de capitaine aide de camp, il vit à Dijon lorsqu'il est pensionné par le roi et il meurt célibataire.
Sources principales : état civil de Pressigny, Pierrefaites, Dijon et Guyonvelle ; archives départementales de la Haute-Marne ; "Victoires et conquêtes des Français" ; historiques des 21e et 69e de ligne ; tableau des officiers d'Empire tués et blessés (Martinien).

mercredi 20 août 2008

Le général Defrance, le plus illustre des cavaliers haut-marnais (1ère partie)

Jean, Marie, Antoine Defrance naît le 21 septembre 1771 à Wassy. Son père, Jean-Claude, lui-même natif de ce bourg où il est chirurgien (et où est né la même année Antoine Rignoux, futur général d’Empire), s’établit ensuite à Rebais, en Champagne (aujourd’hui en Seine-et-Marne), pour y occuper la fonction de médecin de l’école militaire installée dans cette ville. Sa mère, Claude-Jeanne Chompré, est la fille de Pierre Chompré, originaire de Narcy (en Haute-Marne ? dans la Nièvre ?), auteur d'un « Dictionnaire de la fable », et elle-même produit des poèmes.
Des chirurgiens (l’aïeul Defrance l’est aussi) d’un côté, des gens de lettres de l’autre : voilà pour l'origine familiale du futur général. Mais le jeune Jean-Marie optera pour une troisième voie : celle des armes. Toutefois, des mystères entourent le début de sa carrière militaire.
Tous ses biographes sont d’accord sur ce point : à l’été 1792, il est sous-lieutenant au 3e bataillon des fédérés nationaux. Mais avant ? Dans le tome 62 de la fameuse « Biographie universelle » (Michaud), publié en 1837 (soit deux ans après la mort de Defrance), l’on peut lire que ses parents goûtaient peu le penchant du jeune homme pour les armes (surprenant, quand on a un père médecin d’école militaire et qu’on y aurait été élève…), qu’ils l’ont fait voyager pour le détourner de ce projet, et qu’il se trouvait à Saint-Domingue lorsque les habitants se sont révoltés. Le jeune homme se serait alors enrôlé dans le corps dit des dragons du Cap. Une information reprise, entre autres, par Charles Mullié (1851) dans son dictionnaire des célébrités militaires.
Sauf que l’un des auteurs des « Fastes de la légion d’honneur » ne la confirme pas. Pour lui, Jean-Marie Defrance a rejoint dès le 1er septembre 1791 le 1er bataillon de volontaires de Seine-et-Marne (jeune département dont son père a été élu député), qu’il a été nommé sous-lieutenant, et qu’effectivement il a rejoint le 26 juillet 1792 le 3e bataillon des fédérés nationaux, dont il est devenu trésorier en février 1793. Difficile, dès lors, de se battre à Saint-Domingue, où le jeune Defrance aurait contracté la fièvre jaune et dont il serait revenu – dixit Michaud – début 1792…
Le même Michaud prétend par ailleurs que le roi Louis XVI a nommé Defrance sous-lieutenant de cavalerie au Royal-Etranger, affectation que n’évoquent ni les Fastes de la Légion d'honneur, ni les carnets de La Sabretache. A se demander s’il n’y a pas confusion avec un homonyme...
Reste que selon "les Fastes", Defrance sert en 1792 et 1793 à l’armée du Nord, en l’an II et en l’an III aux armées de Sambre-et-Meuse et des Ardennes. Entre-temps, il a été nommé, le 13 ou 14 germinal an II (2 ou 3 avril 1794), capitaine dans un escadron de cavalerie de Seine-Inférieure, versé au 11e chasseurs à cheval, puis, le 25 prairial an III (13 juin 1795), promu adjudant-général chef de brigade (le même jour où Lecourbe est promu général). Le fils de conventionnel seine-et-marnais n’a que 23 ans. Ce n’est pas le plus jeune colonel haut-marnais : Chaudron-Rousseau, lui aussi fils de parlementaire, n’en avait pas 20 à sa nomination !
Bien souvent au cours de la période révolutionnaire, les carrières seront soumises aux aléas des événements politiques et militaires : c'est ainsi que le chef de brigade Defrance, qui avait été chef d’état-major de la 15e division militaire à Rouen, est admis au traitement de réforme le 1er vendémiaire an V, avant d’être remis en activité le 15 pluviose an VIII à l’armée de Mayence. Il se distingue le 25 septembre 1799 lors du passage de la Limath par l’armée d’Helvétie, du Danube et du Rhin s’en allant remporter l’importante bataille de Zurich. Toutes les sources s’accordent à dire que le général en chef Masséna l’aurait nommé général de brigade sur le champ de bataille, mais que Defrance aurait refusé cette promotion en raison de sa jeunesse, préférant le commandement d’un régiment. Il recevra donc, de Masséna, celui du 11e chasseurs à cheval (selon Six, il était alors chef d’état-major de la division Tharreau). Il le quittera assez rapidement, le 23 ventôse an VIII (mars 1800), pour celui du 12e régiment de cette arme.
L’illustre « Carnet de la Sabretache » a consacré 28 pages au « colonel de France (sic) et le 12e régiment de chasseurs, 1800 à 1805 », basé sur un livre d’ordre et un registre de correspondance de l’officier. L’on y apprend que le 12e chasseurs à cheval tient garnison à Gray (Haute-Saône) lorsqu’il est appelé à l’armée de réserve, où il forme avec le 6e régiment de dragons la brigade du général Duvignau. Le corps quitte la Souabe, passe le Saint-Gothard, et se bat à Marengo, en juin 1800.
Defrance reste cinq années à la tête de son régiment. Le 12 pluviôse an XIII, il est promu général de brigade. Cette promotion et ce départ sont l’occasion, pour les officiers du 12e régiment, de témoigner par écrit de leur fierté d’avoir servi sous les ordres du colonel Defrance. Privilège : celui-ci s’en va occuper les fonctions d’écuyer cavalcadour de l’Empereur (à suivre).

lundi 18 août 2008

D'utiles précisons sur le chirurgien Claude-Edme Vanderbach

Nos articles sur les officiers haut-marnais ayant servi sous l’Empire et sur les chirurgiens originaires du département ne sont pas passés inaperçus d’un de nos correspondants. Et pour cause : Cyril Vanderbach est apparenté aux chirurgiens Claude-Edme et Nicolas-Charles-François Vanderbach, dont nous avons signalé les conduites dignes d’éloge.
M. Vanderbach a eu l’amabilité de nous communiquer une copie des dossiers militaires relatifs à ces deux frères, et l’obligeance d’accepter que nous les rendions publics. A noter que ces deux éminents membres du service de santé, eux-mêmes fils de chirurgien, comptaient un troisième frère ayant choisi lui aussi la voie paternelle, mais à titre civil : Nicolas, né en 1765 à Autreville-sur-la-Renne (canton de Juzennecourt, arrondissement de Chaumont), établi à Cunfin... aux confins de l'Aube et de la Haute-Marne.

Nous avons choisi ici d’insister, grâce aux documents communiqués par Cyril Vanderbach, sur la carrière, plus méconnue que celle de son illustre frère, de Claude-Edme, né le 6 juin 1771 à Autreville.
Son dossier nous apprend que ce fils de maître-chirurgien est d’abord élève, pendant un an, à l’hôpital de Chaumont, dans son département de la Haute-Marne. Puis il suit des « cours publics » à Paris, enfin à Montpellier. Claude-Edme Vanderbach (son patronyme est parfois écrit Vanderback ou Wanderbach dans ces pièces) entre en service à l’âge de 21 ans, le 12 septembre 1792, comme aide de chirurgien-major au 1er bataillon de la Légion du Centre, dite de Luckner. Un corps qui donne naissance, soit au 2e bataillon de la 26e demi-brigade, soit plutôt au 26e bataillon d’infanterie légère (compagnie Klein).
L’officier de santé haut-marnais sert successivement dans les armées des Ardennes (1792-1793), de Sambre-et-Meuse (an II et an III), du Rhin (an IV – an V). Notre homme précise dans un courrier qu’il passe le Rhin en floréal an VII.

Entre-temps, Vanderbach a quitté le 26e bataillon, le 8 messidor an II, pour devenir à la même époque officier de santé de 3e classe, et rejoindre le 3e bataillon de la 23e demi-brigade d’infanterie légère le 1er nivôse an III. Requis pour les hôpitaux de l’armée de Sambre-et-Meuse le 8 pluviose an III (il quitte Strasbourg pour l'hôpital de Wissembourg), il rejoindra, à sa demande, un corps plus actif – en l'occurrence le 2e bataillon de la 101e demi-brigade d’infanterie de ligne, le 28 ventôse an VII.

Coïncidence ? Cette unité a incorporé dans ses rangs les conscrits du 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne.

Avec la 101e, Vanderbach sert au sein de l’armée d’Italie (an VIII – an IX), à Marengo (où son jeune frère Nicolas est blessé), au siège de Gaëte (où commande le général chaumontais Girardon). En 1807, il est toujours chirurgien-sous-aide au 101e, et sollicite une promotion. Il est vrai que diverses pièces font état d’un « jeune homme de mérite, instruit, de bonnes mœurs » (signé Percy !), dont la conduite est « digne de tout éloge », et qui n’a jamais compris pourquoi il est passé du grade de chirurgien de 2e classe à celui de 3e classe lors d’une réorganisation des armées.

Les renseignements apportés par son dossier s’arrêtent en 1807. La suite de sa carrière ? C’est malheureusement un extrait mortuaire qui nous l’apprend : toujours chirurgien aide-major, il décède le 8 décembre 1809 à Gratz, à l’âge de 38 ans. Est-il passé entre-temps au 102e de ligne, comme l’indique – par erreur ? à moins qu’il ne s’agisse toujours du 101e – son extrait mortuaire ? Il est vrai que ce corps est situé, en 1809, comme faisant partie de la division Durutte (brigade Dessaix) de l’armée d’Italie, qui s’est battue en Hongrie, et notamment à Raab et – effectivement - à Graz.

A noter que le père de ces deux chirurgiens, originaire de la Côte-d'Or, installé à Autreville vers 1764-1765, était petit-fils d'un Allemand, et qu'un de leurs cousins germains, membre de la Légion d'honneur, a servi également comme officier de santé dans l'armée. Il est l'ancêtre direct de Cyril Vanderbach, que nous remercions infiniment pour ces utiles précisions.

mercredi 13 août 2008

Christophe Laloy (1786-1816), héros de Stade


« Citoyen Premier consul… » Le député Laloy a pris sa plume. Ce cinquième jour complémentaire de l’an XI, en des termes qui fleurent encore bon un langage révolutionnaire bientôt désuet, c’est au général Napoléon Bonaparte, le héros de Toulon, d’Arcole et des Pyramides, aujourd’hui Premier des Français, qu’il adresse une requête[1].
Certes, celui qui a voté la mort du roi, qui a brièvement présidé l’Assemblée nationale, ne goûte guère, à en croire son ancien secrétaire et biographe Emile Jolibois, cette nouvelle forme de pouvoir personnel qu’incarne aujourd’hui le général corse. Mais il s’agit de l’avenir de son fils de 17 ans, Pierre, François, Christophe. Son unique garçon, sur qui ce député aux Anciens fonde de sérieux espoirs pour l’avenir. «Il a reçu des leçons de langues française, latine et italienne, argumente Pierre-Antoine Laloy, et il a des principes de géographie et d’histoire, de dessin et de lavis. Pensionnaire au Prytanée de Paris, il a été récompensé par ses succès en mathématique ; il en suit les cours au lycée.»

Pierre-Antoine Laloy dit « le Jeune», pour le distinguer de son frère Jean-Antoine, médecin, député aux Etats-Généraux et maire de Chaumont, est avocat de profession. Mais Christophe ne souhaite pas marcher sur les traces paternelles : en cette période de paix après des années de furieuses guerres révolutionnaires, l’adolescent rêve de gloire militaire. En qualité d’officier. C’est le sens de la demande du député Laloy : que Bonaparte accueille son garçon dans l’école spéciale militaire que le nouvel homme fort de la France vient de créer à Fontainebleau. «Il est temps de vous l’offrir, citoyen Premier consul», conclut, solennel, le parlementaire haut-marnais.
Son vœu est exaucé : en nivôse an XI, Christophe Laloy intègre la nouvelle école. Celle destinée à former, durant deux années, les officiers des armées consulaires - et bientôt impériales. L’y rejoint rapidement le fils d’un ancien lieutenant du roi à Chaumont, Charles Denys, né dans la capitale du Bassigny en 1783. Là où il a lui-même vu le jour, trois ans plus tard, le 7 juillet 1786.
C’est le chanoine Babouot, curé de la basilique Saint-Jean-Baptiste, qui baptise le deuxième enfant – après une fille - de Pierre-Antoine Laloy, né en 1749 à Doulevant-le-Château (Haute-Marne), et de Cécile-Euphémie Delaporte, la fille d’un marchand chaumontais mariée à 15 ans[2]. L’enfant reçoit le premier prénom de son père, celui – masculinisé – de sa marraine (Françoise Laloy), enfin celui de son aïeul maternel, Christophe Delaporte. C’est ce troisième prénom qui le désignera pour la postérité.
Comme Jean-Nicolas, son frère médecin, Pierre-Antoine Laloy vit donc dans cette ville qui deviendra, en 1790, le chef-lieu du « département méridional de la Champagne », puis de la Haute-Marne. Non loin du Palais de justice – l’ancien donjon des comtes de Champagne.
Député en 1791, l’avocat Laloy entraîne sa famille à Paris l’année suivante, à son élection à la Convention. Chaumontais durant les six premières années de sa vie, Christophe Laloy devient un petit Parisien. Nous l’avons vu, il est lycéen dans la capitale. Et va donc se former au métier d’officier à Fontainebleau.
Le 23 octobre 1804 (quelques semaines après la mort de son oncle Jean-Nicolas à Chaumont), il est nommé, à 18 ans, sous-lieutenant. Le 27 fructidor an XIII, son compatriote Marie-Nicolas dit Félix Guyardin – coîncidences : lui aussi fils d’avocat, lui aussi fils de régicide haut-marnais -, né à Langres en 1787, quitte Fontainebleau comme sous-lieutenant du 103e de ligne. Ce ne sera pas leur seul point commun…
Entre-temps, la République a fait place à l’Empire français.
2 décembre 1805. Un an jour pour jour après son sacre, Napoléon 1er remporte sa plus prestigieuse bataille : Austerlitz. Mais le sous-lieutenant Laloy ne semble pas être de l’illustre campagne d’Autriche, à laquelle prend part l’un des deux bataillons de son corps d’affectation, le 3e régiment d’infanterie légère : il paraît plutôt servir au sein de l’armée d’Italie[3]. C’est le maréchal Brune, qui ne tarissait pas d’éloge sur le dévouement passé du député Laloy, qui lui a obtenu cette affectation dans la péninsule – des éléments du 3e léger du colonel Mas sont effectivement stationnés dans l’Etat de Parme.
Absent d’Austerlitz, absent vraisemblablement d’Iéna : le sous-lieutenant Laloy n’est donc pas sous le regard de l’Empereur. Il n’est pas certain non plus qu’il participe à la campagne de Pologne, à laquelle prend pourtant part son 3e léger confié au major Gavotti et incorporé dans la division Boudet du corps d’observation commandé – coïncidence – par Brune.
Parmi les brigadiers de cette division, le général François-Nicolas Fririon. Un Lorrain de 41 ans auquel est attaché le sous-lieutenant Laloy, à l’initiative du maréchal Bernadotte[4]. Bientôt, le Chaumontais va faire la preuve de son courage et de son dévouement auprès de son général.
Eté 1808. Fririon, qui a pris part au siège de Stralsund, conquis l’île de Bornholm, est en poste à Seeland, une île danoise. Sous ses ordres, notamment, une division composée de soldats espagnols, sous les ordres du général-marquis de La Romana ! Or dans la péninsule ibérique, la donne politique vient de changer. Napoléon a évincé les Bourbon – ses alliés objectifs - du trône espagnol, au profit de son frère Joseph. Un changement plutôt mal accueilli : les Madrilènes se sont révoltés le 2 mai.
Prêter serment au roi Joseph ? La perspective n’enchante guère les Espagnols servant dans la Grande Armée. Au point de susciter de leur part un mouvement de révolte. Plutôt radical, car leur objectif, ni plus ni moins, est de tuer leur général, Fririon. Le 31 juillet 1808, ils font irruption dans sa demeure, le château de Roskilde. Leur fureur fait une première victime : Marabail, un sous-lieutenant du régiment de Laloy. Mort. Un deuxième membre de l’état-major de Fririon s’interpose : c’est Laloy. Frappé à coups de crosse, il est grièvement blessé. Le visage en sang, il ne doit son salut qu’en sautant par une fenêtre du rez-de-chaussée. Le général lorrain, lui aussi, parvient à s’échapper. Et il ne cessera de louer l’attitude du sous-lieutenant. «La conduite de M. Laloy, rapportera-t-il, volant à ma défense, est d’autant plus digne d’éloges qu’il courait à une mort certaine.»
Fririon est-il à l’origine de la nouvelle affectation du lieutenant Laloy (il a été promu le 20 février 1809) ? Toujours est-il que le Chaumontais est attaché, officiellement pour la première fois comme aide de camp, au général de brigade (depuis 1807) Etienne Rivedoux d’Hastrel, né au Canada en 1766, un ami du frère de Fririon, et – nouvelle coïncidence - beau-frère de Bernadotte.
Aide de camp. Voilà donc notre Haut-Marnais accepté cette catégorie si particulière du corps des officiers (deux pour un brigadier), reconnaissables à leur brassard porté au bras, dévoués jour et nuit à leur général – souvent premiers remparts de leur corps lors des combats, porteurs de dépêches, exécutants de reconnaissances, intendants, parfois confidents. Mais pour Laloy, être l’ombre du général d’Hastrel n’est pas la meilleure garantie d’être enfin sous le regard de l’Empereur, à en juger l’énumération des commandements successifs de ce général : à partir de mars 1809 et jusqu’en mars 1812, il est employé, essentiellement comme chef d’état-major, en Allemagne, à Anvers (sous Bernadotte, tiens, tiens…) et en Hollande (sous Oudinot), à Hambourg (qu’il commande militairement), à nouveau dans l’armée d’Allemagne, enfin au corps d’observation de l’Elbe. Entre-temps, il est passé divisionnaire (en 1811). Mais voilà qu’Hastrel quitte l’Europe du nord : il doit rejoindre le ministère de la Guerre, à Paris, plus précisément la direction générale de la Conscription.
Une nouvelle affectation dans laquelle Laloy ne suit pas « son » général. Il reste à l’armée d’Allemagne, transformée en 1812, à la veille de son entrée en Russie, en 1er corps de la Grande Armée. Le nouveau supérieur du Chaumontais, promu capitaine à 25 ans : le maréchal Davout, l’ancien gouverneur d’Hambourg. Précisément, Laloy est incorporé, en qualité d’adjoint, au sein de l’état-major du duc d’Auerstaedt, commandé par le général Louis Romeuf. Un Auvergnat, âgé de 46 ans, qui restera dans l’Histoire comme l’un de ceux qui ont arrêté Louis XVI lors de sa fuite vers la Prusse.
Avec ses 39 000 hommes, le 1er corps est le plus important, numériquement, de ceux qui vont franchir le Niémen, le 23 juin 1812. L’un des plus expérimentés, aussi : parmi ses divisionnaires, Morand, Gudin, Friant secondaient déjà Davout lors de la glorieuse journée d’Auerstaedt, le 14 octobre 1806. Quant au cavalier, le Franc-comtois Pajol, il est un des plus fameux sabreurs de l’Empire. C’est donc au sein de ce corps illustre que le capitaine Laloy va prendre part à l’une des plus célèbres campagnes de Napoléon. Sous le regard duquel il va – enfin - se battre. Et peut-être, huit ans après sa nomination comme officier, se faire remarquer…
Premières occasions : Mohilev, en juillet 1812, et Smolensk, le mois suivant. Laloy est-il blessé aux environs de cette ville[5] ? Dans un courrier adressé le 23 août au maréchal Berthier, major-général de la Grande Armée, Davout ne souffle mot d’une éventuelle blessure de son subalterne. En revanche, il ne tarit pas d’éloges sur ses qualités. «C’est un des officiers les plus distingués de mon état-major, qui a d’excellents services», plaide le prince d’Eckmühl, qui s’y connaît en soldats. Ce qui l’amène à s’étonner que le Chaumontais, jusque là, n’ait pas encore reçu, comme Davout en a fait la demande, la Légion d’honneur - cette décoration, au passage, contre laquelle le député Laloy a voté[6]
C’est dans des circonstances bien particulières que le maréchal d’Empire va s’attacher – et pour longtemps – les services de l’officier haut-marnais. Le choc tant attendu entre la formidable Grande Armée et les troupes russes a enfin lieu, non loin de Borodino, au bord de la Moskowa, le 7 septembre 1812. La bataille est âpre, les pertes terribles. Parmi les généraux mortellement blessés : Romeuf. Davout nourrissait une grande estime pour son chef d’état-major : il décide d’employer auprès de lui ses adjoints, et parmi eux, le capitaine Laloy.
Après La Moskowa, après l’entrée dans Moscou, la campagne de Russie tourne court. La Grande Armée retraite dans des conditions épouvantables. Le 1er corps, dont les effectifs ont fondu, se replie sur la Vistule. Puis sur l’Oder. Enfin sur l’Elbe. En mars 1813, Davout est à Dresde. Il a toujours, près de lui, le capitaine Laloy, qui a perdu ses chevaux lors de la campagne russe[7]. Un officier à qui il confie bientôt une mission : ramener des prisonniers pour les interroger. Le Chaumontais réunit une vingtaine de soldats, les fait embarquer dans deux bateaux, franchit une rivière vers le lac de l’Elster, met en fuite des cosaques… et la main sur des paysans. Nouvelle action d’éclat que le maréchal s’empresse de rapporter au prince Eugène de Beauharnais, nouveau commandant, après le «départ» de Murat, de la Grande Armée. En attendant le retour de Napoléon…
Ce dernier revenu de Paris – où l’avait « rappelé » le coup d’état du général Malet - reprend l’offensive. Le 2 mai 1813, il gagne à Lutzen. Le 22, à Bautzen. Neuf jours plus tard, Davout fait son retour dans une ville qu’il connaît bien pour l’avoir gouvernée : Hambourg, le chef-lieu de la 32e division militaire. Car les Russes acclamés par la population en avaient pris possession…
Tandis qu’un armistice, à la faveur des victoires précitées, vient d’être conclu en juin 1813, Davout réorganise ses troupes : elles éclatent pour donner notamment naissance à un nouveau corps, le 13e. Parmi ses unités, un régiment issu d’ailleurs du 3e bataillon de volontaires nationaux de la Haute-Marne : le 3e de ligne. C’est un officier né à Poissons qui le commande : le major Nicolas Gillet. Le prince d’Eckmühl s’emploie également à fortifier les places sous son contrôle. Certes, il est assisté par le commandant Vinsche, mais il réclame un officier supérieur pour commander le génie de son 13e corps. Début juillet 1813, un colonel lui arrive : le baron Charles Deponthon, d’Eclaron, ancien officier d’ordonnance puis secrétaire (en Russie) de l’Empereur. Autant dire un homme compétent et de confiance ; il ne faillira pas à cette réputation…
Fin septembre 1813, Davout envoie Laloy en mission à Hambourg. Le constat du Chaumontais : il « n’a presque rien trouvé de fait » à Harbourg, s’impatiente Davout dans un courrier adressé le 26 au gouverneur d’Hambourg, qui verra donc arriver Deponthon pour des travaux exécutés par les hommes des 3e, 33e et 105e de ligne.
A Deponthon, les fortifications d’Hambourg, à son compatriote Laloy, le commandement de Stade. Car c’est à ce capitaine de 27 ans que le maréchal Davout confie la direction militaire de cette place, sous-préfecture impériale située à l’embouchure de l’Elbe, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest d’Hambourg. Celle-ci devait être la base d’opérations à partir de laquelle le 13e corps devait converger vers Berlin ; mais les revers successifs de Vandamme (à Kulm), Oudinot (à Gross-Beren), Macdonald (à la Katzbach) en ont décidé autrement. C’est Hambourg et les places de sa région que le prince d’Eckmühl doit désormais défendre.
Le Russe Woronzow marche sur Stade. Les sources divergent quant à l’importance de sa garnison : 400, ou 800 hommes. Ce qui est certain, c’est que Laloy, qui vient d’être rejoint par le major van Ommerer (un Hollandais, sans doute), dispose de fantassins du 29e de ligne, de douaniers, de marins, de cavaliers démontés. Pour commander son artillerie, un simple sergent : Luizette.
27 novembre 1813. La disproportion des forces entre les Français et les Russes est écrasante. Woronzow a réuni de 4 à 5 000 hommes. Ils devraient ne faire qu’une bouchée de la faible garnison. L’assaut se fera par la porte de Bremeworde. Là, sont embusqués 25 soldats français. Autant dire une poignée. Pourtant, l’impensable se produit : ce poste résiste. Mieux : il repousse trois fois l’ennemi. Le général César de Laville, chef d’état-major du 13e corps, est dithyrambique : il parle de 200 cadavres russes laissés sur le terrain ! Exagération ? Toujours est-il que Woronzow, surpris par cette résistance inattendue, se contentera, pendant plusieurs heures, de bombarder et mitrailler la place. L’affaire dure sept heures, avant qu’il ne renonce.
La page est belle. Elle figurera en bonne place dans la série « Victoires et conquêtes », anthologie des campagnes de la Révolution et de l’Empire. Pour Davout, Laloy est définitivement un officier « doué d’une grande fermeté ». Ferme, mais pas obtus. Charge maintenant au Chaumontais d’évacuer Stade et de replier la garnison. Ce qui est fait à la barbe des Russes, deux jours plus tard, et ce sans oublier ni les blessés, ni les malades, ni l’artillerie et les munitions, se félicitera le général Laville.
Replié par le Holstein, le capitaine Laloy retrouve la place d’Hambourg, qu’il a connue lorsqu’il servait d’Hastrel. Davout a renoncé à marcher vers l’Ouest, et c’est là qu’il se fixe définitivement. Le Russe Benningsen vient bloquer ses 42 000 hommes, dont 8 0000 malades. En cet hiver 1813-1814, le siège d’Hambourg commence.
Pendant ce temps, la France est envahie, après la défaite de Leipzig. Mais cela, la garnison l’ignore : elle veille jalousement sur ce drapeau tricolore qui flotte non loin de la Baltique. Des mémorialistes célèbres, le général Thiébault, le chef d’escadron de Gonneville raconteront ce blocus émaillé de plusieurs combats.
Coupé de l’Empereur, le prince d’Eckmühl distingue ses combattants. Le 21 mars 1814, à titre provisoire, il nomme l’Eclaronnais Deponthon général de brigade, à 37 ans, et le Chaumontais Laloy chef de bataillon, à moins de 28.
Le jeune homme ne tarde pas à faire briller ses nouveaux galons. Lors d’une action offensive, le commandant Laloy, cet officier d’une « rare intrépidité » (général de Laville), prend la tête de 25 voltigeurs du 111e de ligne, progresse sur une digue étroite et s’empare de maisons occupées par les Russes. Au prix de deux blessés. Ce fait intervient peut-être le 2 avril 1814. Ce même jour, à quelques milliers de kilomètres de là, Napoléon 1er, qui a abdiqué, fait ses adieux à la Garde…

Le député Laloy, rappelons-le, a voté la mort de Louis XVI. Deux décennies plus tard, le frère du défunt roi monte sur le trône de France. Ce retour des Bourbons, les hommes du 13e corps bloqué à Hambourg n’oseront y croire. C’est pourtant la réalité. Fin mai, la garnison rentre en France.
Christophe Laloy est fils de régicide, mais il est avant tout un officier français : il servira le roi comme il a servi l’Empereur. Un poste l’attend : auprès du général Grundler, qui commande la 1ère division militaire, celle de Paris. Pour cela, le Chaumontais attend confirmation de son grade obtenu de Davout. Il multiplie les requêtes, auprès du général Gérard (qui avait pris la tête du 13e corps), du général Maison, du général de Beurnonville. Mais en septembre 1814, il n’a toujours pas obtenu satisfaction. Finalement, son grade chef d’escadron semble ne lui être définitivement attribué qu'au retour de Napoléon, au printemps 1815.
Le très compétent Davout se rallie à l'empereur, recevant le portefeuille du ministère de la Guerre. Et le maréchal bourguignon appelle à lui, comme aide de camp, le chef d’escadron Laloy. A qui il confie une mission d’importance : celle de s’assurer de la fidélité des places de la Picardie et du Nord de la France. Les instructions sont données le 22 mars 1815 : Laloy « est autorisé à suspendre tout officier qui opposerait la moindre résistance et qui voudrait persister à exécuter de prétendus ordres des agents du Roi, quelque soit leurs nom et titre… » Son itinéraire : Péronne, Arras, Douai, Lille, Valenciennes, Condé, Le Quesnoy, Maubeuge, Landrecies, « pour s’assurer que partout l’autorité de l’Empereur y est reconnue… »
La mission du Chaumontais commence le même jour. Le rapport qui sera fait cinq jours plus tard sera publié par « Le Moniteur ». Il ne laisse aucun doute sur sa fidélité à Napoléon… du moins à son retour : « J’y ai trouvé partout le même esprit, partout le même enthousiasme pour la personne de Sa Majesté… (A Péronne, devant le drapeau), c’est au cri de Vive l’Empereur ! que nous avons salué ce symbole de notre gloire. » Laloy arbore sur lui une cocarde et à cette vue, rapporte-t-il, des hommes du 8e dragons ont crié l’Empereur, lequel, selon Laloy, « est à nos yeux l’ange tutélaire qui doit rendre à notre belle patrie sa gloire et sa prospérité ».
De retour de cette virée enivrante, Laloy est dirigé sur l’île de Saint-Marcouf, en Normandie, pour l'approvisionner.
Menacé par l’Europe entière, Napoléon prend l’offensive, où se concentrent les Anglais, les Prussiens, les Hollandais. Ligny, Waterloo… L’armée du Nord est défaite. Seule son aile droite confiée au maréchal de Grouchy échappe au désastre. Elle retraite en bon ordre vers la France.
En coulisses, des dignitaires de l’Empire entendent négocier avec l’ennemi. Fouché a constitué une Commission de gouvernement chargée de traiter avec le maréchal prussien Blücher qui marche sur Paris. « Il vaut mieux sacrifier quelques places que de sacrifier Paris », insiste-t-il dans une dépêche destinée aux plénipotentiaires qui viennent de partir. Ceux-ci ont-ils touché Grouchy, qui vient de recevoir le commandement de l’armée du Nord ? Davout confie l’importante missive à son aide de camp chaumontais. Direction, le 28 juin 1815, à cheval, l’état-major de Grouchy, et donc les envoyés de la commission. Laloy rencontre le nouveau commandant de l’armée du Nord le même jour, à Villers-Cotterets, dans l’Aisne. Mais le maréchal n’a point vu les plénipotentiaires. Il les pense plutôt vers Senlis. Le cheval de l’officier est « exténué de fatigue et (peut) à peine marcher », rapporte Grouchy, mais Laloy reprend la route. Sa mission sera bientôt caduque : les ambassadeurs français ont été faits prisonniers aux avant-postes de Blücher…
Juillet 1815. Laloy cesse de servir le maréchal Davout, qui a quitté son ministère pour le commandement de l’armée de la Loire et qu’il a suivi jusqu’à Orléans. Quand ce dernier fait ses adieux à ses aides de camp, le 31 juillet, le Haut-Marnais ne figure plus dans son entourage.
Napoléon a abdiqué : bientôt, un navire britannique l’emmènera vers l’île de Sainte-Hélène. Louis XVIII est de retour.
Laloy sert-il le roi ? C’est peu probable. Il n’est d’ailleurs pas fait chevalier de Saint-Louis. Son père, rallié aux Cent-Jours (il a été nommé au conseil de préfecture de la Seine), est touché par la loi de proscription qui frappe notamment les régicides : il s’exilera à Mons, en Belgique, en 1816.
Christophe Laloy reste à Paris. Il réside au 24, rue de la Chaise. Il est malade, dit pudiquement Emile Jolibois. Son beau-frère Blaise Floriot – un Haut-Marnais qui travaille dans la capitale - parle de douleurs à la tête (des conséquences de ses blessures ?). En dépit de sa fragilité, l’officier entreprend de dresser le catalogue de la riche bibliothèque du député Laloy que celui-ci veut vendre. Le 21 août 1816, c’est la fin, imprévisible : à 30 ans, l’officier se tire un coup de pistolet à la tête. Il devait déjeuner le soir-même avec Floriot qui le voyait tous les jours…
« Succombant à la douleur, le vieillard (Pierre-Antoine Laloy a 67 ans) s’en prend à lui-même du coup qui l’atteint. Son fils, déjà souffrant, a été surchargé de travail et de soucis par l’inventaire à adresser et les démarches qu’il a dû faire en vue de la vente de la bibliothèque, et il en est mort ; c’est ce qui rend le père inconsolable », écrit l’abbé Lorain. Sa fille et son gendre tentent de le déculpabiliser : « Il a mis fin lui-même à sa triste vie », estime Emilie. « L’on ne doit attribuer sa mort qu’aux douleurs qu’il éprouvait à la tête », assure Blaise Floriot.
Le décès de ce fils unique affecte Mme Laloy. Elle meurt à Mons le 22 août 1819, pratiquement trois ans jour pour jour après la tragédie. Veuf, privé de l’affection de son fils, éloigné de sa fille, le député reste seul en Belgique, chez un artisan, jusqu’en 1830. De retour en France, grâce à l’accession au trône de Louis-Philippe (un ancien général de la République) il ne choisit pas Paris pour résidence, mais Chaumont, qu’il a quitté depuis 1792. Il y meurt, presque centenaire, en 1846. Il laissera, pour l’Histoire, des archives aujourd’hui conservées à Choignes. Parmi les 96 pièces du fonds Laloy, quelques unes relatives à la prometteuse et trop courte carrière de son fils Christophe…

[1] Citée par l’abbé Charles Lorain, dans sa biographie inédite du député Laloy. Ce manuscrit de 306 feuillets est consultable aux ADHM (cote 1 J 251).
[2] Une copie de l’acte de baptême figure dans le fonds Laloy (ADHM).
[3] Dont l’un des divisionnaires est Chaumontais : le général Antoine Girardon, mort à Paris en 1806.
[4] Selon le commandant Boppe, auteur d’une étude sur les Espagnols de la Grande-Armée (dont des extraits ont été publiés dans "La Sabretache").
[5] Selon l’abbé Lorain, biographe des frères Laloy.
[6] Selon Jolibois.
[7] Fonds Laloy, ADHM.

jeudi 7 août 2008

Charles-Louis Lapicque, le colonel oublié

La seule source relativement exhaustive sur la carrière de Charles-Louis Lapicque, c’est sa notice biographique publiée dans les inestimables « Fastes de la Légion d’honneur » (Lievyns, Verdot, Bégat, 1842-1844). Laquelle n’est toutefois exempte ni d’erreurs, ni d’omissions.
Ainsi, ce n’est pas le 10 mai 1756, ni en 1768 (comme l’écrit J. Colin, auteur d’une histoire de Joinville), mais bien le 10 mai 1765 que ce futur officier de cavalerie voit le jour dans la cité du compagnon de Saint-Louis, enfant du couple formé par Thomas Lapicque (et non Lapique) et Marie-Marguerite Hequet (source : état civil de la commune de Joinville).
Il a donc 20 ans lorsqu’il embrasse la carrière de soldat : le jeune homme s’engage en 1785 comme cavalier au régiment de Quercy. Brigadier l’année suivante, passé au régiment de chasseurs à cheval de Normandie (futur 11e de l’arme), le Joinvillois est promu sous-lieutenant à l’armée des Ardennes le 11 août 1793. Adjoint à l’état-major de l’armée de Sambre-et-Meuse, il se distingue à la bataille de Fleurus en 1794, où il est blessé d’un coup de feu à la jambe gauche. A Sprimont, encore, Lapicque s’empare de trois pièces de canon.
Lieutenant (an IV) à l’armée du Rhin, capitaine (an VI) à l’armée de Mayence, passé à l’armée dite « gallo-batave », le cavalier haut-marnais se distingue à l’affaire de Burgebarac, sous Augereau, ce qui lui vaut d’être promu chef d’escadron. Toujours sous le Consulat, en l’an XI, il rejoint le 8e chasseurs à cheval. Enfin, le 25 prairial XII, il est fait chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur.
C’est après cette promotion que la notice pêche par ses lacunes. Il est indiqué que Lapicque sert en Autriche, en Prusse et en Pologne (1805-1807), et qu’il est nommé major « de son régiment » le 29 janvier 1808. Là, les auteurs font erreur : c’est au 8e hussards qu’est affecté le major haut-marnais. Ce que confirment l’annuaire du département de la Haute-Marne de 1811 et Le Journal de la Haute-Marne, qui dans son édition du 10 avril 1810 précise que Lapicque a reçu une donation après avoir perdu un membre (cette blessure n’est pas mentionnée dans les Fastes – est-ce à Wagram ?). Le Haut-Marnais sert toujours au 8e hussards en 1813, puisque le maréchal Berthier suggère de lui confier le commandement du régiment. Quant à Colin, dans son histoire de Joinville, il croit savoir que cette même année, ce chevalier de la Couronne de fer aurait refusé de servir, comme colonel, le royaume de Naples (dont son compatriote dervois Pierre Berthemy est d’ailleurs maréchal de camp).
Reprenons la notice des « fastes » : officier de la Légion d’honneur le 23 décembre 1813, Lapicque est placé en non activité en août 1814. Chevalier de Saint-Louis le 1er novembre suivant – il sert alors aux hussards d’Angoulême – il est retraité le 18 août 1816 et décède à Strasbourg le 14 juin 1821.
Ce qui n’est pas précisé dans cette somme de travail, c’est que le Joinvillois aurait été promu colonel du 9e chasseurs à cheval le 5 juillet 1815 (à l’extrême fin des Cent-Jours), selon le numéro 17 de la revue « Gloire et Empire » - ce qui explique que le dictionnaire Quintin ne le recense pas parmi les colonels d'Empire -, puis qu’il a commandé, toujours comme colonel, la garde nationale de Strasbourg, en 1816-1817.
A noter que l’annuaire des officiers d’active de 1822 indique la présence comme employé, dans la 5e division militaire à Strasbourg, d’un élève intendant militaire nommé Lapicque. Est-ce un fils ?

lundi 28 juillet 2008

Jean-Baptiste Pelletier, Eclaronnais et général polonais

Le 9 décembre 1811, Gabriel de Jerphanion, préfet de la Haute-Marne, est saisi d’une curieuse requête. Régnier, duc de Massa, ministre de la Justice, sollicite une enquête sur la moralité de Jean-Baptiste Pelletier, fils d’un de ses administrés, qui demande à servir – ou plutôt à continuer à servir - le Grand duché de Varsovie. Pelletier « s’est distingué constamment », ne peut que répondre le représentant de l’Etat le 9 janvier 1812.
Si le gouvernement impérial souhaitait obtenir des gages des qualités de cet officier supérieur, il n’avait – sans doute l’a-t-il fait – qu’à interroger l’entourage du prince Joseph Poniatowski, qui ne tarit pas d’éloges sur cet artilleur. Voici par exemple ce qu’écrit, le 6 mai 1809, le général Bronkowski (courrier cité par Wladyslaw de Federowicz dans « 1809. Campagne de Pologne », volume 1, Paris 1911) : «Nous avons ici un Français, le général Pelletier, duquel le prince Poniatowski fait grand cas, c’est un homme d’un mérite distingué, il nous est d’un grand conseil et d’un grand secours, sans lui nous serions mal servi du côté de l’artillerie… » Le militaire haut-marnais ne pouvait prétendre à meilleur hommage…
Comme le sapeur Charles Deponthon, autre homme de mérite puisqu’officier d’ordonnance de Napoléon, Jean-Baptiste Pelletier est né à Eclaron en 1777. Fils d’un notaire (Laurent-Alexis, 1746-1823, époux de Marie-Jeanne Guérin), il a rejoint comme élève l’école d’artillerie de Châlons-sur-Marne en 1793. La légende veut qu’il soit sorti deuxième de sa promotion, derrière l’estimable Antoine Drouot. Capitaine en second l’année suivante – il n’a que 17 ans – Pelletier sert dans les armées du Nord et d’Italie avant de passer chef de bataillon en 1804. Major du 8e d’artillerie à pied deux ans plus tard, il est promu colonel commandant l’artillerie de réserve, après la bataille de Friedland, à l’âge de 30 ans. Baron d’Empire et chef de corps du 7e d’artillerie à pied, il passe au service du Grand duché de Varsovie le 4 mars 1809, avec le grade de général de brigade (polonais). Ainsi commence l’honorable carrière « polonaise » de l’officier haut-marnais.
Conséquence de l’entrevue de Tilsitt, le Grand duché de Varsovie est érigé en 1807 avec des provinces polonaises conquises à la Prusse, à l’issue de la Campagne de Pologne, sous la souveraineté de Frédéric-Auguste, roi de Saxe. Le prince Joseph Poniatowski, 44 ans, devient ministre de la Guerre du nouvel Etat. Des officiers français lui sont adressés pour organiser son armée, et parmi eux le colonel Pelletier, à qui la charge de l’artillerie (sa spécialité) et du génie est confiée.
Le Haut-Marnais va faire l’étalage de ses qualités lors de la méconnue Campagne de Gallicie qui voit les Autrichiens, de nouveau en guerre contre Napoléon, envahir le jeune Etat. Une bataille s’engage le 19 avril 1809 à Raszyn, au sud-est de Varsovie, face à des Polonais en infériorité numérique. « A deux heures de l’après-midi, les colonnes de l’infanterie ennemie parurent. La canonnade commença en avant de Falenty, il parut que nos batteries dirigées par le général Pelletier les incommodaient beaucoup », rapportera Poniatowski au maréchal Berthier (cité par Federowicz). Dans cette lutte inégale, Pelletier ne se contente pas de canonner. Selon son compatriote, le colonel Saunier, il prit la tête d’un bataillon d’infanterie, avec les généraux polonais Fiszer et Sokolnicki, pour le conduire à l’assaut des Autrichiens à Nadarzyn. Malgré les efforts déployés, Raszyn est une défaite. Deux jours plus tard, une convention entraîne l’entrée des Autrichiens dans Varsovie.
Mais les combats ne prennent pas fin. On retrouve Pelletier, le 3 mai 1809, à l’attaque de la tête de pont autrichienne d’Ostrowek, sur la Vistule. Il « monta à cheval avec le général Sokolnicki et se mit à la tête de la troupe », racontera Roman Soltyk, officier polonais ayant servi en Russie et auteur d’une « Relation des opérations de l’armée aux ordres du prince Poniatowski » (1841). Pelletier se rend surtout illustre dans la conquête de la ville de Zamosc (future patrie de Rosa Luxembourg), dont le prince Poniatowski l’a chargé. L’assaut se fait à l’aide d’échelles, le 20 mai 1809. Soltyk précisera que sur les 3 000 Autrichiens environ formant la garnison, 2 500 ont été capturés, au prix de la perte d’une trentaine de Polonais. L’historien ne peut que se louer des « excellentes dispositions » de Pelletier, sur lequel il portera un jugement plutôt flatteur. Il s’agit, écrira-t-il, d’un homme « plein de mérite et d’instruction… Il jouissait de la confiance particulière de l’Empereur… », un officier « d’un courage imperturbable au milieu des grands périls, laborieux dans le cabinet, plein de prévoyance dans le conseil.. »
L’héroïsme des Polonais a cette conséquence que Varsovie est évacuée, que Cracovie – après la victoire de Wagram – est occupée le 18 juillet. A l’issue de cette campagne, le grand duché gagne en superficie.
Pour Pelletier, qui paraît avoir été promu général de division « polonais » (Six ne mentionne pas cette promotion) et qui aurait créé l’école militaire de Varsovie, le destin reste indissociable du grand duché, dont l’armée forme le 5e corps de la Grande Armée en prévision de la Campagne de Russie. Le 3 mars 1812, Pelletier reçoit en effet le commandement de son artillerie et du génie. Selon Charles Mullié, il est fait commandant de la Légion d’honneur après la prise de Smolensk. Mais le Haut-Marnais ne sortira pas indemne de la retraite : le 8 novembre 1812, Pelletier est capturé à Wiasma. L’ennemi paraît le prendre en considération, puisque le royaliste Joseph de Maistre, dans ses écrits, rapportera que ce « personnage important » a été tué dans la bataille. Selon Jean-Marie Chirol (« 251 personnages du pays haut-marnais »), Pelletier, prisonnier des Russes, aurait pris la défense de ses hommes captifs, ce qui lui aurait valu un isolement.
Après la première abdication de Napoléon, Pelletier entre brièvement au service du royaume de Pologne (Poniatowski est mort entre-temps lors de la bataille de Leipzig), avant de rentrer en France le 1er août 1814. Il est alors promu maréchal de camp français mais mis en non activité. Chevalier de Saint-Louis, commandant de la place de Givet, il obtient un commandement aux Cent-Jours : il commande en effet l’artillerie du 2e corps à Waterloo.
Le retour des Bourbon ne met pas un terme à son honorable carrière : en 1817, il commande l’école d’artillerie de Valence, puis l’année suivante celle de Toulouse. Il sert en Espagne en 1823, commande l’école d’application de l’artillerie et du génie à Metz, devient inspecteur général de l’artillerie, avant d’être retraité en 1848. Grand-croix de la Légion d’honneur sous le Second Empire, il meurt à Versailles en 1862, ultime survivant des généraux haut-marnais de l’Empire. Son nom est gravé sur l’Arc de triomphe.
Pour l’anecdote, l’écrivain Sainte-Beuve sera l’amoureux éconduit de sa fille. A noter également que deux frères du général se sont distingués sous l’Empire : Charles-Alexis, né en 1786, tanneur, choisi pour être lieutenant au 1er bataillon de la garde nationale de la Haute-Marne (1809) puis, autorisé à passer dans la ligne, désigné pour rejoindre le 28e léger à l’armée d’Espagne d’ici au 5 octobre 1810. Lieutenant au 1er bataillon de ce corps, il est mortellement blessé d’un coup de feu à la poitrine, hospitalisé à Bayonne le 28 juillet 1813, où il décède le 14 août ; et Claude-Laurent, né en 1779, tanneur à Eclaron, lieutenant de la garde nationale, fait membre de la Légion d’honneur le 28 janvier 1814 par Napoléon – de passage dans le bourg au lendemain de sa victoire à Saint-Dizier - pour son rôle dans la capture de soldats alliés. A noter enfin qu’un cousin du général, Joseph-Emile Guérin, né à Morlaix (Morley, dans la Meuse ?) en 1788, fils d’un professeur au collège de Saint-Dizier, est parti le rejoindre en Pologne. Il s’agit sans doute de ce lieutenant Guérin, aide de camp du général Pelletier en Russie….
Sources complémentaires : Georges Six (« Dictionnaires des généraux de la Révolution et de l’Empire ») ; archives départementales de la Haute-Marne.

dimanche 27 juillet 2008

Grognards du 14e de ligne : lettres V - Z

Vacherot Louis. De Bassoncourt, lieutenant au 14e, pour mémoire.
Vachet François-Jean (Bourbonne). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Vachey Antoine (Aubepierre 1786). Part le 12 octobre 1806 pour le 14e RI.
Vaillant Guillaume (Breuil-sur-Marne - Metz 1807). Part le 26 janvier 1807 pour le 14e. Fusilier dans la 5e cie du I/14e, hospitalisé le 23 novembre 1807, mort le 27 décembre, à 20 ans.
Vaillant Jean (Effincourt). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Vaillon Simon (Corgirnon). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI.
Valantin Jean-François (Varennes). De la classe 1809, part le 25 avril 1808 pour le 14e RI.
Val(l)ette François-Gaspard (Bourbonne – Saragosse 1809). De la classe 1809, part le 25 avril 1808 pour le 14e RI. Fusilier dans la 2e cie du II/14e, hospitalisé le 16 mai 1809, mort le 31.
Vallin (ou Vallon) Claude-François (Humbécourt – Alagon 1809). Part le 1er juillet 1808 pour le 14e. Soldat dans la 1e cie du I/14e RI, mort le 2 mars 1809.
Vallette (ou Valotte) Henry (Wassy – Marienwerder 1807). Part le 26 janvier 1807 pour le 14e RI. Fusilier dans la 7e cie du III/14e, hospitalisé le 27 mai 1807, mort le 28.
Vallon Christophe (1788). Originaire de Torcenay, part le 20 juin 1807 pour le 14e RI. Fusilier, réformé, en 1811.
Va(l)lot Michel (Baissey – Pampelune 1808). De la classe 1809, part le 25 avril 1808 pour le 14e RI. Fusilier dans la 3e cie du III/14e, hospitalisé le 3 décembre 1808, mort le 30.
Valton Jean-François (Luzy). Appelé avec les classes ans XI et XII. Peut-être Jean-Louis, fusilier dans la 4e cie du II/14e RI, condamné par contumace le 16 décembre 1809 comme déserteur, en fait blessé à Austerlitz et mort le 11 ou 12 frimaire an XIV selon trois anciens du 14e de son canton.
Vandangeot François (1788). Originaire de Fresnoy, part le 16 juillet 1808 pour le 14e RI.
Vandangeot Pierre (Morimond – Pampelune 1808). Originaire de Fresnoy, de la classe 1809, part le 25 avril 1808 pour le 14e. Fusilier dans la 4e cie du II/14e RI, hospitalisé le 4 novembre 1808, mort le 29.
Varandal Pierre (Montcharvot 1787). Domicilié à Voisey, part le 8 février 1807 pour le 14e RI. Sert jusqu’au 19 novembre 1810, MSH à Melay.
Varné Jean (Chalindrey - Varsovie 1807). Fusilier dans la 4e cie du II/14e RI, hospitalisé le 15 février 1807, mort le 5 avril, à 21 ans.
Varney François (Chalindrey 1787). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI. Sans doute François Verney (sic), de Chalindrey, fusilier dans la 5e cie du II/14e de ligne, hospitalisé le 30 juin 1807, mort le 12 juillet à Bromberg.
Varney Jean (Les Loges). Domicilié à Torcenay, appelé avec les classes ans XI et XII. Né aux Loges en 1781, en service le 29 janvier 1804 au 14e RI, grenadier au I/14e, présumé tué à Eylau (source : Quintin).
Varney Jean-Jacques (Le Paily). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Varney Nicolas (Saulles). Part le 12 octobre 1806 pour le 14e RI.
Varnier Jean-Baptiste (Saint-Dizier). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI.
Varnier Joseph-Augustin (Poulangy 1788). Part le 16 juillet 1807 pour le 14e RI.
Vasseur François-Bonnaventure (Reynel, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Vatre Claude (Fayl-Billot 1788). Part le 20 juin 1807 pour le 14e RI.
Vattelet Augustin (+ Ulldecona 1810). Grenadier au I/14e RI, blessé d’un coup de feu à l’abdomen, hospitalisé le 5 novembre 1810, mort le 6.
Vauchelet Louis-Maurice (Wassy 1786). Part le 31 août 1811 pour le 14e RI. Sert jusqu’au 3 mars 1815, au 8e RA, au 26e RD, et à Langres durant les Cent-jours. MSH.
Vaudin Joseph (+ Custrin 1807). Fusilier dans la 5e cie du I/14e de ligne, hospitalisé le 12 septembre 1807, mort le 17 octobre. Est-ce ce conscrit de Villiers/Marne, né en 1786, parti le 12 octobre 1806 ?
Vaudin Nicolas (Rouvroy-sur-Marne 1787). Part le 1er octobre 1807 pour le 14e RI.
Vaugenot Jacques (Brainville, 1789 – Pampelune 1809). Part le 10 avril 1808 pour le 14e RI. Fusilier dans la 1e cie du II/14e, hospitalisé le 1er octobre 1809, mort le 19.
Vaugien François ou Pierre-Marie (Bussières-lès-Belmont, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Vaugien Nicolas (Bize, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Vaulot Pierre (Champigny-lès-Langres 1784 - Marienwerder 1807). Fusilier dans la 8e cie du III/14e de ligne, hospitalisé le 30 mai 1807, mort le 4 juin.
Vauthier Charles (Louze - Obrowitz 1806). Fusilier dans la 6e cie du I/14e de ligne, blessé à Austerlitz, hospitalisé le 1er février 1806, mort le 6 mars.
Vauthier Jean-Baptiste (1788). Originaire de Varennes, part le 16 juillet 1807 pour le 14e RI.
Vautrain Jean-Baptiste (Bourmont 1782 – Cabrera 1814). Voltigeur au 14e RI, mort le 9 mars 1814.
Vautrin Alexis-Nicolas (Huilliécourt). Domicilié à Malaincourt, part le 26 janvier 1807 pour le 14e RI.
Vautrin Claude (1789, Villiers-en-Lieu – Bonados 1812). Part le 10 avril 1808 pour le 14e RI. Mort le 3 février 1812.
Vautrin Claude-François (1782). Originaire de Voisey, part le 20 juin 1807 pour le 14e RI.
Vautrin François (Clinchamp - Varsovie 1807). Appelé avec les classes ans XI et XII. Grenadier au I/14e de ligne, blessé le 26 décembre 1806 à Pultusk d'un coup de feu à la cuisse, hospitalisé le 29 à Vienne, décédé le 1er mai 1807.
Vautrin François (1788). Originaire d’Anrosey, part le 16 juillet 1807 pour le 14e RI. Sergent-major au 14e, jusqu’au 16 février 1815, puis lieutenant dans la 3e cie du 2e bataillon de chasseurs de l’arrondissement de Langres (4 juillet 1815). MSH.
Vautrin Jean-Baptiste (Bouzancourt - Kolozomb 1806). Fusilier dans la 6e cie du II/14e de ligne, tué le 24 décembre 1806 à Kolozomb.
Vautrin Jean-Claude (Frécourt 1788 – Pampelune 1809). Domicilié à Epinant, part le 20 juin 1807 pour le 14e RI. Fusilier dans la 3e cie du IV/14e, hospitalisé le 3 novembre 1808 (ou le 1er janvier 1809), mort le 2 janvier 1809.
Vautrin Nicolas (Outremécourt). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI.
Vautrin Pierre-Joseph (Montier). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Veilletet Jean (Percey-le-Pautel - + an XIV). Fusilier au 14e RI, condamné par contumace le 12 pluviose an XII, mort à l’hôpital le 20 frimaire an XIV.
Vendeur Thomas (Grenant – Pampelune 1809). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI. Fusilier dans la 2e cie du II/14e, hospitalisé le 19 décembre 1808, mort le 27 janvier 1809.
Vendeur Toussaint (Langres - Thorn 1807). Voltigeur dans la 1e cie du 14e de ligne, blessé, hospitalisé le 1er mars 1807, mort le 3.
Vernené ( ?) Jean (+ Breslau 1807). Fusilier dans la 1e cie du I/14e de ligne, hospitalisé le 6 avril 1807, mort le 7, à 26 ans.
Vernet Nicolas (Fayl - Bromberg 1807). Fusilier dans la 3e cie du I/14e de ligne, hospitalisé le 13 avril 1807, mort le 25.
Vernier Augustin (Poulangy – Pampelune 1809). Fusilier dans la 1e cie du 14e RI (ou 3e cie du IV/14e), hospitalisé le 2 janvier 1809, mort le 8.
Vernier Pierre-Agnan (Poulangy 1790). Domicilié à Louvières, part le 19 avril 1810 pour le 14e RI.
Vernier Simon (Bourbonne). Part le 12 octobre 1806 pour le 14e RI.
Verrat Antoine-Edme (Rozières). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Verrière Nicolas (Chantraines 1786). Part le 12 octobre 1806 pour le 14e RI.
Ver(r)y Philippe (Noidant-le-Rocheux - Ettlingen 1806). Appelé avec les classes ans XI et XII. Fusilier dans la 3e cie du II/14e de ligne, hospitalisé le 12 mars 1806, mort le 16
Veslot Nicolas-Victor Sert de 1814 à 1816, dans la 2e cie du III/14e de ligne. MSH à Beurville (64 ans).
Vial Antoine (Doulevant, 1786). Part le 12 octobre 1806 pour le 14e RI.
Viard Ciriac-Joseph (1789, Osne-le-Val). Part le 10 avril 1808 pour le 14e RI. Sert jusqu’en 1816, pensionné. MSH.
Viard François (Osne-le-Val). Part le 26 janvier 1807 pour le 14e RI.
Viard Jean (Pressigny). De la classe 1809, part le 25 avril 1808 pour le 14e RI.
Viat Antoine (Poiseul - Thorn 1807). Caporal à la 8e cie du II/14e de ligne, blessé à la cuisse droite à Eylau le 8 février 1807, décédé le 8 mars à l'hôpital, à 27 ans.
Viciot Charles-Nicolas (Saint-Dizier – Eylau 1807). Appelé avec les classes ans XI et XII. Selon Quintin : né en 1781, en service le 26 février 1804, fusilier dans la 8e cie du II/14e RI.
Viennot François (1788). Originaire de Farincourt, part le 20 juin 1807 pour le 14e RI.
Viennot Laurent (Cour-l’Evêque). Appelé avec les classes ans XI et XII. Sert au 14e RI, puis dans la garde nationale de son village en 1809.
Vigier PierreNicolas (Ceffonds, 1790 Maubeuge 1810). Parti le 14 juin 1809. Fusilier à la 1ère cie du 14e de ligne, hospitalisé le 26 avril 1810, décédé le 10 mai de la fièvre, à l'âge de 20 ans.
Vignardet Pierre (Pouilly, 1789). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Vigneron Philippe Sert de 1801 à 1809 au 14e de ligne. MSH à Rochetaillée (77 ans).
Vigneron Nicolas (Outremécourt – Liège an XIII). Fusilier dans la 7e cie du III/14e RI, mort le 8 ventôse an XIII à 25 ans.
Villaumay Jean-Evangéliste (Gironville, Meuse). Domicilié à Osne, part le 10 août 1809 pour le 14e RI. Substitué avec son frère Charles-Joseph (Villaumé), en 1809.
Villeminot François (Aulnoy, 1787 – Montignac 1809). Part le 1er octobre 1807 pour le 14e. Fusilier dans la 3e cie du IV/14e RI, hospitalisé le 20 octobre 1808, mort le 28 mars 1809.
Villeminot Hypolite Sert au 14e RI du 25 mai 1806 au 26 mars 1808. Blessé à Eylau. Sert aux Cent-Jours. MSH à Saint-Broingt-le-Bois (76 ans).
Villemot Remy (Courcelles, canton de Langres 1787). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI.
Villet François (Arbigny-sous-Varennes, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Villetet Jean (Percey-le-Pautel – an XIV). Du 14e RI, condamné à sept ans de travaux pour désertion le 12 pluviose an XII. Mort en service le 20 frimaire an XIV.
Vincent Etienne (Langres 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Vincent Jeannot (Cirey ? - Elbing 1807). Fusilier dans la 7e cie du II/14e de ligne, hospitalisé le 28 juin 1807, mort le 5 juillet à 26 ans.
Vinot Jean-Baptiste (Vignory - Ulm 1806). Caporal au I/14e de ligne, hospitalisé le 19 février 1806, mort le 5 avril.
Vinotte François (Maatz – Eylau 1807). De la classe an XIV, destiné au 14e RI. Selon Quintin : né à Prauthoy en 1785, entré en service le 13 décembre 1805, fusilier dans la 8e cie du I/14e.
Vitaux Pierre (Rangecourt ?, canton de Clefmont). Part le 12 octobre 1806 pour le 14e RI. En service le 21 octobre, fusilier à la 8e cie du II/14e, présumé tué à Eylau (selon Quintin).
Vitrey François (Aubepierre, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Vivant Nicolas-François (1789, Saint-Dizier). Part le 10 avril 1808 pour le 14e RI.
Vivien Henry-Isidore (Thonnance-lès-Joinville). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Vivien Jean-Baptiste (Sailly - Sedan 1807). Né à Poissons, part le 8 février 1807. Fusilier dans la 1ère cie du III/14e de ligne, hospitalisé le 17 novembre 1807, mort le 18, à 20 ans.
Vivienne Remi (+ Saragosse 1809). Fusilier dans la 2e cie du I/14e RI, hospitalisé le 11 mai 1809, mort le 14.
Voillaume Maximilien-Ferdinand (Vouécourt ou Vraincourt, canton de Vignory 1786). Domicilié à Chaumont, part le 25 octobre 1806 pour le 14e RI.
Voillemain Jacques (Chevillon, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.
Voillemin André (Villemoron). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Voillemin François (Condes). Part le 16 juillet 1808 pour le 14e RI. Est-ce Pierre, né à Condes le 10 janvier 17/88, parti le 14 juillet 1808, sert jusqu’en 1815, caporal, MSH.
Voillemin Pierre (Condes 1788). Part le 14 juillet 1808, sert caporal au 14e de ligne, jusqu'en 1815. MSH.
Voillemot François (Damrémont 1787). Part le 8 février 1807 pour le 14e RI, sert jusqu’au 12 juillet 1815, MSH.
Voillequin Nicolas (Bourbonne). Appelé avec les classes ans XI et XII. Sert de l’an XII à 1814, au 14e RI, dans la marine. MSH (74 ans).
Voillot Charles (Ecot). De la classe an XIV, destiné au 14e RI.
Voillot Pierre (Chamouilley 1787). Forgeron, part le 24 avril 1807 pour le 14e RI.
Voillot François (Lanques-sur-Rognon 1789). Domicilié à Noncourt, part le 10 avril 1808 pour le 14e RI. Sert jusqu’au 12 avril 1811. MSH.
Voillot Jean-Baptiste (1789, Chamouilley). Part le 10 avril 1808 pour le 14e RI.
Voillot Joseph (Poissons 1791). Domicilié à Brousseval, part le 10 décembre 1812 pour le 14e RI.
Voirin Georges (Balesme, 1789). Part le 10 avril 1808 pour le 14e RI. Sert jusqu'en septembre 1814. MSH à Bologne.
Voisey Jean-Baptiste (Fayl-Billot). De la classe 1809, part le 25 avril 1808 pour le 14e RI.
Volignier André (+ Custrin 1807). Fusilier dans la 3e cie du I/14e de ligne, hospitalisé le 23 août 1807, mort le 5 septembre.
Vollant Nicolas (Brethenay 1787). Part le 26 janvier 1807 pour le 14e RI.
X… (Chaumont 1787). Part le 26 janvier 1807 pour le 14e RI.Zacharie Dominique (Les Loges, 1790). Part le 21 mai 1809 pour le 14e RI.