samedi 28 mars 2009

Médaillés de Sainte-Hélène : de Ceffonds à Chalmessin

Ceffonds :
Beurville Louis (7 octobre 1779). Il sert du 25 thermidor an XI au 15 novembre 1811, comme soldat au train d’artillerie de la Garde. Légionnaire le 9 juillet 1809.
Cherry Joseph (1787). Originaire de Ceffonds, manouvrier, il part le 24 avril 1807 pour le 14e de ligne. Captif à Cabrera, il sert jusqu’en 1815. Note : ou Cheny.
Des Etangs (Pierre-Nicolas Chaale). Né à Ceffonds le 6 mai 1794, il sert à compter du 20 février 1813 comme chirurgien sous-aide. Nommé chirurgien aide-major le 13 juillet 1813 par l’empereur « lui-même », il sert à Magdebourg, jusqu’en juillet 1814. Il sera maire de Ceffonds, conseiller général de Montier-en-Der (1848-1865), membre de la Légion d’honneur. Mort à Ceffonds le 6 août 1865.
Diderot Nicolas-Remy (Montier-en-Der 1er août 1787). Domicilié à Vitry (Marne), il part le 21 janvier 1807 comme conscrit pour le 14e de ligne. Lieutenant (1813) dans ce régiment, il sert durant les Cent-Jours. Il sera capitaine au 9e léger, et cesse de servir en 1838. Membre de la Légion d'honneur. Mort à Ceffonds le 20 février 1864.Didon Etienne (1er juillet 1789). Il sert du 25 octobre 1808 au 31 janvier 1810, au 75e de ligne (comme soldat).
Fenat François, né le 31 janvier 1792, il sert du 17 avril 1812 à 1820, au 4e d’artillerie à pied (sergent).
Varnier Remy (1778). Il sert jusqu’en septembre 1814, au 22e de ligne, comme sergent.

Celsoy
Bourceau Pierre (1792). De Celsoy, il part le 9 mars 1812 pour le 17e dragons. Y sert jusqu’en juin 1814.
Bourceau(x) Etienne (Celsoy 1785). Il part le 28 septembre 1806 pour le 105e de ligne, y sert jusqu’en 1808.
Febvre Jean-Pierre, né vers 1794, il sert jusqu’en juillet 1814 au 4e bataillon du 1er régiment de la Haute-Marne.
Garnier François, né vers 1788, il sert dans la 1e compagnie de grenadiers du I/RHM.
Lamas Etienne, né vers 1791, il sert en 1813-1814 et 1815 au 1er bataillon de la garde nationale de la Haute-Marne.
Nallet Jean-Baptiste, né vers 1783, il sert à partir de 1812 dans la garde nationale.
Prodhon François, né le 1er février 1783, il sert de l’an XIV à octobre 1814, au 34e de ligne, comme caporal.

Cerisières
Lemoine Nicolas, né vers 1779, il sert du 15 messidor an XI à septembre 1815, comme ouvrier du génie maritime.
Lerouge Edme, né vers 1794, il sert d’avril au 25 juillet 1815, au 1er voltigeurs de la Garde.

Chalancey
Bernard Nicolas, né vers 1794, il sert du 18 mars 1813 à juillet 1815, au 93e de ligne, comme fourrier, puis au 2e bataillon de la garde nationale à Langres.
Girardot Claude, né vers 1775, originaire d’Aujeurres, il sert du 12 juillet 1793 au 1er thermidor an XIII, au 21e de ligne. Blessé.
Mugnier François, né vers 1773, il sert du 1er juin 1791 à 1800, dans une compagnie du train d’artillerie.
Parmain Jean-Baptiste, né vers 1787, il sert du 28 avril 1808 à 1816, dans la compagnie de la Haute-Marne, passe au 6e chasseurs à cheval (1810), est nommé maréchal des logis.
Ronot Claude (Chalancey, 1793). Il part le 23 novembre 1813 pour le 139e de ligne. Passé au 2e léger, caporal, il est blessé à Waterloo.

Chalindrey
Balland Claude, né en 1794, il part le 20 novembre 1813 pour le 93e de ligne, sert dans la compagnie de grenadiers du IV/93e, puis dans celle du III/34e de ligne, jusqu’en juin 1815.
Cavisot ( ?) Nicolas, né vers 1779, il sert de 1802 à juillet 1815 au 14e de ligne.
Garnier Nicolas (Chalindrey 1791). Il part le 10 avril 1811 pour le 57e de ligne. Blessé à Smolensk, il reçoit une gratification en 1813.
Gorgeot Didier, né vers 1782, il sert jusqu’à la chute de Napoléon au 34e de ligne.
Metrier Charles, sert du 16 septembre 1793 à l’an X au 3e bataillon du train d’artillerie.
Mouilleron Jean, né vers 1788, il sert de 1807 à 1815 au 7e régiment d’artillerie.
Varney Etienne, né vers 1791, incorporé au 24e léger (1810), il sert en Russie, est fait prisonnier au cours de la retraite. Rentré (1814), il est blessé à Ligny.

Chalmessin
Bratigny Jean, né vers 1784, il sert du 20 mai 1804 à décembre 1807, au 18e léger.
Chabrat François, né vers 1784, il sert du 19 vendémiaire an XIII au 30 floréal an XI, dans la 79e demi-brigade.
Geliquot Nicolas, né vers 1776, il sert de septembre 1799 à septembre 1806, au II/101e RI.
Minot Claude, né vers 1780, il sert à partir du 19 novembre 1798, dans la 109e demi-brigade, au régiment Ile de France, au 29e léger, dans les tirailleurs de la garde (1815). Est-ce le lieutenant du 10e léger en activité à Chalmessin, fin 1815.
Peltiet Pierre, né vers 1787, il sert du 20 mai 1812 à août 1815, au 105e de ligne.

jeudi 26 mars 2009

Le général Gauthier, doyen des généraux haut-marnais

Etienne Gauthier est né à Balesme-sur-Marne, aux sources de la Marne, près de Langres, le 11 août 1761. Il est le fils de François, laboureur, et de Catherine Testet. A 20 ans, le 22 mars 1782, il s’engage au régiment d’Auvergne. Avec ce corps (futur 17e RI), il sert en mer, à la Martinique, sous Grasse, durant les deux premières années de son service. Son congé intervient le 22 mars 1790.
Deux ans plus tard, le 15 octobre 1792, il passe capitaine au 2e bataillon de volontaires de la République, dont il commande la 2e compagnie. Selon Chassin (« Les volontaires nationaux »), il exerçait alors la profession de coordonnier. Jusqu’en 1796, il sert dans les armées du Rhin, de l’Ouest, de Rhin-et-Moselle. Le 22 octobre 1796, Gauthier rejoint la 64e demi-brigade de l’armée d’Angleterre, puis deux ans plus tard l’armée de Mayence. Il sert à l’armée du Rhin lorsqu’il est promu chef de bataillon le 25 juillet 1800.
De 1803 à 1807, il est au camp de Boulogne. Le Haut-Marnais ne serait donc pas à Austerlitz (deux bataillons du 64e servent toutefois en Autriche au sein de la division Gazan), ni à Iéna, ni à Eylau. Le 13 septembre 1808, à 47 ans, il succède à Antoine Lafond comme colonel du 120e de ligne, créé la même année à partir des 17e et 18e régiments provisoires d’infanterie.
Dès lors, Gauthier va se battre continuellement dans la péninsule ibérique (le 120e aura sur ses drapeaux les noms de batailles de Medina del Rio Secco, Santander, Les Arapiles, Toulouse). Il sert dans la division Bonet du 2e corps de l’armée d’Espagne, dont les 119e et 120e de ligne tiennent Santander et Saint-Vincent, en janvier 1809. Bonnet rapporte au maréchal Jourdan (le 12 juin 1809) que la marche d’un parti sur Saint-Vincent l’a obligé à détacher, sous Gauthier, deux bataillons du 120e ayant pour objectif d’ « exterminer les partisans qui menaçaient (ses) derrières à Santander. » Le général précise que toutes les positions entre le Pont d’Ariès et Santander sont alors attaquées à la baïonnette, et le 11 juin 1809 à minuit, deux bataillons du 120e entrent dans Santander, où ils rencontrent une farouche résistance. Bonnet parle de « deux heures de carnage ». L’année suivante, toujours avec le 120e, le Haut-Marnais est blessé au pied droit et à la cuisse gauche, par trois balles, à Fresno, le 6 septembre 1810 – combat distinct des affaires ultérieures de Fresno marquées par les succès du général Valleteaux. Quelques semaines plus tard, il est fait officier de la Légion d’honneur.
C’est le 7 février 1812 – un mois auparavant, il servait dans la 1ère brigade de la division Bonnet de l’armée du Nord - qu’il obtient les étoiles de général de brigade. A 50 ans et demi, c’est – au moment de sa promotion - le doyen des généraux haut-marnais de l’Empire. Gauthier est brigadier dans la 8e division Bonet – il commande six bataillons des 118e et 120e de ligne - de l’armée du Portugal qui, sous Marmont, est défaite aux Arapiles. Il se bat ensuite à Pancorvo le 24 septembre 1812.
Puis on le retrouve au sein de la division Maucune (la 5e, selon l’ordre de bataille de l’armée du Portugal) de la même année : il remporte un succès à Monasterio le 19 octobre 1812, puis enlève le pont de Triguéros le 25 octobre.
En 1813, il est dans la 8e division de l’armée, puis dans la 6e au 30 avril. Il commande les 118e et 119e de ligne de la division Lamartinière à Vitoria. On le retrouve à la tête de la 1ère brigade de la 9e division de l’armée du Midi le 16 juillet 1813 (mais selon un précis des campagnes de la péninsule, il commande la 2e brigade, composée des 120e et 122e de ligne, de la division Lamartinière lorsque par le col de Belate puis le col de Maya, il se replie en France). Baron d’Empire (11 novembre 1813), il combat sur la Nive le 9 décembre 1813.
Le général Gauthier fait alors partie des troupes d’Espagne dirigées sur l’armée dite de Champagne le 22 janvier 1814 – il ne se bat donc pas à Orthez où lutte son cher 120e régiment et où le capitaine François est blessé : il est affecté le 7 février au 7e corps du maréchal Oudinot, commandant une brigade de la division Pierre Boyer (ex-9e de l’armée des Pyrénées). Six jours plus tard, il se bat dans la région de Bray-sur-Seine. Selon Guillaume de Vaudoncourt (« Histoire des campagnes de 1814 et 1815 », p. 359-360), Gauthier est envoyé par Oudinot avec environ 1 000 hommes et trois canons pour reprendre Luistenaines qui vient d’être occupé par les Bavarois. Le combat qui s’engage permet de reprendre la moitié du village, mais l’arrivée en renfort d’un bataillon et de quatre canons envoyés par le général de Wrède entraîne la perte de Luistenaines. Gauthier est grièvement blessé, d’un coup de feu à la tête. Pour l’enfant de Balesme, soigné à Paris, c’est la fin de la campagne.
Placé en non activité à Tours le 1er septembre 1814, chevalier de Saint-Louis le 25 octobre, il commande, aux cent-jours, la ville, le château et l’arrondissement de Saumur (25 mai 1815). Retraité le 6 octobre, il décède à Tours le 19 avril 1826.
On a écrit, à tort, que le nom d’Etienne Gauthier figurait sur l’Arc de Triomphe. La confusion vient que plusieurs généraux d’Empire ont porté ce nom : Jean-Joseph Gauthier (1767-1815), né à Septmoncel (Jura), colonel du 37e de ligne, général de brigade, mortellement blessé à Waterloo ; Jean-Pierre Gauthier (1765-1821), né également à Septmoncel, colonel du 25e dragons, général de brigade (1813) ; Nicolas-Hyacinthe Gautier (1774-1809), né en Bretagne, général de brigade, chef d’état-major du 2e corps, mortellement blessé à Wagram.

Un brave : le capitaine Louis François, de Donnemarie

L’anthologie « Fastes de la gloire » (de Louis-François L’Héritier, 1819) a retenu, parmi les noms des braves des armées impériales, celui du capitaine Louis François, originaire de Donnemarie (canton de Nogent). Un officier qui a constamment servi dans la péninsule ou dans les Pyrénées, de 1808 à 1814.
Fils d’Etienne et Madeleine Royer, il naît le 4 mars 1786. Destiné au notariat, il entre comme vélite des grenadiers à pied de la Garde le 18 mars 1806. Il sert en Prusse, et c’est à cette occasion que selon une tradition familiale, Napoléon lui aurait dit : « Tu es trop grand pour être fantassin, tu passeras dans ma cavalerie ». Sous-lieutenant le 4 avril 1808, il part pour Bayonne où il apprend qu’il doit être affecté au 19e de ligne, corps destiné à créer le 120e de ligne. Mis sur pied pour servir dans la péninsule ibérique, ce régiment ne la quittera qu’à l’hiver 1813-1814… De 1808 à 1812, il sera, coïncidence, aux ordres d’un Haut-Marnais, le colonel Gauthier - qui fera l’objet d’un autre coup de projecteur, et comptera parmi ses officiers le capitaine Colas, de Montreuil-sur-Thonnance, et le lieutenant Reine, de Graffigny-Chemin.
Affecté dans la division Bonet du 2e corps que commande le maréchal Soult, le régiment, qui s’est battu en juillet 1808 à Medina del Rio Seco, ne participe pas à la poursuite des troupes anglaises jusqu’à La Corogne, mais lutte contre les soldats espagnols du général Ballesteros dans la province des Asturies. Pour le jeune officier haut-marnais, c’est l’occasion de s’illustrer dans un premier fait d’armes qui intervient lors du passage de la rivière Deba, action que l’auteur des « Fastes » situe en avril 1809, Albert Depreaux (dans La Sabretache) le 22 mai (ce jour-là, en effet, le chef de bataillon Chantreau est effectivement tué au passage de la rivière, selon Martinien), et le général Bonet le 9 mai. Lisons : « Le colonel Gauthier reçoit aussitôt l’ordre de traverser le torrent, qui est toujours impétueux et profond n’est guéable dans aucune saison : il était alors enflé par la fonte des neiges, et quinze mille hommes de l’armée de Balesteros, avec quatorze pièces d’artillerie postés sur la rive gauche, attendaient les Français pour leur disputer le passage au bac de Pissués. Les obstacles et les périls étaient incalculables ; l’intrépide François n’en est pas effrayé ; il s’élance dans les flots en criant : « Que ceux qui m’aiment me suivent », et sous une grêle de balles et de boulets, il parvient en nageant à la rive opposée : quatre braves l'ont suivi, avec eux il saute plus rapidement que l'éclair dans les retranchements des Espagnols ; les premiers qui se présentent à eux sont désarmés, tandis que les autres épouvantés prennent la fuite. François et les quatre compagnons de son heureuse témérité, font chacun un prisonnier par qui ils se font aider à mettre à flots les barques qui doivent servir à transporter leurs camarades. En un instant ils les ont amenées sur la rive droite; déjà le général Bonnet a volé à la rencontre du sous-lieutenant François, il le reçoit dans ses bras, et le félicitant sur le succès de son entreprise, il lui demande quelle récompense il désire. - L'honneur de passer le premier, répond l'officier; le général le lui accorda : le torrent fut franchi, on fit un grand nombre de prisonniers, et les quatorze canons restèrent en notre pouvoir. Dès ce moment, aucune barrière ne ferma plus à nos troupes, l'entrée de la province des Asturies. » Précision d’Albert Depreaux : François, qui s’était déshabillé, a passé la rivière le sabre entre les dents…
Promu lieutenant le 26 novembre 1810, l’enfant de Donnemarie se distingue encore à plusieurs reprises. « En 1811, un bataillon du 120e, s'étant porté trop précipitamment en avant, sans avoir éclairé ses flancs, se trouva tout-à-coup débordé par un ennemi nombreux qui le força à se replier en désordre. Dans cet instant critique, François qui, comme lieutenant, guidait une compagnie du centre, s'aperçoit qu'il n'y a plus d'officier en tête de la compagnie de grenadiers dont le capitaine et le lieutenant grièvement blessés, sont hors de combat : sans perdre de temps , il confie à son sous-lieutenant le commandement de sa troupe, court aux grenadiers, les rallie, les conduit à la charge, se précipite avec eux sur les Espagnols, qui commençaient à chanter victoire, les culbute, et les chasse des hauteurs de Grado, après avoir sabré les plus audacieux et fait deux prisonniers.
En 1812, le lieutenant François commandait au village de Berbés entre Eiva-de-Sella et Colunga, un poste de soixante hommes ; enfermé avec eux dans une maison retranchée, il n'y avait pas de jour qu'il ne fut inquiété par les partisans de la bande de Porlier, dit le Marquesito ; fatigué enfin de ces attaques réitérées, il résolut de s'en délivrer par un coup de main : après s'être assuré de la position qu'occupaient les brigands , à onze du soir, il partit avec quarante de ses soldats, et son sous-lieutenant Plaquet, qui n'était pas moins déterminé que lui. lis marchèrent pendant trois heures, arrivèrent sans bruit dans l'endroit qui leur avait été indiqué, surprirent les sentinelles, et fondirent à l'improviste sur les Espagnols qui, saisis de terreur, se dispersèrent de tous côtés sans avoir brûlé une amorce. Dix-sept prisonniers, parmi lesquels deux officiers, cinquante fusils et deux chevaux, furent les résultats de cette expédition nocturne. Au nombre des Espagnols qui n'eurent pas le temps de s'échapper, était un jeune sergent né à Riva-de-Sella ; ses parents ayant appris son malheur, vinrent offrir au lieutenant François seize mille réaux s'il voulait rendre la liberté à leur fils. « Vous me donneriez toutes les Asturies que je ne vous l'accorderais pas, leur répondit l'inexorable et incorruptible lieutenant, les soldats français savent faire prisonniers leurs ennemis , mais ils ne reçoivent point de rançon.
En novembre 1813 , François, qui depuis trois mois était capitaine de grenadiers, soutint avec sa compagnie la retraite de sa division. Posté en avant de Bayonne à Angles, dans une habitation située sur un mamelon, il résista au feu des Anglais une partie de la journée, et mérita dans cette occasion les éloges du général Reille, qui demanda pour lui l'étoile de la Légion d'honneur. »
François était en effet capitaine depuis le 4 janvier 1813. Un an plus tard, au sein de l’armée des Pyrénées (le 120e y sert dans la 2e division Damagnac, brigade Menne), l’officier se bat le 27 février 1814 à Orthez. Il y est grièvement blessé par un coup de feu à la cuisse droite. Selon Albert Depreaux, il aurait menacé de son arme le chirurgien qui voulait l’amputer. Pour le capitaine François, qui aurait été proposé chef de bataillon, c’est la fin de la carrière militaire.
Mis à la retraite le 21 juillet 1814, il se retire à Dijon, où il épouse en 1816 la fille du colonel d’artillerie Lobréau, née à Chaumont en 1798. Banquier de profession, il ne s’éteint que le 25 février 1870.
Sources : « Fastes de la gloire » ; « le capitaine de grenadiers François (Louis), 1786-1870 », par Albert Depreaux in La Sabretache, 1811 ; Martinien.

dimanche 22 mars 2009

Henry Cournault : lieutenant-colonel à 31 ans

Encore un officier supérieur du génie méconnu (1). Non pas Bragard, mais Langrois : Henry Cournault, né le 11 janvier 1783, fils de François, conseiller juge magistrat au bailliage et siège présidial à Langres, et de Claudette Guillaume.
Entré à l’école polytechnique en l’an VII (21 décembre 1798), après être passé par l'école centrale de Dijon, il en sort deux ans plus tard pour rejoindre l’école d’application du génie à Metz : il est sous-lieutenant dans la 3e compagnie de mineurs le 22 décembre de cette année, puis lieutenant le 1er nivôse an X (21 décembre 1801), enfin capitaine le 27 frimaire an XII (18 décembre 1803), à l’âge de 20 ans - ou le 22 décembre 1804, selon son dossier de la Légion d'honneur.
Cournault occupe d'abord la fonction de commandant du génie du département de la Haute-Marne, puis est affecté (à compter du 1er janvier 1807) à la place de Porto Longone, dans l’île d’Elbe, à celle de Castel Novo (Dalmatie), à la division Clauzel de l'armée de Dalmatie, en Illyrie.
En 1808, il se bat contre les insurgés monténégrins, puis l'année suivante, il prend part notamment aux batailles de Wagram et Znaïm.
L’almanach impérial de 1810 le situe ensuite capitaine en Dalmatie, puis, le 8 novembre 1811, il est affecté à la personne du général Kirgener (commandant du génie de la Garde) comme aide de camp. C’est à ce titre qu’il prend part à la campagne de Russie, puis à celle de Saxe : son dossier de la Légion d'honneur fait état de sa présence aux batailles de Vitebsk, Smolensk, La Moskowa, La Berezina, Krasnoe, puis Lutzen, Bautzen (il est promu chef de bataillon le 26 mai 1813), Dresde, Leipzig, Hanau. Entretemps, après la mort du général Kirgener, Cournault a retrouvé son arme. A noter que selon Auguste Salmon, dans la livraison de 1869 de l’Académie impériale de Metz, le Langrois aurait été l’un des premiers soldats français à mettre le pied sur la rive droite du Niémen, le 23 juin 1812, et qu'il aurait été choisi pour transcrire des ordres de l’empereur durant la retraite.
Ayant commandé le génie à Vartzbourg, il se bat à Ocheim, près de Mayence, puis près de Châlons, à Provins, à Nangis, à Montereau, à Arcis-sur-Aube, à Saint-Dizier (dans son département natal), au sein du génie du 11e corps (maréchal Macdonald), où il était chef d'état-major du général Valazé. C'est lui qui a été chargé de détruire le pont d'Arcis.
C’est à la chute de l’Empire, le 5 avril 1814, que Napoléon le promeut major (lieutenant-colonel), à l’âge de 31 ans. Grade qui sera confirmé le 23 juillet 1814.
S’il n’a pas suivi Napoléon à l’île d’Elbe pour y commander le génie (il aurait refusé cette offre de l’empereur, selon André Pons de l’Hérault, auteur de « Souvenirs et anecdotes »), il sert durant les Cent-Jours à la direction du génie de la place de Belfort, avant de poursuivre sa carrière sous la Restauration.
Chevalier de Saint-Louis depuis 1817, le lieutenant-colonel Cournault est l’auteur d’un célèbre « Mémoire sur la défense de la France par les places fortes ». En poste à Saint-Quentin, en 1822, il prend comme colonel le commandement du 2e régiment du génie en 1830. Directeur des fortifications du Havre, il sollicite sa retraite vers 1837. Retiré à Toul, ce membre de la Légion d’honneur y exerce la fonction de conseiller municipal. Décédé le 26 février 1856, il est le père du peintre Charles Cournault, né à Langres en 1815 (placé en non activité, l’officier a dû retrouver sa ville natale durant la Première Restauration), futur conservateur du musée lorrain.
A noter encore que Cournault est, avec Chulliot de Ploozen (autre officier du génie qui se retirera dans la cité natale de Diderot), l’auteur de propositions sur la défense de Langres.

(1) Nos sources sont pratiquement les mêmes que celles qui nous ont permis de brosser la carrière d’autres officiers du génie (Vainsot, les frères Marcellot, Quilliard…)