vendredi 20 mars 2009

Trois sapeurs bragards : les frères Marcelot et le capitaine Hudry

Au moins quatre Bragards ont donc servi comme officiers dans le corps impérial du génie. Nous avons vu dans le message précédent la carrière méconnue du colonel Vainsot. Intéressons-nous maintenant à celle de deux frères devenus officiers supérieurs : Jean-Nicolas et Claude Marcelot.
Enfants du couple formé par Louis-Mathieu Marcelot et Anne Aubertel, baptisés dans l’église Notre-Dame de Saint-Dizier, ils sont nés pour le premier le 4 mai 1774, pour le second le 24 janvier 1778.
Fils d’un maître cordonnier, ils embrasseront donc tous deux le métier de sapeur.
Lieutenant en premier le 9 décembre 1800, Jean-Nicolas passera capitaine le 21 novembre 1802. En poste à Rennes à compter du 1er janvier 1807, il correspond sans doute à ce capitaine Marcelot situé début 1813 comme commandant du génie de la 1ère division du corps d’observation d’Italie. Le général Durrieu, qui défend la place de Torgau, se loue des services de cet officier, promu chef de bataillon le 14 janvier 1813. Il s’agit peut-être du chef de bataillon au 3e régiment du génie, formé en septembre 1814 à Grenoble, qui est, avec deux autres Haut-Marnais, les capitaines Ollivier (d’Aprey) et Gravier (de Latrecey), l’un des co-signataires d’une proclamation à l’empereur datée du 9 mars 1815. Chevalier de Saint-Louis en 1818, Marcelot est, durant la Restauration, en poste dans les Ardennes et à Longwy.
Son cadet de quatre ans, Claude est promu lieutenant en premier le 26 germinal an XII. Il sert alors dans la 3e compagnie du 4e bataillon du génie. Membre de la Légion d’honneur avant 1808, il prend part au siège de Badajoz, là où son compatriote Vainsot est grièvement blessé. Capitaine le 12 juillet 1811, on le retrouve commandant la 3e compagnie du 4e bataillon de sapeurs lors de la bataille d’Orthez. Chevalier de Saint-Louis également en 1818, il est toujours capitaine en premier de cette compagnie, mais au sein du 3e régiment, puis capitaine d’habillement de ce corps, enfin major, avant d’être mis à la retraite le 1er janvier 1829. Il réside alors à Sainte-Ruffine (Moselle). Il correspond sans doute à ce capitaine Marcelot auteur de mémoires militaires.

Aucun des deux ne décède à Saint-Dizier.
Quant à Jean-Pierre Hudry, né le 12 janvier 1788 à Saint-Dizier, il est fils de négociant. Formé à Polytechnique (promotion 1805), il en sort le 17 octobre 1807 pour servir dans le corps du génie. Capitaine « rempli de mérite », il est tué lors du siège de Tortose, dans la nuit du 31 décembre 1810 au 1er janvier 1811.
Sources principales : état civil de Saint-Dizier (paroisse Notre-Dame) ; état du corps impérial du génie de 1807 ; différents almanachs impériaux, bulletins des lois et annuaires officiels des officiers d’active ; différents sites Internet consacrés aux campagnes napoléoniennes (« Les armées de Napoléon », bataille d’Orthez) ; « La Sabretache » (1895)…

lundi 16 mars 2009

Le major Vainsot, un Bragard laissé pour mort à Badajoz

Petit par son nombre d’habitants, la Haute-Marne, qui a curieusement fourni nombre d’officiers supérieurs de cuirassiers, a vu également naître des officiers du génie distingués. Nous avons déjà consacré un coup de projecteur au général Deponthon (Eclaron), au chef de bataillon Quilliard (Aubepierre-sur-Aube). Nous pourrions citer également, parmi les sapeurs émérites, les Marcelot, de Saint-Dizier (l’un chef de bataillon, l’autre capitaine), le capitaine Hudry, de Saint-Dizier (aussi). Intéressons-nous ici au major Vainsot, un Bragard, encore…

Joseph-Pierre Vainsot voit le jour à Saint-Dizier, paroisse Notre-Dame, le 29 mars 1778. Il est le fils d’un couple uni dans la cité huit ans plus tôt, formé par Louis-Pierre (originaire du diocèse de Chartres) et Marie-Elisabeth Prancher.
Le 16 décembre 1796 – il a 18 ans – le jeune Haut-Marnais intègre l’école polytechnique comme élève-sous-lieutenant du génie. Lieutenant en second deux ans plus tard, il participe à la campagne de l'armée du Rhin, notamment à l'occasion du siège de Philippsbourg.
Sous l'Empire, il servira constamment dans la péninsule ibérique, après avoir été en poste à Belfort. On le retrouve ainsi à l’été 1809, comme capitaine (depuis le 20 juin 1800), membre de l’état-major du génie. Il se distingue au siège d’Olivenza, pénétrant, le 11 janvier 1811, dans un ouvrage ennemi avec des voltigeurs du 64e de ligne. A cette occasion, le maréchal Soult le propose pour le grade de chef de bataillon. Toujours en janvier 1811, le duc de Dalmatie assiège la ville de Badajoz. Le 31, Vainsot entre – à son corps défendant - dans l’Histoire, à l'occasion d'un événement malheureux qui lui vaudra d'être cité par Thiers. Ce jour-là, des cavaliers espagnols fondent sur des travailleurs et sapeurs à l'oeuvre sur la hauteur del Viento. Lisons Soult cité par le "journal des sièges dans la péninsule" : deux officiers du génie, le chef de bataillon Cazin et le capitaine Vainsot, sont « occupés dans cet instant à reconnaître l’emplacement d’un nouvel ouvrage que j’avais ordonné. Ces deux officiers ont été massacrés… » Vainsot « fut emporté quelques instants après, presqu’expirant… Hier, on avait encore un peu d’espoir que les blessures extrêmement graves qu’il a reçues ne seraient pas mortelles. C’est un excellent officier… »
Ces blessures, ce sont cinq coups de sabre et six coups de lance. On a précisé alors que dans ce combat, l'officier a tué deux Espagnols avec son épée.
Contre tout pronostic, Vainsot y survivra…
Reprenant du service, le Bragard est cité en 1812 dans un rapport adressé par son compatriote, le général wasseyen Rignoux (gouverneur de Séville), au maréchal Soult. Il aurait également participé à la bataille des Arapiles (juillet 1812), avant d'être promu chef de bataillon le 1er juillet 1813, puis major (lieutenant-colonel) le 22 décembre suivant. Il sera chef d’état-major du commandant du génie de l’armée des Pyrénées (toujours commandée par Soult), en 1814, jusqu'à la bataille d'Orthez.

« Officier du mérite le plus distingué » (dixit Soult), Vainsot est, sous la Restauration, secrétaire du comité de la guerre du 1er juillet 1814 au 20 mars 1815. Chevalier de Saint-Louis le 14 novembre 1814, membre de la Légion d’honneur (chevalier en 1809, officier en 1814), il est, en 1820, en poste à Metz, puis, en 1823, nommé colonel du 2e régiment du génie, en garnison à Arras.
Il est affecté comme directeur des fortifications à Bayonne, et c'est dans les Basses-Pyrénées qu'il décède, selon les sources en 1836, le 2 septembre 1838 (selon l'Ami de la religion), voire en 1842.
Aujourd’hui encore, une rue perpétue le souvenir de cet officier haut-marnais inconnu en ses terres.

Rappelons les noms des officiers du génie haut-marnais parvenus à notre connaissance : Alexis Barbolain, de Chaumont, lieutenant, mort à l’été 1809 en Autriche ; Jean-Nicolas Chulliot de Ploozen, major, né dans l’Yonne, mort à Langres ; Henry Cournault, de Langres, major à la première abdication ; Anne-François Gaide, de Wassy, futur capitaine ; Hilaire Georgin, de Doulaincourt, lieutenant ; Etienne Gravier, de Latrecey, capitaine ; Charles Hanin, de Joinville, lieutenant, mortellement blessé devant Ciudad-Rodrigo ; Jean-Pierre Hudry, de Saint-Dizier, capitaine, tué lors du siège de Tortose ; Jean-Charles-Firmin Letexier, de Chaumont ; Claude Marcelot, de Saint-Dizier, futur major ; Jean-Nicolas Marcelot, de Saint-Dizier, chef de bataillon ; Jean-Baptiste-Victor Ollivier, d’Aprey, futur colonel ; Claude-Louis-Nicolas Petitot, de Langres, capitaine, mort à Vitry-le-François ; Claude-Louis-Augustin Thomassin, de Chaumont, lieutenant, tué au siège de Gaëte…
Sources principales : "Société des sciences, lettres et arts de Bayonne" (1985) ; état civil de la paroisse Notre-Dame de Saint-Dizier.

Officiers haut-marnais : liste complémentaire

Marivetz Etienne-Télèphe, né à Langres le 20 juin 1792, sous-lieutenant au 72e de ligne, blessé à Krasnoe le 18 novembre 1812, mort le 8 décembre.
Petit Jean-Baptiste, né à Montigny-le-Roi le 15 septembre 1770, capitaine de cavalerie, retraité en 1818, retiré à Châlons. Source : bulletin des lois de 1820.
Poireaux François, né à Longchamp le 8 janvier 1775, sous-lieutenant d’infanterie, retraité en 1818, retiré à Montmorillon (Vienne). Source : bulletin des lois de 1820.
Rougelin Jean-Baptiste, né à Colombey-les-Deux-Eglises le 18 novembre 1770, chef de bataillon retraité, fait chevalier d’Empire le 30 juillet 1811. Sans doute le capitaine du 85e de ligne, blessé à Pultusk le 26 décembre 1806. Chef de bataillon au 61e de ligne, blessé le 22 avril 1809 à Eckmuhl, puis le chef de bataillon au 148e de ligne, pris le 29 août 1813 à La Katzbach. Sources : armorial du Premier Empire, base Léonore.
Tulpin Joachim-Alexandre, né à Voisey en 1791. Sous-lieutenant (17 juin 1813) dans la légion de la Nièvre, dont il est porte-drapeau, en 1819, puis officier comptable au 15e léger, officier supérieur, maire de Novéant (Meurthe-et-Moselle), mort en 1855 à Nancy.