samedi 22 août 2015

"Le brave Mercier", colonel mort au champ d'honneur à 30 ans

Le 19 septembre 1799, le général Brune, commandant l'armée de Hollande composée de soldats français et bataves, affronte des troupes britanniques et russes qui viennent de débarquer aux Pays-Bas. Le choc a lieu à Bergen. Parmi les unités engagées, la 72e demi-brigade d'infanterie de ligne. Elle a pour chef de corps un Haut-Marnais de 30 ans, Jean-Claude Mercier. Fils de Nicolas, boulanger, et de Jeanne-Marie Maupin, le chef de brigade (colonel) a vu le jour le 27 février 1769 à Bourbonne-les-Bains. Issu des Gardes françaises (comme Hoche), passé par la garde nationale de Paris, commandant à 23 ans du 1er bataillon des volontaires de la Liberté, le Bourbonnais a été promu chef de brigade en octobre 1794. Deux ans plus tard, il a été placé à la tête de la 72e, où servent ses frères Charles-Antoine (capitaine) et le jeune Charles-Nicolas (sous-lieutenant à 18 ans, futur lieutenant-colonel), ainsi qu'un compatriote, le chirurgien Morlot. A la journée de Bergen, deux bataillons de la demi-brigade, venus d'Alkmaar, ont été lancés sur l'ennemi par le général de division Vandamme, commandant la réserve de l'armée, afin de soutenir la brigade Aubrée. L'on se bat dans les dunes. Dans ses «mémoires historiques sur la campagne du général Brune en Batavie», un officier d'état-major apporte des détails sur l'action de la 72e : «Le général Abercromby, dans le dessein de tourner cette troupe, y fit aussitôt présenter deux bataillons ; mais le chef de la 72e, Mercier, qui s'aperçut à propos de ce mouvement, rassemble quelques braves, se met à leur tête, et vole à la rencontre de l'ennemi. Il l'attaque, l'arrête dans sa marche, lui détruit beaucoup de monde, jette le désordre dans ses rangs, et le force à regagner la plage ; mais il est lui-même blessé mortellement». Selon le général Brune, «le brave chef de brigade Mercier a eu les deux cuisses percées d'une balle». Transporté à Bois-le-Duc, il y expire quatre jours plus tard. Une plaque perpétuera sa mémoire. Selon l'historien haut-marnais Emile Jolibois, l'officier aurait été promu général de brigade sur le champ de bataille par Brune. Mais ce dernier ne mentionne pas cette nomination dans son rapport. D'ailleurs, Georges Six ne recense pas Mercier dans son dictionnaire des généraux. A noter, coïncidence, que la 72e demi-brigade d'infanterie sera confiée à un autre chef de brigade Mercier ! Mais lui est Ardennais, et il tombera à Marengo. Durant les campagnes de la Révolution et du Consulat, outre Mercier, au moins douze Haut-Marnais de naissance ont obtenu le grade de chef de brigade : l'artilleur Cousin de Dommartin (Dommartin-le-Franc), à 25 ans ; Salme (Aillianville), à 27 ans, à la tête de la 3e demi-brigade de bataille ; Denayer (Joinvile), à 48 ans, d'abord dans la gendarmerie puis à la tête du 21e régiment de dragons ; Defrance (Wassy), adjudant-général à 23 ans, puis chef de corps du 11e puis du 12e régiments de chasseurs à cheval ; Doré de Brouville (Wassy), à 40 ans, chef de la 85e demi-brigade d'infanterie puis versé dans la gendarmerie ; Potey (Langres), à 46 ans, chef de la 86e puis de la 103e demi-brigades d'infanterie ; les artilleurs Degoy (Bologne) et Florinier (Joinville) ; Perrin (Poinson-lès-Grancey), adjudant-général chef de brigade à 26 ans ; Menne (Corlée), chef de la 23e demi-brigade, et Girardon (Chaumont), chef à 38 ans de la 12e demi-brigade ; enfin, Chaudron dit Chaudron-Rousseau (Bourbonne), adjudant-général chef de brigade à moins de 19 ans !