samedi 11 février 2012

Bicentenaire de la Campagne de Russie (I) : le parcours du sous-lieutenant Dauvé

La Campagne de Russie, de sinistre mémoire, eut lieu il y a 200 ans. Nous inaugurons une série d'articles qui lui sera consacrée par l'évocation de la carrière du sous-lieutenant Dauvé, un officier fait prisonnier dans les neiges du vaste empire du tsar.

Fils de Jean, manouvrier, Jean Dauvé a vu le jour à Leffonds (canton d'Arc-en-Barrois, arrondissement de Chaumont) le 8 septembre 1770. Entré en service en août 1793, il était sergent-major lorsqui'il a été fait membre de la Légion d'honneur en août 1809, après Wagram (où il a été blessé). C'est en juin 1812 qu'il est promu sous-lieutenant, pour servir dans la 1ère compagnie du 1er bataillon du 12e régiment d'infanterie de ligne. A la bataille de Valoutina (août 1812), il reçoit un coup de lance et une balle. Après La Moskowa, il écrit, le 28 septembre, une lettre à son père. Dauvé lui rapporte la mort d'un ami, Vacherot, de Brottes : « J'ai cherché à lui donner du secours, mais il était inutile, car le coup était trop mortel, car la balle l'avait attrapé à la tête et à peine m'a-t-il reconnu, et j'ai eu en même temps beaucoup de chagrin, car nous étions toujours ensemble... »
Ayant eu, en Russie, les pieds gelés, perdant tous les orteils du pied droit et trois orteils du pied gauche, le sous-lieutenant Dauvé est fait prisonnier le 5 janvier 1813. Son témoignage figure dans l'ouvrage « Lettres interceptées durant la campagne de 1812 ».

Rentré en France le 4 novembre 1814, placé en demi-solde, il reçoit la médaille de Sainte-Hélène et meurt dans son village de Leffonds le 20 décembre 1865, sous le Second Empire, à l'âge de 85 ans.

Dauvé n'était pas le seul Haut-Marnais à servir comme officier au 12e de ligne, unité de la division Gudin du 1er corps (maréchal Davout)  :
. futur député de la Haute-Marne, Louis-Edouard de Beaufort, de Frampas, issu de l'école de Fontainebleau, sera promu chef de bataillon en août 1812, à l'âge précoce de 26 ans, et sera blessé à Wiasma ;
. le chef de bataillon Jean-Pierre Guyot, de Lanty-sur-Aube, chef du 3e bataillon, nommé major début 1813 dans un autre corps ;
. le capitaine Henry Guerinot, de Langres, lui aussi passé par Fontainebleau, tombe à Valoutina à l'âge de 23 ans ;
. le capitaine Jean Viniot, de Latrecey, de la 4e compagnie du 5e bataillon, meurt à l'hôpital de Magdebourg le 19 octobre 1812.
. le capitaine Edme Roussel, de Dinteville, est blessé à Wiasma.