jeudi 26 novembre 2009

Le lieutenant-colonel Rougeot, chasseur à cheval de la Garde

Charles Rougeot naît à Brabant-le-Roi (Meuse) le 2 août 1773. Il est le fils de Charles, cultivateur, qui aura pas moins de 20 enfants ! C'est le 26 août 1799 qu'il est promu sous-lieutenant au sein du 23e régiment de cavalerie - un corps où sert son futur cousin Isidore Martin. Comme ce dernier, Rougeot sert longtemps dans le corps des chasseurs à cheval de la Garde impériale, dans lequel il est promu successivement sous-lieutenant (24 septembre 1803), lieutenant en second (21 janvier 1804), lieutenant en premier (23 septembre 1804), capitaine (20 août 1809). Blessé à Austerlitz, il était membre de la Légion d’honneur depuis le 14 juin 1804. Rougeot devient Bragard par son mariage, en 1809, à Saint-Dizier, avec la fille de Nicolas Boulland, négociant. Le voilà donc cousin par alliance du futur colonel Martin - peut-être à l'origine de cette union...

Rougeot est promu le 1er avril 1813 major (lieutenant-colonel) dans la ligne. Selon plusieurs dossiers conservés aux Archives de la Haute-Marne, il est affecté au 5e chasseurs à cheval. A moins que ce ne soit plutôt au 15e chasseurs, dont les éléments engagés durant la Campagne de Saxe sont commandés par un major Rougiot (sic).

Officier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1813, Rougeot ne figure pas dans l’état des officiers en demi-solde ou en activité dans le département de la Haute-Marne dressé fin 1815-1816. Il semble alors retraité, ce qui ne l’empêche pas d’être fait chevalier de Saint-Louis en 1820. Il meurt, à l’âge de 84 ans, le 6 avril 1857, à Saint-Dizier, avant d’être médaillé de Sainte-Hélène.

Il était, à compter du 1er février 1808, destinataire de fonds impériaux sur le Mont-de-Milan.

Deux de ses frères sont morts durant les campagnes impériales : Pierre Rougeot, né en 1775 à Brabant, tué comme lieutenant du 9e léger en Espagne en 1811, et Remy, décédé à Salamanque en 1810.

mardi 24 novembre 2009

Campagne de France : le 25e dragons à Saint-Dizier

Les dragons de la ligne et de la Garde se sont couverts de gloire le 26 mars 1814 à Saint-Dizier. Après le témoignage du cavalier Bougeat, du 20e dragons, voici ce que l’historique d’un autre corps de la division Lhéritier (5e corps de cavalerie), le 25e dragons, dit de ce combat :

« Le 26, (le 25e dragons) assiste à la bataille de Saint-Dizier, dernière victoire de l’empereur sur les alliés. Placé à la gauche de notre ordre de bataille, le régiment appuie par ses charges les mouvements du général Lefebvre-Desnouettes. Sous les yeux du duc de Tarente (Note : le maréchal Macdonald), le 25e dragons, commandé par son brave colonel d’Hautefeuille, soutient pendant plus d’une demi-heure l’effort de 3 000 hommes de cavalerie de la garde russe. Aidé du 22e, il finit par enfoncer la cavalerie ennemie et s’emparer de six pièces de canon. Le lieutenant d’Inglemare et le sous-lieutenant Rigolfo sont grièvement blessés dans cette charge ; le dragon Debruyne est tué ; plusieurs autres cavaliers du régiment sont mis hors de combat. Ce beau succès de nos armes n’ayant pas ralenti la marche concentrique des alliés sur Paris, le 25e dragons se replia avec toute l’armée, d’abord sur l’Aube, puis sur la Seine… » A son arrivée en région parisienne, « il comptait encore dans le rang 22 officiers, 246 hommes, 54 chevaux d’officiers et 246 de troupe ».
A noter qu’avec d’Inglemare et Rigolfo, Martinien identifie également un capitaine Molard, du 25e dragons, comme étant blessé le 26 mars 1814.

dimanche 8 novembre 2009

Un enfant d'Anglus membre de la Légion d'honneur à 19 ans !

Le 28 décembre 1810, le sous-lieutenant Jacques-Paul de Nolivos, qui servait dans le 3e régiment de tirailleurs-grenadiers de la Garde (ex-1er régiment de conscrits-grenadiers) en Espagne, était fait membre de la Légion d’honneur. Rien d’extraordinaire en cela, sauf que cet officier entrait dans cet ordre prestigieux à l’âge de 19 ans !
Cette promotion est consécutive à un fait d’armes rapporté par l’anthologie « Victoires et conquêtes » qui intervient le 1er décembre 1810, du côté de Pancorbo (province de Burgos), opposant 50 conscrits-grenadiers face à 300 guérilleros montés.

L’excellent blog « L’Estafette » proposé par Christophe Bourachot (http://lestafette.unblog.fr/) contient un témoignage intéressant sur cette affaire. Il émane du conscrit Joseph Guitard.

Voici ce qu’il raconte : « En venant de Pancorbo, nous fûmes attaqués entre Santa-Maria et Salinas par 400 cavaliers de Mina (Note : homme de guerre espagnol). S’étant approchés davantage, on les reconnut en effet, et alors, après avoir fait mettre la baïonnette au fusil, on forma deux sections ; je fis les fonctions de caporal. En s’approchant de nous, ils se formèrent en quatre pelotons ; leur chef, qui portait un chapeau à laque, dont je m’emparai et que je plaçai sur mon sac, cria à notre officier (de Norivos, sous-lieutenant de 18 ans, sortant de l’école – Note : en fait Nolivos) : « Français, rendez-vous !» L’offficier : « A la mort ! ». Alors les quatre pelotons nous chargèrent au galop sur les quatre faces, et à notre première charge, en riposte, nous tuâmes leur chef. (De Nolivos) passait sous les baïonnettes au moment de la charge afin de retenir certains de nos soldats que le courage faisait trop avancer. Ils revinrent plusieurs fois à la charge sans pouvoir nous enfoncer ; nous eûmes plusieurs soldats blessés, entr’autres le sergent qui commandait la 2e section ; je fus obligé de la commander. A une autre charge, nous eûmes le tambour blessé à la cuisse : il s’appuya sur une borne, en battant toujours la charge. Comme l’ennemi allait le tuer, (de Nolivos) le plaça sur ses épaules, le porta quelque temps et puis le repassa à chacun de nous ; mais assaillis à chaque instant par les ennemis, nous fûmes obligés de le laisser ; il battait encore la charge lorsqu’il fut achevé ! En approchant de Breviesca, notre fusillade fut entendue, l’on vint à notre secours ; nous revînmes sur nos pas pour voir nos blessés et nous les trouvâmes tous massacrés. En arrivant à Breviesca, le colonel porte (de Nolivos) pour la croix d’honneur, et moi aussi. Il la reçut bientôt avec le grade de lieutenant…. »

Si le patronyme du jeune officier fleure bon le Sud-Ouest de la France ou l’Espagne, Jacques-Paul de Nolivos est un enfant de la Haute-Marne : il naît le 28 janvier 1791 à Anglus, près de Montier-en-Der. Son père est un capitaine de dragons originaire du Béarn qui s’est marié avec une Champenoise. Elève, comme ses deux frères, de l’école spéciale militaire de Fontainebleau, Paulin de Nolivos est promu sous-lieutenant le 25 mars 1809 pour être affecté dans le 1er régiment de conscrits-grenadiers de la Garde qui vient d’être créé, précisément dans la 3e compagnie du 3e bataillon. Avec ce corps commandé par le colonel Darquier, il s’illustre en Espagne, passe lieutenant le 24 juin 1811, dans la 2e compagnie du 1er bataillon du 3e tirailleurs, puis est promu, à seulement 22 ans, chef de bataillon dans la ligne, le 2 avril 1813 ! Affecté au 2e régiment d’artillerie de marine, qui comme son nom ne l’indique pas est une unité d’infanterie (sous les ordres du maréchal Marmont), il trouve la mort le 18 octobre 1813 à la bataille de Leipzig.

Officier supérieur à 22 ans et déjà chevalier de la Légion d’honneur : nul doute que la carrière de cet enfant de la noblesse d’Ancien Régime se serait rapidement portée au sommet de la hiérarchie militaire. Le destin en a décidé autrement, comme il n’a pas été favorable à ses deux frères, l’un tombé comme sous-lieutenant du 106e de ligne à la bataille de Raab (1809), l’autre mort en Russie (1812).

Sources : état civil d’Anglus ; états de services du chef de bataillon de Nolivos (communiqués par Pierre-G. Jacquot) ; « Victoires et conquêtes des Français ».
Remerciements à Christophe Bourachot.

lundi 2 novembre 2009

Le commandant Chonez : né à Wassy, mort à Langres

La ville de Wassy, alors chef-lieu d’arrondissement, est la patrie de plusieurs officiers de cavalerie d’Empire, et non des moindres : le général de division Defrance, le lieutenant-colonel Maugery, le chef d’escadron Plique, le lieutenant Baudot (ces trois derniers cuirassiers)…
Elle a également vu naître, le 21 septembre 1772, Louis Chonez. Il est le fils de Nicolas, alors officier sous-aide-major dans le corps royal de l’artillerie. C’est en octobre 1793 que le jeune homme entre en service, au 1er régiment de chasseurs à cheval (ex-chasseurs d’Alsace). Un corps où il servira près de 20 ans.
Le 5 octobre 1803, il y est promu sous-lieutenant. La même année, le 18 décembre, il est fait membre de la Légion d’honneur.
Le 1er chasseurs se bat à Auerstaedt (1806), en Pologne. Promu lieutenant le 7 mars 1807, puis capitaine le 7 avril 1809, il sert en Allemagne (Raab, Wagram) avant de prendre part à la campagne de Russie.
Selon Martinien, il sert toujours au sein de son corps d’origine (colonel Méda). Selon ses états de services, il est plutôt passé au 11e chasseurs à cheval du colonel Désirat (division Wathier du 2e corps de cavalerie).
Quoi qu’il en soit, le capitaine Chonez se bat à La Moskowa (7 septembre 1812), où il est blessé par un coup de feu. Lui qui a perdu son brevet de Légion d’honneur en Russie est promu, à la veille de la bataille de Lutzen, chef d’escadron (fin avril 1813). Une nouvelle campagne s’ouvre, dont il ne sortira pas indemne : il reçoit un coup de sabre et un coup de lance lors de la terrible bataille de Leipzig (octobre 1813). Durant la Campagne de France, il participe à la défense de Maubeuge.
Sous la Restauration, il est membre du conseil d’administration du 11e chasseurs, fait officier de la Légion d’honneur en octobre 1814, avant de se rallier durant les Cent-Jours et d’être retraité en 1816.
Retiré à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) – il y vit en 1817 – ou, selon « Les Fastes de la Légion d’honneur », à Burtoncourt (Moselle), il est fait chevalier de Saint-Louis en 1821.
Mais c’est dans son département natal que ce Lorrain d’adoption finira ses jours. Il ne revient pas à Wassy, mais s’établit à l’autre extrémité de la Haute-Marne : à Langres. C’est là qu’octogénaire, il reçoit la médaille de Sainte-Hélène et, domicilié rue de Repas, c’est là que l’époux de Marguerite-Sophie Dugon décède le 17 février 1858.
Sources : « Fastes de la Légion d’honneur » ; base Léonore ; Martinien ; état civil des communes de Wassy et de Langres ; dossier des médaillés de Sainte-Hélène.

vendredi 30 octobre 2009

Officiers à la mode napolitaine

Plusieurs officiers haut-marnais ont servi des royaumes « satellites » de l’Empire français. Parmi eux, sept – chiffre non négligeable - étaient en service dans les troupes du royaume de Naples, ayant eu pour souverains successifs Joseph Bonaparte et le maréchal Joachim Murat. Aide de camp du beau-frère de Napoléon, le Dervois Pierre-Augustin Berthemy, dont la carrière a déjà été détaillée sur ce blog, a même été promu maréchal de camp napolitain et fut un des rares Français à ne pas quitter son protecteur lorsque celui-ci a pris langue avec les Britanniques début 1814. Voici six autres parcours moins connus.

Collin Etienne (Cirey-sur-Blaise 1776 – 1858). Entré en service comme caporal au 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne (an VII), sergent-major au 101e de ligne (an XII), il passe aux grenadiers de la Garde de Naples (août 1806). Sous-lieutenant (12 décembre 1808) au régiment de grenadiers de Naples, lieutenant (21 février 1810), capitaine (15 janvier 1814) au même régiment, il démissionne (25 janvier 1814) et passe au 9e régiment de la Garde (mars 1814). Frère d’un capitaine. Source principale : base Léonore.
Gobelet Claude-Antoine (Preigney, Haute-Saône 1785). Lieutenant adjudant-major dans les grenadiers de la Garde de Naples, totalisant 18 ans de services, il est placé en demi-solde et se marie en 1817 à Pierrefaites, où il exerce la profession de cultivateur.
Gueniot Antoine. Originaire de Bay-sur-Aube, il sert dans l’artillerie à cheval de la garde royale de Naples. En demi-solde, il est capitaine de 2e classe dans la compagnie d’artillerie de la garde nationale de la Haute-Marne (1815), puis à nouveau en demi-solde à Bay.
Husson Victor (Vignory 1775). Frère de deux officiers, il est en demi-solde à Vignory, fin 1815, comme capitaine du royaume de Naples. Capitaine d’état-major, il a perdu l’usage d’un membre et obtenu une pension de retraite (1819) après quinze ans de services. Merci à C. Daudin pour ces dernières précisions.
Richoux Nicolas (Chaumont 1776). Frère d’un capitaine de cuirassiers, membre de la Légion d'honneur depuis le 4 novembre 1804 comme brigadier du 8e cuirassiers, il est lieutenant dans la garde du vice-roi d’Italie, en 1809. Il est ensuite, en 1811, adjudant-major au régiment des chevau-légers du roi de Naples, qu’il sert jusqu’en 1814. Promu capitaine au 6e chasseurs à cheval sous la Première Restauration, il est en demi-solde à Chaumont fin 1815. Retraité en 1818.
Simon Jean-Baptiste (Provenchères-sur-Marne 1777 – Cerisières 1819). Fils de Nicolas, laboureur, il est lieutenant de la 1ère compagnie du régiment d’artillerie légère de la garde de Naples, lorsqu’il se marie en 1812 à Naples. Capitaine en second, puis lieutenant dans la légion du Gard, en demi-solde à Cerisières, membre de la Légion d’honneur, il est propriétaire lorsqu’il décède dans ce village à 42 ans.

mercredi 28 octobre 2009

vendredi 23 octobre 2009

Le commandant Henry Guillaume de Bassoncourt, blessé aux Quatre-Bras

Encore une preuve qu’un fils de notable peut gravir rapidement les échelons de la hiérarchie militaire, avec la carrière d’Henry Guillaume, passé officier supérieur neuf ans après son entrée à l’école militaire.
Comme le futur chef d’escadron Christophe Laloy, fils de député régicide, Guillaume voit le jour à Chaumont en 1786, le 6 mai exactement. Son père, Nicolas, né à Wassy, sera sous l’Empire secrétaire-général de la préfecture de la Haute-Marne, sa mère, Marie-Françoise Morel, décédera en 1850.
A la différence de son frère, qui succédera à Nicolas Guillaume en 1813 dans ses fonctions préfectorales, Henry embrasse la carrière militaire. Il intègre l’école spéciale militaire de Fontainebleau le 20 novembre 1802 et en sort le 10 janvier 1804, à un peu moins de 18 ans, comme sous-lieutenant dans un régiment d’infanterie de ligne : le 82e. Mais c’est dans la cavalerie qu’il se distingue : muté le 27 juin 1805 au 14e dragons du colonel de Lafon-Blaniac, qui se bat à Austerlitz, il est blessé à Heilsberg, le 10 juin 1807, puis comme lieutenant, à Medellin, en Espagne, le 28 mars 1809.
La même année, ainsi que Le Journal de la Haute-Marne s’en fait l’écho, il passe, le 9 août 1809, aide de camp du général Curial, en même temps qu’il est promu capitaine, à 23 ans. Cette affectation n’est pas due au hasard : Henry Guillaume est apparenté au préfet – et futur ministre - baralbin Beugnot, dont Curial est le gendre.
Le 7 mai 1810, il est fait membre de la Légion d’honneur, et le 24 mars 1812, il accède au grade de chef d’escadron, au sein du 7e dragons. Il n’a que 26 ans !
L'historique du 7e dragons le fait même apparaître comme major au 1er juin 1812, et précise que le Chaumontais commandera ce régiment en Saxe, notamment à Leipzig (le 7e dragons appartient alors à la 3e division de cavalerie lourde, général d'Audenarde, du 1er corps de cavalerie). Selon cette source, au 15 décembre 1813, le régiment ne compte plus, au maximum, qu'une centaine d'hommes autour du chef d'escadrons Guillaume, de l'adjudant-major Rosselange, du capitaine Domont, du lieutenant Colin... Au début de la Campagne de France, le 7e dragons ne forme désormais qu'un escadron de guerre intégré dans la division Doumerc du 1er corps de cavalerie : le Chaumontais est blessé et fait prisonnier le 1er février 1814 lors de la bataille de La Rothière. Placé en non activité à son retour, Guillaume rejoint le 8e cuirassiers le 4 octobre 1814 et prend part, au sein de la brigade Guitton de la 4e division Lhéritier (3e corps de cavalerie) à la bataille de Waterloo : il est blessé aux Quatre-Bras le 16 juin 1815, contre les carrés britanniques, alors que le corps s'empare dans l'action du drapeau du 69e régiment écossais.
Pendant la Restauration, on retrouve le Haut-Marnais, officier de la Légion d’honneur depuis octobre 1814, comme major du 21e chasseurs à cheval, dit du Vaucluse, en garnison à Chartres, en 1819. C’est dans cette ville que Guillaume, déjà dit de Bassoncourt, chevalier de Saint-Louis depuis 1817, est mis en disponibilité. Marié en 1819 avec Anne-Catherine-Clémentine Brulard, il est dans cette situation lorsque naît à Chartres, le 26 juillet 1823, un fils, Victor-Ferdinand, qui suivra les traces familiales en devenant préfet, notamment du Puy-de-Dôme.
Conseiller municipal, colonel de la garde nationale durant la Monarchie de Juillet, Henry Guillaume de Bassoncourt est signalé en 1849 comme officier de la Légion d’honneur, ancien conseiller de préfecture (il en sera même, comme son père et comme son frère, secrétaire-général), propriétaire, à l’occasion de la création d’une société d’assurances mutuelles contre l’incendie pour l’Eure-et-Loir. Il est encore médaillé de Sainte-Hélène. C’est le 12 janvier 1874, à l'âge de 85 ans, qu'il décède en son domicile au 9, rue de Beauvais, à Chartres. Son fils, qui déclare son décès, est alors préfet de la Mayenne de la 3e République.
Un mystère : Guillaume est qualifié de chevalier sous la Restauration. Nous n'avons toutefois pas trouvé sa trace parmi la noblesse d'Empire. Et dans son acte de décès, il n'est pas fait mention d'un titre de noblesse. Etait-ce une façon de rappeler sa promotion dans l'ordre royal de Saint-Louis ?

Sources principales : « Dictionnaire des officiers de cuirassiers » (Olivier Laprey) ; état civil des villes de Chaumont et de Chartres ; Le Journal de la Haute-Marne (1811) ; Tableau des officiers tués et blessés (Martinien) ; annuaire des officiers d’active de 1819 ; bulletin des lois 1857 ; « Grands notables du Premier Empire » ; historiques des 7e dragons et 8e cuirassiers.
Remerciements à Régis Barreau, Jérôme Croyet et Gérard Gelé.

mardi 20 octobre 2009

Les officiers haut-marnais dans la Campagne d'Autriche

En cette année de bicentenaire de la Campagne d’Autriche, nous avons souhaité recenser les officiers haut-marnais ayant pris part à ces combats, que ce soit sous les ordres de Napoléon ou ceux d’Eugène de Beauharnais. Une liste évidemment non exhaustive. A noter que douze d’entre eux ne sont pas revenus de cette campagne.
Parmi nos sources, un état de la situation des armées d’Allemagne et d’Italie proposé par F.-Ch. Liskenne (« Bibliothèque historique et militaire », volume VII).

Etat-major général :
. Ltn Laloy PFC (Chaumont, 23 ans) : aide de camp du général d’Hastrel
Etat-major général du génie :
. Ltn Barbolain A. (Chaumont) : blessé 1/7/1809 à Znaim, mort le 6 à Wagram.
. Ltn Hudry JP (Saint-Dizier, 21 ans)
Etats-majors des corps :
. Cne Denys CM (Chaumont, 26 ans) : aide de camp du maréchal Marmont.
. Cne Blanchelaine DS (Bourmont) : commande la gendarmerie du 11e corps.
. Ltn Martin E (Laferté/Aube, 20 ans) : aide de camp du général Macdonald.
. Cne Vautrin J (Blaisy, 38 ans) : aide de camp du général Rheinwald (place de Glogau, 11e corps)
. Gal de brigade Pelletier JB (Eclaron, 32 ans) : commandant l’artillerie et le génie des troupes polonaises.
. Gal de brigade Defrance JMA (Wassy, 38 ans) : brigadier dans la division Nansouty de la réserve de cavalerie.

Garde impériale :
1er grenadiers à pied :
. Ltn en 2e Chauvey L. (Echenay, 30 ans)
Fusiliers-chasseurs :
. Ltn en 2e puis Ltn en 1er (5/6/09) Dubois A. (Wassy, 39 ans)
Fusiliers-grenadiers :
. Cne Mellière E (Guyonvelle, 38 ans) : blessé à Essling.
Dragons :
. Ltn en 2e Monneret Martin (Dammartin/Meuse, 31 ans) :
. Ltn en 1er de Montarby JA (Dampierre, 29 ans)
Grenadier à cheval :
. Chef d’esc Remy A (Thilleux, 45 ans)
Artillerie :
. Cne Aubert F (Langres, 31 ans) : blessé à Wagram
. Cne en 2e Lavilette CE (Langres, 30 ans)
. Ltn en 1er Maillard de Liscourt LE (Langres, 31 ans) : CLH 9/7/09, capitaine (17/7/09)

Troupes impériales
3e de ligne :
. Slt Alexis J. (Allichamps, 36 ans) : tué à Thann (19/4/1809)
. Slt Chevallier F. (Louvemont, 39 ans) : tué à Wagram
. Cne Bogny C. (Saint-Dizier, 38 ans) : blessé à Wagram.
. Cne Laignelot JB (Valleroy, 45 ans) : tué à Wagram.
. Cne adj-major Matrot CL (Bourbonne, 38 ans) : blessé à Essling et à Wagram.
4e de ligne :
. Ltn Marchand dit Charton H (Saint-Dizier, 22 ans) : blessé à Wagram, mort 11/7/1809
. Ltn Isselin J. (Dinteville, 34 ans)
12e de ligne :
. Ltn adj-major de Beaufort LE (Frampas, 23 ans) : capitaine (12/07/1809)
. Slt Desprez N (Ageville, 42 ans)
. Cdt Guyot JP (Lanty, 34 ans) : blessé à Wagram.
. Slt de Susleau de Malroy JFV (Saulxures, 22 ans) : dans la 4e cie du II/12e, tué à Wagram.
18e de ligne :
. Cne Lambert F. (Meuvy, 36 ans) : blessé à Essling.
21e de ligne :
. Slt Jobert JB (Pressigny, 28 ans) : blessé le 29/6/1809 devant Presbourg et à Wagram, CLH.
. Slt Jobert EN (Pressigny, 31 ans) : blessé à Wagram, CLH (5/6/1809).
. Ltn adj-major Prignot C (Trémilly) : du IV/21e, blessé à Wagram, mort le 20/7.
24e de ligne :
. Cne Brulté JB (Dammartin/Meuse, 36 ans) : blessé à Essling.
30e de ligne :
. Cne Fleury P.J. (Saint-Dizier, 44 ans) : blessé à Wagram.
35e de ligne :
. Ltn Huot-Goncourt M. P. (Bourmont, 22 ans) : blessé à Pordenome (15/4/1809)
61e de ligne :
. Cdt Rougelin JB (Colombey/Eglises, 39 ans) : blessé à Eckmuhl (22/4/1809)
62e de ligne :
. Major Regnault JC (Chatoillenot, 46 ans)
64e de ligne :
. Ltn Cornibert E (Chaumont, 27 ans) : capitaine le 16/05/1809, CLH le 7/8/1809.
72e de ligne :
. Ltn Mercier C.N. (Bourbonne, 28 ans) : blessé à Eckmuhl ; sera cne au 2e tirailleurs de la Garde.
83e de ligne :
. Slt Coffin N (Bourbonne, 32 ans) : blessé à Thann, lieutenant le 20/8/1809.
82e de ligne :
. Ltn Dubois BA (Saint-Dizier, 36 ans) : capitaine le 13/7/1809
102e de ligne :
. chirurgien aide-major Vanderbach C (Autreville, 38 ans) : mort à Gratz le 8/12/1809.
106e de ligne :
. Slt de Nolivos PGL (Anglus, 20 ans) : tué à Raab.

8e léger :
. Ltn Plique P (Wassy) : dans la 4e cie du I/8e, blessé à Znaim, mort le 10/7/09.
9e léger :
. Ltn Rivet JB (Isère/Suzannecourt, 34 ans) : blessé à Wagram, Cne (12/8/1809), CLH (7/8/1809).
18e léger :
. Ltn JB Aubry (Chauffourt, 35 ans)
23e léger :
. Col Horiot PM (Provenchères/Meuse, 40 ans) : tué à Wagram.
25e léger :
. Ltn Popon JM (Paris/Meuvy, 28 ans) : blessé à Essling et à Wagram (ou aide de camp).
26e léger :
. Slt Henrys-Marcilly JVLFS (Bourmont, 19 ans) : blessé à Wagram.

2e carabiniers :
. Slt d’Hédouville J. H. (Sommermont, 28 ans) : blessé en 1809, CLH (13/8/1809)
. Slt Prudhomme F (Maranville, 26 ans) : blessé à Wagram.
1er cuirs (cuirassiers) :
. Slt Henry A. (Baissey, 34 ans) : blessé à Essling.
2e cuirs :
. Slt Villeminot JB (Tornay, 38 ans)
3e cuirs :
. Slt Baudot A. (Wassy, 24 ans)
6e cuirs :
. Cne Habert JN (Nijon, 35 ans) : blessé et pris à Essling.
7e cuirs :
. Ltn adj-major Lemarchand de Charmont LCH (Joinville, 32 ans) : blessé à Essling, capitaine
3/6/09, blessé à Wagram.
. Cne adj-major Richoux U (Chaumont) : blessé à Essling.
3e RCC (chasseurs à cheval) :
. Slt de Moncey JFH (Longeville/Laines, 20 ans) : blessé le 16/5/09 en Croatie.
. Ltn Roger A (Saint-Dizier ?) : tué à Wagram.
6e RCC :
. Cne Cothenet J (Prauthoy, 45 ans) : blessé à Wagram.
9e RCC :
. Cne Lavocat LB (Saint-Dizier, 38 ans) : blessé à La Piave.
. Cne Ragot F (Vignory)
7e RCC :
. Cne Maugery C (Wassy, 41 ans) : blessé et pris le 1/5/1809 ; chef d’escadron au 9e cuirs le 11/5/1809
15e RCC :
. chir-major Bocquenet F.B. (Coiffy/Haut, 49 ans)
. Major Lemoyne H (Chaumont, 38 ans) : puis colonel 14e RCC le 10/8/1809

6e RAP (artillerie à pied) :
. Cne Bourgoin JB (Courcelles/Blaise, 41 ans)
Artillerie :
. Ltn Guyardin JBL (Langres, 24 ans)
. Cne de Montagnon JJ (Chaumont, 28 ans) : CLH
. Maj Pelgrin C (Chaumont, 37 ans) : commande l’artillerie de la division Gudin – colonel 7/6/09
1er bataillon de pontonniers :
. Ltn Huot PAV (Bourmont, 26 ans) : CLH 13/8/1809
Génie :
. Cne Cournault H (Langres, 26 ans)
Service de santé :
. chirurgien sous-aide Antoine CN (Vaux/Blaise, 18 ans) : à Vienne.
. chirurgien sous-aide Grandjean P (Wassy, 18 ans) : à Vienne.

samedi 17 octobre 2009

Le colonel.... Habert

Il s’appelle Habert. Comme son presqu’homonyme, héros d’un héros de Balzac, il s’est hissé jusqu’au grade de colonel. Comme Chabert, il a été blessé, en 1807, lors de la Campagne de Pologne en chargeant à la tête des cuirassiers. Mais ici s’arrêtent les similitudes avec ce célèbre personnage de fiction : le Haut-Marnais ne meurt pas dans un hospice, mais dans une « grande et belle demeure à Nijon ». C’est ce qu’écrira son compatriote Alcide Marot, auteur d’une notice biographique de cet officier dont le manuscrit original est conservé par les Archives départementales.
Jean-Nicolas Habert voit le jour à Nijon, village du canton de Bourmont, le 27 octobre 1774. Il est le fils de Jean-Baptiste, coordonnier devenu marchand, et de Marie-Rose Reine. Coïncidence ? Un nommé Reine, sans doute un parent, sert comme maréchal des logis dans le 4e régiment de cavalerie. C’est dans ce corps que le jeune Haut-Marnais s’engage le 6 janvier 1794, à 19 ans et demi.
Patiemment, le cavalier haut-marnais gravit les étapes de la hiérarchie militaire, au fur et à mesure qu’il se bat (surtout aux abords du Rhin) : fourrier en 1795, maréchal des logis chef en 1799, adjudant-sous-officier en 1800. C’est la même année, à 25 ans, qu’il passe sous-lieutenant, le 5 juin 1800, lors d’une campagne d’Allemagne, sous les ordres du général Moreau, qui sera ponctuée par la victoire d’Hohenlinden.
Lieutenant en 1802, Habert sert en Italie en 1805 et 1806. Période au cours de laquelle il quitte le 4e devenu « de cuirassiers » pour être nommé adjudant-major du 6e de l’arme, en avril 1806. Ce corps basé au-delà des Alpes (à Lodi) et commandé par le colonel Rioult d’Avenay nous est bien connu parce qu’un de ses officiers, Aymar de Gonneville, laissera des mémoires fameux – dans lesquels Habert n’est d’ailleurs pas cité. Un corps qui, aussi, accueille des conscrits haut-marnais, notamment en février 1807 et en mai 1809.

Avec le 6e cuirs (brigade Reynaud, division Espagne), qui selon le lieutenant de Gonneville n’a pas « assisté » à la bataille d’Eylau, Habert se bat le 10 juin 1807 à Heilsberg où, notera Alcide Marot, il est blessé d’un coup de baïonnette au bas-ventre et d’un coup de lance au bras droit. Le régiment souffre particulièrement lors de cette rude bataille : Michel Legat, qui annotera les souvenirs du capitaine de Gonneville, précisera que le 6e a perdu ce jour-là 17 officiers sur 22 (le régiment déplore au total 30 tués, 98 blessés). A la suite d’Heilsberg, d’Avenay sera promu général de brigadie (il tombera en 1809 lors de la bataille de La Piave), et le Haut-Marnais Habert sera fait membre de la Légion d’honneur (le 1er juin 1807).
Capitaine en 1808, le Haut-Marnais se bat encore à Essling : un cheval meurt sous lui, sa jambe est touchée, et il est capturé. Après cette Campagne d’Autriche, il est promu chef d’escadron, le 1er septembre 1809. Deux ans plus tard, il voit arriver, comme nouveau colonel de son régiment, un compatriote : Jean-Baptiste-Isidore Martin, de Saint-Dizier, venu des chasseurs à cheval de la Garde.
Avec le 6e cuirs, Habert prend part à la Campagne de Russie, et après la bataille de La Moskowa, il est promu major (lieutenant-colonel), le 20 septembre 1812, mais pour servir au 9e cuirassiers (brigade Queunot, division Saint-Germain, 1er corps de cavalerie). Coïncidence : un de ses capitaines, Claude Oriot, est Haut-Marnais (il est né à Colombey-les-Deux-Eglises en 1773). Comme Oriot, comme Martin, comme un cousin de ce dernier (François-Eugène Payart, né à Saint-Dizier en 1785, sous-lieutenant au 6e cuirassiers), Habert fait partie du fameux « escadron sacré ». constitué d’officiers encore montés. Marot écrira que Habert « sut ramener tous ses officiers… Il les obligeait, racontait-il plus tard, à prendre du thé tous les jours avec lui, suivant la coutume russe… »
Après la Russie, la Saxe. Le 9e cuirs fait alors partie de la division Bordesoulle du 1er corps de cavalerie. Le régiment est toujours aux ordres du colonel de Murat-Sistrières. Marot écrira que celui-ci est tué lors de la bataille de Dresde. Faux : ce colonel n’est que blessé dans cette affaire. Pour le remplacer, le général Latour-Maubourg, qui commande le corps de cavalerie, songe à Habert. Il le présente à Napoléon. Lisons Marot : « L’Empereur dit ne pas le connaître. « Moi, dit le roi de Naples (Ndlr : le maréchal Joachim Murat), je m’en porte garant ». « Allez, colonel, dit alors l’Empereur ». Habert avait sauvé autrefois la vie à Murat en Italie et ce dernier s’en est toujours souvenu ». L’historien confond-il le roi de Naples avec le colonel de Murat-Sistrières ? Toujours est-il que nous ne voyons pas où Habert aurait pu sauver le maréchal, qui ne s’est plus battu en Italie depuis la campagne de 1800…
Mais voilà donc Jean-Nicolas Habert colonel, à 39 ans, d’un régiment de cuirassiers. Nouvelle coïncidence : celui qui le remplace dans ses fonctions de major, c’est encore un Haut-Marnais, Claude Maugery, un Wasseyen, qui comme chef d’escadron avait commandé les restes du 12e cuirassiers après la Campagne de Russie ! Et dans le 6e cuirs toujours commandé par le Bragard Martin, sert un demi-frère – un autre, Jean-François, sera lieutenant au 1er régiment de la Haute-Marne la même année - du nouveau promu, Nicolas-Victor Habert, né à Nijon en 1793, engagé à Chaumont début septembre 1812. C’est sans doute ce futur capitaine et médaillé de Sainte-Hélène (il vit alors à Soulaucourt-sur-Mouzon, où il décédera en 1863) qui rapportera à Alcide Marot des détails sur la vie du colonel Habert. Ainsi, cette phrase : «Lle malheureux, il se déshonore », lorsque le chef de corps apprend que son ancien chef de l’armée du Rhin, le général Moreau, sert dans les rangs ennemis.
A Leipzig, Habert a un cheval tué sous lui, et il est blessé au pied gauche. Son régiment se battra à Saint-Dizier, mais il semble que ces blessures aient tenu l’enfant de Nijon, officier de la Légion d’honneur depuis le 28 novembre 1813, éloigné de ce commandement. Vient la chute de Napoléon, et le retour des Bourbons. Le colonel Habert est tout d’abord distingué par le nouveau régime en se voyant accorder, par le duc de Berry, la croix de Saint-Louis en octobre 1814, mais quelques jours plus tard, il est placé en non activité, parce que selon Marot il aurait refusé d’aller commander un autre régiment que le sien.
Les Cent-Jours lui offrent une nouvelle fonction : la responsabilité du 4e cuirs.
C’est la campagne de Belgique. L’arme des cuirassiers est représentée par douze régiments (deux sont donc commandés par des Haut-Marnais, tous deux au 4e corps de cavalerie du général Milhaud : le 4e dans la brigade Dubois de la 13e division Walthier, le 6e dans la 14e division Delort), et leurs charges à Waterloo contre les carrés anglais sont restées légendaires. Le 18 juin 1815, le régiment du colonel Habert prend part aux rudes combats de la ferme de la Haie-Sainte (une source anglaise prétend que le Haut-Marnais y a été tué, il n’en est rien), et celui de Martin se bat sur le Mont-Saint-Jean où le Bragard perd un bras.
Sur les douze colonels, sept sont tués ou blessés. Mais pas Habert. Dont le biographe se demande même s’il s’est battu lors de l’ultime combat de Napoléon…
Pour Habert, la Restauration signe la fin de sa carrière. Mis en non activité en 1816 (et retraité en 1825), après avoir appartenu au conseil d’administration du 4e cuirs jusqu’en décembre 1815 (à Fontenay) au moins, il retrouve son village natal, dont il devient maire en 1821, et ce jusque janvier 1837. Il aurait été également conseiller général. Selon Marot, Habert s’avère être un grand chasseur.
C’est le 18 juillet 1842, à 8 h, que le colonel Habert, qui était marié à Henriette selon Marot, décède à Nijon, à l’âge de 76 ans.
Il n’était pas membre de la noblesse d’Empire.

mercredi 14 octobre 2009

Arc-en-Barrois, port d'attache du major Voirin

Charmant bourg baigné par l’Aujon, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Chaumont, Arc-en-Barrois est la localité de naissance de Pierre-Charles-Prudent Voirin, qui est baptisé le 7 octobre 1771. Epoux de Marie Paulin, son père, Charles, exerce la profession de chirurgien juré dans la commune.
C'est à la faveur de la Révolution que le jeune Arcquois devient officier : il sert comme capitaine au 21e bataillon des réserves, mis sur pied en 1792, et passe en l'an IV, via la demi-brigade de l'Yonne, dans la 16e demi-brigade d'infanterie de ligne, où il est confirmé dans son grade le 10 février 1799. Jusqu'alors capitaine de la 7e compagnie de fusiliers du 2e bataillon, à l'armée du Rhin, Voirin n'a pas 29 ans lorsque le 25 mai 1800, il est promu chef de bataillon au sein de sa demi-brigade. En poste à Fribourg-en-Brisgau, en l'an XI de la République, puis à Alexandrie, en l'an XII, il est à la tête du 2e bataillon d'un corps devenu 16e régiment d'infanterie de ligne. Le chef de bataillon Voirin devient père en mai 1805, lorsque son épouse Anne-Sibille (ou Sybille) Thilman donnera naissance, à Arc-en-Barrois, à un fils, Pierre-Albert. La même année, l'officier est blessé au combat de Trafalgar, selon Martinien. Il continue à commander le II/16e de ligne en Italie, au moins jusqu'en 1807, avant de prendre, deux ans plus tard, le commandement du 3e bataillon du 24e régiment d'infanterie de ligne, en remplacement d'un Poitevin également né en 1771, le commandant Jean-Baptiste-Frédéric Dunet, mortellement blessé en Espagne à Talavera (juillet 1809). Le 24e de ligne forme alors brigade, avec le 9e régiment d'infanterie légère, au sein du Ier corps du maréchal Victor. Membre de la Légion d’honneur (la base Léonore ne le recense pas), l’officier haut-marnais, papa d'une fille née à Arc-en-Barrois en septembre 1810, est membre du conseil d’administration du 24e de ligne. A ce titre, il contresigne la demande de proposition de la «croix» pour son compatriote Brulté, de Dammartin-sur-Meuse, né lui aussi en 1771, qui est le capitaine de la 2e compagnie du 1er bataillon. Brulté, qui est entré en service pendant la Révolution au 9e bataillon des Vosges, venait notamment de se distinguer à la bataille de Fuentes de Onoro (mai 1811) où il a été blessé (1). Voirin lui-même ne sera pas épargné lors de la campagne d’Espagne : il sera touché le 6 août 1811 en visitant les postes devant Cadix.
Il reste toutefois à la tête du III/24e, au moins jusqu’à octobre 1812 (selon le site Internet de Richard Darnault). Le régiment continuera à servir au-delà des Pyrénées, se battant au col de Maya (été 1813), où le commandant Roy, chef du I/24e, est mortellement blessé. Confié au commandant Mignot, ce bataillon rejoindra ensuite le 7e corps début 1814 et se battra notamment à Saint-Dizier. Les 2e et 3e bataillons sont entretemps partis se battre en Saxe où ils seront également versés au 7e corps fin 1813.
Entretemps, Voirin a été promu major (lieutenant-colonel) d’infanterie. Il est probable que cette nomination l’ait amené à quitter son cher 24e pour un autre régiment. Certainement diminué par ses campagnes, ses blessures, il obtient, le 8 septembre 1813, l’autorisation de venir retrouver son foyer arcquois. Un mois plus tard, le 15 octobre, à seulement 42 ans, il rend son dernier souffle. Il laisse une veuve qui se remariera et une fille qui s’unira avec le neveu d’un capitaine bourguignon, en 1830.
Outre Voirin et Brulté, au moins trois autres officiers haut-marnais ont servi au 24e :
. Hyppolite Delavenay, né en Suisse, sous-lieutenant, résidera en demi-solde à Chaumont puis servira dans la légion de la Haute-Marne ;
. François-Claude Couvreux, de Wassy, ancien tambour-major, sera promu sous-lieutenant en 1813 et blessé à Arcis-sur-Aube ;
. Nicolas Aubertin, capitaine, se retirera à Brottes.

(1) Le capitaine Brulté sera amputé de la jambe droite après une septième blessure reçue au col de Maya. Il se retirera à Gray (Haute-Saône).

jeudi 8 octobre 2009

Le lieutenant-colonel Armand : un Dauphinois retiré à Bourbonne

Fils de François, Joseph Armand naît le 24 mai 1772 à Taulignan, dans la Drôme (arrondissement de Montélimar). A 19 ans, il entre en service comme soldat au 12e régiment d’infanterie légère le 1er janvier 1791. Jusqu’en 1799, il va servir continuellement dans les Alpes et en Italie, passant successivement caporal en 1793, sergent en 1795, enfin sous-lieutenant le 29 juillet 1797. Présent au siège de Mantoue, à la bataille de Rivoli, il a été blessé d’un coup de feu à la jambe droite à Castiglione.
Armand, qui passe lieutenant le 30 janvier 1799, s’est encore distingué dans les Grisons, puis se bat à Zurich. Il est capitaine le 9 mars 1800. Plusieurs Haut-Marnais servent alors comme officiers dans la 12e demi-brigade légère, comme le lieutenant Nicolas Baptault (un Bourguignon qui se fixera à Chaumont), le capitaine de Susleau de Malroy (bientôt retraité malgré son jeune âge) et le lieutenant Hubert-Jean-Baptiste Devaux (ce Chaumontais perd l’œil droit au passage du Mincio et sera mis à la retraite en l’an XIII), tous deux issus du 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne.

Armand est bien toujours capitaine de carabiniers – et non chef de bataillon depuis le 5 juillet 1803, comme le stipule son dossier de légionnaire - lorsqu’il s’illustre lors de la campagne de Pologne. Sous les ordres du maréchal Lefebvre (le 12e léger du colonel Jeannin sert dans la brigade Dufour de la division Michaud), il participe à la prise de Grisvalde (sic - 27 janvier 1807), au siège de Stralsund, mais selon ses déclarations, c’est surtout lors du siège de Dantzig qu’il fait preuve de bravoure : à la tête d’un détachement de 110 hommes du 2e bataillon, Armand pénètre dans plusieurs redoutes, notamment celle défendue par douze pièces de canon, dans la nuit du 6 au 7 mai 1807. Une action qui lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d’honneur le 10 mai 1807, puis officier le 3 juin.
Il convient, à ce stade du récit, de se poser cette question. Un autre régiment léger, le 2e, se bat aussi à Dantzig, et dans ses rangs sert un homonyme, le chef de bataillon – et futur colonel - Claude-Joseph Armand (originaire de l’Ain), à qui ses biographes attribuent une action d’éclat lors de ce siège. Y a-t-il eu deux officiers d’infanterie légère nommés Armand à s’être distingués sur les bords de la Baltique ? Y a-t-il confusion entre les deux ?
Ce qui est certain, c’est que c’est bien notre homme qui se bat comme un lion avec le 12e léger à Heilsberg, le 10 juin 1807, dans la redoute du centre, récoltant pas moins de neuf blessures : un coup de feu à l’épaule, un éclat d’obus au-dessus de l’œil gauche, trois coups de biscaien à la tête, deux au côté gauche, un au bras gauche, deux coups de crosse de fusil à la jambe droite ! Laissé pour mort, il est fait prisonnier jusqu’à la paix de Tilsitt.
A partir de 1808 (jusqu’en 1811), le Dauphinois sert en Espagne, commandant, l’année suivante, le II/12e léger. Il se bat à Talavera, à Almonacid, au passage de la Siera Morena (21 janvier 1809), bousculant avec son bataillon 5 000 Espagnols défendant un pont (il fait 50 prisonniers). Il reçoit encore une blessure – une balle à l’avant-bras gauche – à la bataille d’Albuhéra, le 16 mai 1811.
Promu major en second le 9 août 1812, Joseph Armand est nommé major (lieutenant-colone) du 23e léger le 28 mai 1813.
Le souci de guérir ses blessures l’a-t-il amené à séjourner à Bourbonne-les-Bains ? Nous le pensons. Il est déjà chevalier d’Empire lorsqu’il se marie en effet dans la cité thermale, le 1er septembre 1813, avec Jeanne-Françoise Thomas-Derevoye. Le capitaine Etienne Jalabert, du 23e léger, assiste à cette union.
C’est à Bourbonne que le major Armand, qui est passé le 5 août 1814 au 15e, choisit de se retirer.
Mais le nouveau régime veille. Armand est, avec Charles Mercier, l’un des deux officiers supérieurs bourbonnais, tous deux chevaliers d’Empire d’ailleurs, dans le collimateur de la préfecture. « On observe, peut-on lire dans une note de 1816 transmise au gouvernement, que le sieur Mercier, qui fait sa résidence à Bourbonne, y voit beaucoup M. Armand, ex commandant au 22e de ligne (Ndlr : en fait au 12e puis au 23e léger), retiré aujourd’hui dans cette ville où il est remarqué par ses mauvaises opinions, et malgré que le major Mercier affecte depuis environ deux mois de mettre quelque réserve dans ses discours, on lui a entendu tenir, de concert avec le sieur Armand ces jours derniers, des propos très insultants contre la famille royale. » Y a-t-il eu des sanctions judiciaires contre ces deux hommes ? Nous n’en avons pas trouvé trace – Mercier (qui a repris du service comme lieutenant-colonel durant la Monarchie de Juillet) meurt en 1836, et Armand le 4 octobre 1845, à l’âge de 73 ans.

Sources : base Léonore ; Archives départementales de la Haute-Marne.

mardi 6 octobre 2009

Félix Guyardin, un demi-solde sous surveillance

A 25 ans, Nicolas-Marie Guyardin est, déjà, officier supérieur. Une belle carrière se profile donc encore pour ce jeune homme, usuellement prénommé Félix, né à Langres le 12 octobre 1787. Sauf que les Bourbon qui lui ont donné la croix de Saint-Louis ne lui pardonneront jamais son ralliement à l’Usurpateur durant les Cent-Jours…

Comme le Chaumontais Laloy, comme les frères bourbonnais Chaudron-Rousseau, Guyardin est un fils de « régicide » – surnom de ces députés qui ont voté la mort du roi Louis XVI – qui a choisi le métier des armes. En février 1804, il intègre la jeune école spéciale militaire de Fontainebleau, dont il sort pour être nommé sous-lieutenant le 14 septembre 1805 et affecté au 103e de ligne. Un corps commandé par le colonel Taupin qui se bat à Iéna (le nom figure sur son drapeau), en Espagne. En 1809, Guyardin est déjà passé lieutenant (le 22 décembre 1806), au sein du 103e désormais commandé par un Haut-Marnais, le Wasseyen Rignoux.
Il est promu capitaine le 11 juillet 1810, puis chef de bataillon, le 1er mai 1813, au 43e de ligne, avant de rejoindre un mois plus tard l'état-major général. Ayant servi de 1809 à 1812 dans la péninsule, il prend part à la Campagne de Saxe et est fait chevalier de la Légion d'honneur le 19 novembre 1813. Si l’on s’en réfère aux travaux de Martinien, il n’est pas blessé durant les campagnes impériales.
Il est qualifié de chef d’escadron lorsqu’il est fait chevalier de Saint-Louis, le 16 janvier 1815. « Il feignait (sic) alors du dévouement pour les Bourbons, écrira plus tard le préfet de la Haute-Marne. Mais il s'est démenti avec tant d'éclat en 1815 et a montré une haine si violente qu'il ne saurait en revenir. » Traduction : le Langrois s’est rallié à Napoléon. Officier d’état-major, c’est lui qui porte un fameux ordre du maréchal Soult, major-général de l’armée du Nord (engagée en Belgique), destiné au général Vandamme, commandant du 3e corps, le 16 juin 1815. Le lendemain, si l’on s’en réfère aux travaux de Pierre de Wit sur la campagne de Belgique, il est officiellement présenté comme le sous chef de l’état-major de ce même corps, en lieu et place de l’adjudant-commandant Trezel, qui vient d’être blessé à Ligny. Un 3e corps qui ne se bat pas à Waterloo mais qui suit le destin des troupes placées sous les ordres du maréchal de Grouchy.
Le retour des Bourbon sur le trône de France signifie la fin de la carrière de Guyardin. Fin 1815, il est qualifié de chef de bataillon d’état-major en demi-solde, retiré à Choilley, près de Prauthoy, berceau des Guyardin (tandis que son père, forcé à l’exil, a dû s’établir en Suisse, accompagné de son épouse et d’une fille). Il y est notamment présent en 1818 lors du mariage d’un ami, le capitaine Couroux.
Mais le nouveau régime, servi par ceux là-mêmes qui ont été mis en place par le précédent (Napoléon), veille. Voici ce que le sous-préfet de Langres écrit en 1821 au préfet à propos des voyages des demi-solde de son arrondissement (il y en a 76, sur 100 officiers en demi-solde ou en non-activité). « Quel que soient au fond leurs sentiments, ils n'en manifestent pas de coupables... Il en est un qui fait notoirement exception. Je suis forcé de le nommer. C'est M. Guyardin, chef de bataillon en non activité. Sa résidence est à Choilley. Il n'y est jamais. Il se trouve dans tous les lieux où la légitimité est menacée. On a de lui l'opinion qu'il est agent, et c'en est un très actif, du Comité directeur (sic)..." Quelques jours plus tard, le préfet n'hésite pas à signaler le cas Guyardin au maréchal Victor, qui vient d'être nommé commandant des 6e, 7e, 18e et 19e divisions : « Cet officier, fils d'un régicide, avait reçu pendant la Première Restauration la croix de Saint-Louis et, je crois, celle d'officier de la Légion d'honneur… Mais je crains beaucoup que les menées secrettes (sic) ne soient pas moins hostiles que les discours. Quoique fort peu riche, il voyage sans cesse. Il était à Paris le premier jour de juin (1820). On le connaît à Lyon, à Grenoble et dans le Piémont... On ne peut pas douter qu'il ne soit l'agent d'une faction. Je l'ai, depuis longtemps, signalé à M. le directeur général de la Police ».Guyardin a-t-il été poursuivi pour ces « menées secrètes » ? Nous l’ignorons. Selon son dossier de la Légion d'honneur, il meurt le 10 mars 1827, à 40 ans, sans héritier (si ce n'est sa soeur, qui réside à Sens). Nous n'avions pas retrouvé son lieu de décès, jusqu'à ce que récemment, Mme Marie-Claude Finot, qui a étudié les familles de Choilley et Dardenay, nous apporte la réponse. L'officier, nous écrit-elle, est décédé "en la maison de santé des docteurs, rue du Bois à Vanves en laquelle il s'était retiré pour cause de maladie. Quelques années auparavant, lui et sa soeur (mariée au capitaine Hérard) avaient vendu aux communes de Choilley et de Dardenay la maison héritée de leur père. Ladite maison est devenue ainsi le presbytère du village (pendant presque un siècle et demi)". Autre question : l’officier a-t-il été promu, ne serait-ce que provisoirement, lieutenant-colonel durant les Cent-Jours ? Nous pouvons le penser. Il est en effet invariablement présenté comme chef de bataillon ou lieutenant-colonel dans les travaux de Pierre de Wit, et c’est avec second grade qu’il apparaît lors du mariage du capitaine Couroux (ancêtre du sénateur Charles Guené).
A noter que son frère aîné, Emile, Polytechnicien, lieutenant d'artillerie, a été tué en Espagne.

mardi 29 septembre 2009

Médaillés de Sainte-Hélène : de Chaumont-la-Ville à Cirey-lès-Mareilles

Chaumont-la-Ville
Albert Jean, né vers 1777, sert au 12e léger.
Bouvier Louis, né vers 1789, du 6e de ligne.
Desloges Claude, né vers 1789, grenadier dans la 1ère compagnie du I/1er RHM (1813).
Liebaut Joseph, né vers 1792, du 100e de ligne. Sans nul doute le conscrit né le 5 novembre 1792, dirigé le 24 novembre 1812 sur le 16e léger plutôt.
Rouge François, né vers 1777, du 59e de ligne.
Roussel Nicolas, né vers 1776, du 34e (?) bataillon du train d’artillerie.
Thouvenin Nicolas-Curien, né en 1793, de Chaumont-la-Ville, part le 21 novembre 1813 pour le régiment d’artillerie de la Garde à La Fère. Sert dans la 2e compagnie d’artillerie de la Jeune Garde, au 3e cuirassiers.

Chevillon
Agnus Henri, né vers 1791, entre en service en février 1812 au 100e de ligne, jusqu’en 1818. Sans doute Jean-Henry, né en 1791, de Suzannecourt, parti le 25 février 1812 pour le 100e.
Aubertin Nicolas, né vers 1777, sert de 1799 à 1816, dans la Vieille garde.
Champonnois Nicolas-Augustin-Athanase, né vers 1785 (de la classe an XIV), destiné au 4e d’artillerie à cheval.
Collin Didier, né vers 1785, appelé pour le 14e de ligne, entré en service en frimaire an XIV, jusqu’en février 1815.
Collin Nicolas, né vers 1793, entré en service en novembre 1813 au 11e tirailleurs de la Garde, jusqu’en 1816.
D’He Pierre, né vers 1792, sert de 1813 à mars 1815 au 134e de ligne.
Dosne Jean-Baptiste, né vers 1793, grenadier dans la 1ère compagnie du III/1er RHM.
Durand Damien, né vers 1790, sert de 1809 à août 1814 (dans la gendarmerie ou le génie).
Gaillet Jean, né vers 1790, sert de 1812 à 1818 dans le train de la Garde, au 1er d’artillerie à cheval de la Garde.
Gillet François, né en 1790, part le 21 mai 1809 pour le 14e de ligne. Sert jusqu’en juillet 1815.
Godin Charles, né vers 1783, part le 7 janvier 1814 pour la Jeune Garde. Sert jusqu’en mars 1815 au 5e tirailleurs.
Guillot Antoine, né en 1791, part le 17 février 1813 pour le 10e hussards puis sert au 2e hussards, jusqu’en décembre 1814.
Guillot Nicolas, né vers 1793, sert au 40e de ligne.
Millot Nicolas, né vers 1788, sert du 4 décembre 1808 à octobre 1814 au 67e de ligne.
Volland Claude, né en 1790, sert du 16 mars 1808 à octobre 1815 au 2e génie. A noter qu'un Claude Vollant, né en 1790, de Chevillon, est parti le 26 février 1809 pour le 28e léger.

Chezeaux
Moisson Louis, né vers 1779.
Mory Nicolas, né vers 1790, sert du 15 août 1811 à 1816 dans les ouvriers de la Marine (pris en février 1814).
Prouhet Jacques, né vers 1791, sert du 19 février 1813 à novembre 1815 aux 57e et 34e (à partir de janvier 1815) de ligne.
Vincent Antoine, né vers 1790. Note : un Antoine Vincent est chasseur au II/1er RHM.

Choignes
Etienne Claude, né vers 1792, sert du 3 mars 1812 à 1816 aux 100e et 81e de ligne. Sans doute le conscrit né en 1792, originaire de Foulain, domicilié à Marnay, parti le 25 février 1812 pour le 100e.
Pechinez Pierre, né vers 1794, sert du 24 novembre 1813 à 1819 au 64e de ligne, dans la légion de la Haute-Marne.

Cirey-sur-Blaise
Baveux Claude, né vers 1787, entre en service en décembre 1808, sert au 67e de ligne, au 3e grenadiers à pied de la Garde, jusqu’en septembre 1815.
Corda Antoine-Augustin, né vers 1792, sert de mai à juillet 1815 dans la garde nationale.
Gossement Jean, né vers 1779, sert de thermidor an XIII à février 1806, au 14e de ligne.
Huguenin Jean-Nicolas, né vers 1780, sert du 26 germinal an XI au 1er nivose an XIII au 3e hussards.
Menageot Chales, né vers 1771, sert du 19 ventôse an II au 5 janvier 1809, aux 102e et 103e demi-brigades.
Monginot Joseph-Nicolas, né vers 1792, sert d’avril 1813 à octobre 1815, au 42e de ligne.
Perrin Nicolas, né en 1792 à Blumerey, sert au 57e de ligne puis part le 9 mars 1813 au 17e dragons.
Prevost Charles-Remy, né en 1788, originaire de Daillancourt, part le 20 janvier 1807 pour le 14e de ligne. Sert jusqu’en janvier 1809. A été blessé.
Richalet Louis-Auguste, né en 1790, part le 8 mai 1813 pour le 4e d’artillerie à pied. Sert jusqu’en septembre 1815.
Royer François-Xavier, né en 1781, capitaine (pour mémoire).
Vauthier Nicolas, né vers 1789, sert du 28 mai 1808 à septembre 1815, au 1er d’artillerie à pied, au 3e (ou 2e) d’artillerie à pied, dans la 1ère compagnie d’artillerie à pied de la Garde.

Cirey-lès-Mareilles
Rat Nicolas, né en 1777, sert au 22e de ligne pendant trois ans, puis au 11e dragons pendant onze ans.

samedi 26 septembre 2009

Le général Chaudron-Rousseau, l'Espagne et le caniche

Le 5 mars 1811, non loin de Cadix, en Andalousie, s’achevait, sur le champ de bataille de Chiclana, à 35 ans, la courte vie de Pierre-Guillaume Chaudron-Rousseau. Un général à la carrière encore prometteuse, mais pourtant riche, en dépit de son jeune âge. Une carrière fulgurante, aujourd’hui méconnue, sans aucun doute rendue possible par sa qualité de fils d’un conventionnel influent et redouté, Guillaume Chaudron-Rousseau.
C’est dans la cité thermale de Bourbonne-les-Bains que naît, le 15 novembre 1775, Pierre-Guillaume, fils de Guillaume Chaudron, alors qualifié de greffier délégué, et de Catherine Rousseau, le père accolant au sien le patronyme de son épouse pour forger le nom de Chaudron-Rousseau.
Procureur-syndic du district de Bourbonne, Guillaume Chaudron est élu député à la Législative puis à la Convention, votant la mort du roi Louis XVI. C’est en mars 1793 qu’il est envoyé dans le Sud-Ouest comme représentant du peuple. La Haute-Garonne, les Pyrénées-Orientales, l’Ariège, l’Aude se rappelleront longtemps de la « fougue » révolutionnaire de cet homme né en 1752.
Le même mois au cours duquel son père est envoyé en mission dans le Sud-Ouest, Pierre-Guillaume embrasse la carrière militaire : il devient élève commissaire des guerres (le 10 mars 1793), puis employé dans les bureaux de la guerre jusqu’au 11 juillet, avant d’être promu, à moins de 18 ans, lieutenant dans le 1er bataillon de la légion des Montagnes, unité d’infanterie légère créée par décret du 9 février 1793. Y servait le futur général et pair de France Dessolles. Cette formation se bat dans les Pyrénées.
Le Haut-Marnais y reste peu de temps, puisque le 7 août 1793, il passe adjoint aux adjudants-généraux, puis capitaine titulaire dans la légion des Montagnes le 4 brumaire an II (25 octobre 1793), avant de rejoindre, le 13 nivôse an II (2 janvier 1794), comme lieutenant, le 24e régiment de chasseurs à cheval, corps issu des Chasseurs volontaires de Bayonne et d’où sera issu le futur général Castex.
Le jeune officier prend part, au sein de l’armée des Pyrénées-Orientales du général Dugommier (le héros de Toulon), au siège de Collioure (3-26 mai 1794) et à celui du fort Saint-Elme. Toujours fulgurante, sa carrière lui permet d’être promu adjudant-général chef de brigade le 13 juin 1795 (25 prairial an III). Le voilà donc colonel à 19 ans et demi.
Nous avons cherché dans les annales de l’armée française : nous n’avons pas trouvé, parmi les roturiers, trace d’un autre homme promu si jeune à ce grade dans l’Histoire contemporaine !
Affecté à la 3e division de l’armée des Pyrénées-Occidentales, il révèle sa valeur le 4 thermidor an III (22 juillet 1795) : dans « Les Fastes de la Légion d’honneur », on note que le Haut-Marnais se distingue lors du passage de l’Ebre, à Miranda, au sein de l’armée des Pyrénées-Occidentales commandée par le général Moncey. « Il rallia une brigade que l’ennemi, supérieur en nombre, avait mis en déroute, et rejeta la colonne espagnole au-delà de l’Ebre ». L’on cite sa « présence d’esprit », son « intrépidité » dans cette action. Le même jour, intervient la paix de Bâle, qui signifie la fin des combats sur ce front.
Après la frontière espagnole, Chaudron-Rousseau est dirigé sur l’armée des Côtes-de-l’Océan, commandée par le général Hoche. Le Haut-Marnais y dirige une colonne mobile : selon certaines sources, il y combat à la tête de 4 000 hommes les troupes de Stofflet. Nous n’avons toutefois pas trouvé trace de sa participation à ces opérations.
A la suppression de cette armée, il est réformé, en septembre 1796. A 21 ans, ce colonel est sans emploi…
Il rentre en Haute-Marne.
Il reprend du service le 9 prairial an VII (28 mai 1799), chargé par le ministère de la Guerre de conduire des conscrits haut-marnais vers l’armée du Danube. Il s’agit sans nul doute de ces hommes qui seront versés dans la 109e demi-brigade.
Le 5 juillet, il obtient un emploi de chef de bataillon à la suite d’une demi-brigade. Apparemment, sa rétrogradation hiérarchique profiterait à l’ancien conventionnel Milhaud, futur général de cavalerie d’Empire (et libérateur de Saint-Dizier), qui a siégé dans la même assemblée que Guillaume Chaudron-Rousseau. Rien de bien dramatique pour le jeune officier : bien que sans emploi durant plus de deux ans, il n’a que 24 ans…
En 1800, le 14 mars, Pierre-Guillaume est réintégré dans son grade d’adjudant-général. Il rejoint l’armée d’Italie le 12 avril, servant successivement en Cisalpine (1801), en Batavie (1802), au camp de Nimègue (1803), dans l’armée du Hanovre (1803-1805).
Officier de la Légion d’honneur le 15 juin 1804, il est l’année suivante, comme adjudant-commandant, chef d’état-major de la 1ère division du Ier corps du maréchal Bernadotte. Division commandée par le général Rivaud, auquel il était lié puisqu’il a représenté le parrain du fils de ce général lors de son baptême.
Passé à la 2e division (Lapisse), Chaudron-Rousseau prend part à la campagne d’Autriche. Avant Austerlitz, il se distingue lors de l’affaire de Nordlingen, le 21 vendémiaire an XIV (13 octobre 1805), dans le cadre de la poursuite des troupes autrichiennes sous les ordres du maréchal Murat.
Ce jour-là, racontent les « Fastes de la Légion d’honneur », « à la tête d’un détachement de dragons, il força 1 000 Autrichiens à poser les armes, s’empara de quatre pièces de canon ». Etonnant qu’un chef d’état-major de fantassins se soit mis à la tête de dragons, même si ceux-ci ont la particularité de pouvoir également combattre à pied…
Avec sa division, le Haut-Marnais se bat encore en Prusse, en Pologne, avant de passer en Espagne en 1808. C’est là, le 22 novembre de la même année, qu’il est enfin nommé général de brigade, treize ans après sa promotion au grade précédent : mais à 33 ans, ce n’est pas si mal…
Le Ier corps est désormais aux ordres du maréchal Victor, qui a vu le jour non loin de Bourbonne (à Lamarche). Le 27 juillet 1809, premier jour de la bataille de Talavera de la Reina, Chaudron-Rousseau a enfin l’occasion de rendre illustre son nom.
Face au futur duc de Wellington, la division Lapisse se dirige sur Casa de Salinas, contre une position tenue – selon les sources – par 4 ou 6 000 ennemis et quatre pièces.
Voici ce que dit le rapport du Ier corps, cité par Thiers : « Le général Chaudron-Rousseau, qui dirigeait le 16e régiment, profitant habilement d’un terrain moins garni d’arbres, ordonna à son régiment de charger l’ennemi à la baïonnette, ce qu’il avec toute la bravoure qui le distingue. Bientôt l’ennemi fut mis en plus déroute… » Cette charge à la baïonnette du 16e léger du chef de bataillon Gheneser (2e division Lapisse) est depuis restée fameuse.
Le lendemain est funeste. La décision n’est pas emportée, Lapisse est mortellement blessé. Dans son rapport, le chef d’état-major du Ier corps (10 août 1809) loue toutefois les « bonnes dispositions » de Laplane et Chaudron-Rousseau.
Un temps gouverneur de la place d’Astorga (province de Léon), Chaudron-Rousseau est toujours brigadier, dans la 2e division du Ier corps intégré dans l’armée du Midi, lorsque sa trace réapparaît en mars 1811, à l’occasion de la bataille de Chiclana. Il s’agit d’un rude et glorieux combat mené entre le corps de Victor et les troupes anglaises (débarquées pour débloquer Cadix assiégée) et espagnoles, le 5 mars.
Selon Lapène - un ancien officier auteur de plusieurs relations de la guerre d’Espagne -, le Haut-Marnais commande alors deux bataillons dits de grenadiers réunis – à l’instar des fameux grenadiers d’Oudinot -, composés de soldats issus des compagnies d’élite du Ier corps. A Chiclana, Chaudron-Rousseau se bat à l’extrême-gauche du dispositif français, sous les ordres du général normand François-Amable Ruffin.
Faisant toujours preuve d’intrépidité (dixit Lapène, « Conquête de l’Andalousie »), Chaudron-Rousseau tombe alors, mortellement blessé, au plus fort de la mêlée – seul l’auteur Félix Wouters précisera, en 1847, que le général a été frappé au milieu de la poitrine par un boulet…
Ainsi meurt un « officier du plus grand mérite », selon la presse française de l’époque. Toujours selon Lapène, cette disparition aura pour conséquence d’entraîner la retraite de ses troupes.
Les Anglais – qui appelleront cette bataille Barossa – crient victoire. Ils ont pris un Aigle (celui du 8e de ligne, dont le colonel, Autié, a été tué). A noter que durant cette bataille, le sous-lieutenant Paul Priant (1er lanciers), 41 ans, d’Eurville, s’est distingué en capturant 400 soldats britanniques, que le chirurgien-major Nicolas Vanderbach (9e léger), d’Autreville-sur-la-Renne, et le lieutenant Ursin Demongeot (94e de ligne), de Saint-Urbain, ont été blessés.
Si le nom de Rousseau (en fait Chaudron-Rousseau) s’est rendu célèbre en Grande-Bretagne, c’est en raison d’une anecdote extraordinaire couramment reprise par les historiens britanniques des guerres de la péninsule – Wellington lui-même la cite. Nous vous la livrons :

« Après la bataille de Barossa, les blessés des deux nations ont été, faute de moyens de transport, laissés sur le champ de bataille pendant toute la nuit et une partie de la journée suivante. Le général Rousseau était du nombre ; son chien, du genre caniche blanc, qui avait été laissé durant l'avance des forces françaises, voyant que le général ne rentrait pas avec ceux qui ont échappé à la bataille, se mit à sa recherche ; il le trouva à la nuit, et exprima son affliction par des gémissements et en léchant les mains et les pieds de son maître mourant. Lorsque l’instant fatal eut lieu, quelques heures après, l’animal semblait tout à fait conscient du terrible changement, s'attacha étroitement au corps, et pendant trois jours refusa la nourriture qui lui était offerte. (Le général inhumé), fidèle à sa tombe honorable, le chien se coucha sur la terre qui recouvrait les vestiges bien-aimés, et fit preuve par le silence et son chagrin profond de l’abattement (que lui causait cette perte). Le commandant anglais, le général Graham, (a pu enfin faire quitter l’animal), maintenant plus résistant, de l'endroit, et lui donna sa protection, qu'il a continué à lui prodiguer jusqu'à sa mort, plusieurs années après, à la résidence du général, dans le Perthshire ».
A noter qu’une seule relation britannique penche pour le général Ruffin comme étant le propriétaire du chien, mais cette version nous paraît peu plausible, Ruffin, effectivement mortellement blessé à Chiclana, étant mort sur un bateau qui l’emmenait en captivité, et non sur le champ de bataille.
Le nom du général Chaudron-Rousseau ne figure pas sur l’Arc de Triomphe, mais sur les tablettes de bronze du château de Versailles. En revanche, il a été donné à un fort de la ceinture langroise.

mardi 22 septembre 2009

Ils étaient trois capitaines...

Ils étaient trois capitaines. Tous trois nés dans la même ville (Langres), sensiblement du même âge, et servant dans le corps prestigieux de l’artillerie de la Garde impériale. Des officiers distingués, dont deux sont issus de l’école polytechnique, et tous embarqués dans l’aventureuse Campagne de Russie.

L’aîné, François Aubert, voit le jour le 24 avril 1778, fils de Jean-Baptiste, avocat, et d’une demoiselle Maillard. Polytechnicien, élève sous-lieutenant à l’école de Metz (19 février 1804), il sert dans l’artillerie à pied de la ligne et se distingue lors du siège de Dantzig, en 1807, année où il est promu capitaine et fait membre de la Légion d’honneur (le 10 mai). En 1808, il passe dans l’artillerie à pied de la Garde, avant d’être blessé à Wagram (1809). Au moment de la Campagne de Russie, il est capitaine-commandant de la 2e compagnie du 4e bataillon. Il est blessé à La Moskowa, promu officier dans l’ordre de la Légion d’honneur (le 23 septembre), chevalier d’Empire en 1813 puis baron, est nommé chef de bataillon dans la Jeune Garde le 27 mars 1813, avant d’être blessé à Bautzen et à Dresde. Durant les Cent-Jours, il est chef d’état-major de l’artillerie à pied de la Garde, corps dont il prend le commandement juste avant la chute de Napoléon. Sous la Restauration, il est inspecteur salpêtre à Paris. Frère du maire de Langres, il se retire dans le domaine de La Motte, commune d’Anrosey, où il meurt le 17 août 1855.

Claude-Etienne Lavilette, né en 1779, membre de la promotion de l’école polytechnique de l’an IX, devient aide de camp du général Lariboisière. Il se fait connaître en 1806 en rédigeant un « Mémoire sur une reconnaissance d’une partie du cours du Danube ». Lieutenant à l’état-major de l’artillerie de la Garde (22 novembre 1807), il est fait membre de la Légion d’honneur en mars 1807 – quoique non recensé par la base Léonore. Capitaine le 13 février 1809, il commande en second, en Russie, la compagnie des ouvriers pontonniers de l’artillerie de la Garde. Titulaire de l’ordre de la Couronne de fer en Italie et de l’ordre du Mérite militaire de Bavière, il est mortellement blessé le 16 novembre 1812 à Krasnoe. Cet officier semble distinct du capitaine du 8e régiment d’artillerie à pied blessé à La Moskowa et cité par Martinien.

Louis-Edouard Maillard de Liscourt est mieux connu, grâce notamment à la notice biographique que lui a consacré Germain Sarrut (« biographie des hommes du jour »). Fils d’officier (et sans doute apparenté au major Aubert), il naît à Langres le 12 janvier 1778. Après des études dans sa famille, puis au collège Louis-le-Grand qu’il rejoint en 1786, il intègre l’école militaire de Pont-à-Mousson, dissoute en 1793. Conscrit de l’an VII, il ne rejoint pas la 22e ou la 101e demi-brigades d’infanterie de ligne, mais le 6e régiment d’artillerie à pied, comme canonnier, le 1er décembre 1798. Au sein de ce corps, il passe successivement fourrier (1801), sergent (1802), sergent-major (1803), enfin lieutenant en second (22 novembre 1804). Au camp de Boulogne puis à la Grande Armée, il remplit les fonctions d’aide de camp du général d’artillerie Faultrier. Passé dans l’artillerie à cheval de la Garde le 1er mai 1806, promu lieutenant en premier le 21 août 1808, le Langrois sert en Espagne, se battant à Burgos, écopant de deux coups de feu à l’attaque de Madrid, le 4 décembre suivant. On le retrouve à Wagram, à Znaïm : à l’issue de la Campagne d’Autriche, il est fait chevalier de la Légion d’honneur (9 juillet 1809) puis promu capitaine en second (17 juillet). Passé dans l’artillerie à pied de la Garde, Maillard prend part à la campagne de Russie, au sein de la 1ère compagnie du 2e bataillon, participant aux batailles ou affaires de Smolensk, La Moskowa (il est blessé à deux reprises), Krasnoe, passant capitaine en premier le 1er octobre 1812. Durant la Campagne de Saxe (Bautzen, Dresde, Leipzig, Hanau), il est fait officier de la Légion d’honneur le 14 septembre 1813 puis nommé major (lieutenant-colonel) à l’état-major de l’artillerie le 28 décembre. Il a 35 ans.
Jusqu’à présent, Maillard de Liscourt n’a pas beaucoup fait parler de lui. C’est durant la Campagne de France qu’il fait son entrée dans l’Histoire, en qualité de commandant, depuis fin janvier 1814, de l’artillerie réunie au Champ-de-Mars, à Paris, à l’occasion d’un épisode passé sous silence par Sarrut mais évoqué par Châteaubriand (« Mémoires d’Outre-Tombe ») et de nombreux historiens. La question posée : le Langrois a-t-il ou non refusé de faire sauter la poudrière de Grenelle, et l’ordre lui en a-t-il été donné ?
Voici la lettre écrite par l’officier durant la Première Restauration au Journal des débats : « J'étais occupé, dans la soirée de l'attaque de Paris, à rassembler (au Champ-de-Mars) les chevaux nécessaires pour l'évacuation de l'artillerie ; je partageais ce soin avec les officiers de la direction générale. A neuf heures du soir environ, un colonel à cheval arrive près de la grille de Saint-Dominique où j'étais alors, et demande à parler au directeur de l'artillerie. Je me présente : Monsieur, me dit-il, le magasin à poudre de Grenelle est-il évacué ? Non, lui répondis-je ; il ne peut même pas l'être, nous n'avons pour cela ni assez de temps, ni assez de chevaux. - Eh bien, il faut le faire sauter sur-le-champ. A ces mots, je pâlis, je me trouble, sans penser que je n'avais pas à m'inquiéter d'un ordre qui ne m'était point donné par écrit, et qui m'était transmis par un officier que je ne connaissais pas. - Hésiteriez-vous, monsieur ? me dit-il. Après un moment de réflexion, je revins à moi, et, craignant qu'il ne transmît à d'autres le même ordre, je lui répondis avec un air calme que j'allais m'en occuper ; il disparut. Maître de ce secret affreux, je ne le confiai à personne. Je ne fis point fermer les portes du magasin de Grenelle, comme on l'a dit ; je laissai continuer l'évacuation commencée dans la journée. J'ajouterai, maintenant, que cet ordre ne peut m'être venu des bureaux de l'artillerie, dont tous les officiers me sont connus ; que je savais déjà que le ministre de la Guerre et le général chef de division de l'artillerie avaient quitté Paris depuis plusieurs heures, et que tous les officiers d'artillerie de la direction générale étaient réunis au Champ-de-Mars, où ils s'occupaient de l'évacuation ordonnée. »
Ce 30 mars 1814, la poudrière de Grenelle n’a donc pas sauté. Elle contenait, selon « Le Conservateur impartial », 240 quintaux de poudre, cinq millions de cartouches, 25 000 charges de canon et 3 000 obus, et quantité de matériaux pour des feux d’artifice. Selon ce journal, en cas d'explosion (cela s'était produit sous la Révolution), « la plus grande partie de la capitale aurait été ensevelie sous ses ruines ».
Evidemment, les royalistes s’en sont donné à cœur joie pour attribuer à Napoléon lui-même la paternité de ce fameux ordre, porté par le général Gérardin, aide de camp. Si l’officier de cavalerie Hippolyte d’Espinchal, qui a connu Maillard et son épouse (une demoiselle de Caze qui figurait dans l’entourage de l’impératrice Joséphine) dans l’Hérault, sous la Restauration, pense que le Langrois a sauvé Paris, nombre de contemporains et d’historiens mettent en doute à la fois la marque impériale, et le rôle de l’artilleur, parfois qualifié d’ « arriviste ».
Durant la Première Restauration, Maillard de Liscourt appartient à la commission chargée de remettre aux Alliés les places fortes de Hollande – il est fait chevalier de Saint-Louis et membre de l’ordre de Sainte-Anne, par l’empereur de Russie Alexandre, à la suite de l’épisode de Grenelle - et, comme d’autres compatriotes (le colonel Denys, le chef de bataillon de Nettancourt), rejoint le roi Louis XIII en fuite à Gand. Au retour des Bourbon, il occupe divers postes de direction d’artillerie (à Sète, à Nantes, à Bordeaux…), prend part à la campagne d’Espagne à l’issue de laquelle il est promu colonel, et retraité en 1830. Il meurt à Paris le 5 décembre 1851 (selon Sylvie Nicolas : « Les derniers maîtres des requêtes de l’Ancien Régime »).

vendredi 18 septembre 2009

Nicolas Laveine, chef d'escadron de dragons

Un nouvel officier supérieur a été identifié depuis la parution de « Grognards de Haute-Marne » : le chef d’escadron de cavalerie Laveine.
C’est dans le petit village de Charmoy, dans le canton de Fayl-Billot, que naît, le 26 octobre 1768, Nicolas, fils de Jean Laveine et de Marguerite Drouot.
Il est probable, au vu de sa date de naissance, que le jeune homme serve d’abord dans l’armée du roi. Sa trace est croisée une première fois en 1800, en qualité de sous-lieutenant au 18e régiment de dragons (ex-régiment des Dragons du roi), un corps qui sert alors en Egypte. Il est promu lieutenant le 14 mai 1802 dans ce régiment qui se battra, en 1805 à Elchingen et Austerlitz, en 1807 en Pologne, puis en Espagne.
Laveine est déjà membre de la Légion d’honneur lorsque l’annuaire du département de la Haute-Marne de 1811 le qualifie de capitaine au 9e régiment provisoire de dragons. Un régiment à l’existence éphémère qui a reçu deux escadrons (les 3e et 4e) du 18e dragons après leur entrée en Espagne en janvier 1810.
En 1813 (il a 45 ans), de retour au 18e, Nicolas Laveine est chef d'escadron, et lors de la bataille de Leipzig, il a un cheval tué sous lui par un boulet. Après l'abdication de Napoléon Ier, le régiment, qui s'est notamment battu à Saint-Dizier, devient, sous la Première Restauration, 13e dragons. Laveine est fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis, le 16 janvier 1815. Durant les Cent-Jours, le régiment retrouve son numéro : il ne combat pas en Belgique, mais relève de l’armée des Alpes. A la fin de l’année, le Haut-Marnais appartient au conseil d’administration du régiment, basé à Lunel, dans l’Hérault, qui va être bientôt dissous.
Laveine qui, si l’on en croit Martinien, n’a pas été blessé durant les campagnes impériales, n’apparaît pas dans l’annuaire des officiers d’active de l’armée de Louis XVIII. Chef d’escadron retraité, il retrouve… son village natal, où il exerce la fonction d’adjoint au maire, notamment en 1823. Il est présent au mariage d'un officier de son régiment, le capitaine Jobard, maire de Rougeux, en 1819. Veuf de Marie Lamotte, propriétaire, cet officier de la Légion d’honneur décède à Charmoy le 18 juillet 1839, à l’âge de 71 ans. Curieusement, il n’apparaissait auparavant pas dans les listes de membres de la Légion d’honneur et de l’ordre de Saint-Louis résidant dans le département de la Haute-Marne.
Sources : état civil de la commune de Charmoy ; site Internet de Richard Darnault (« Les armées de Napoléon ») ; base Léonore (site Internet des Archives nationales) ; annuaire de la Haute-Marne de 1811 ; base Internet des chevaliers de Saint-Louis ; historique du 18e dragons.

Campagne de France (III) : des militaires décédés à l'hôpital de Saint-Dizier

Entre le 25 mars (donc à la veille du deuxième combat de Saint-Dizier) et le 18 avril 1814, 23 militaires français sont décédés dans la cité bragarde, en grande majorité à l'hôpital civil. Parmi eux : un officier, le seul d'ailleurs au sujet duquel il est précisé qu'il est mort des suites de blessures.
En voici la liste, avec toutes les précautions d'usage liées à une orthographe pouvant être approximative.
A noter que sept d'entre eux appartenaient à la Garde impériale (dont deux lanciers et un mamelouk alsacien), et que quatre sont originaires du seul département de l'Ain.

ARROT Pierre, 32 ans, de l’Indre-et-Loire, conscrit, mort le 25 mars.
BASSET Jean-François, 21 ans, du Loiret, soldat au 7e tirailleurs de la Garde, mort le 17 avril.
BLIN François, 20 ans, de l’Orne, soldat au 5e d’artillerie à pied, mort le 18 avril.
BRILLON Jean-Pierre, 28 ans, de l’Ain, carabinier au 17e léger, 1er bataillon, mort le 17 avril.
CADANEC François, 37 ans, du Finistère, grenadier au régiment de Brest, mort le 4 avril.
CANARD Pierre, 36 ans, de la Creuse, soldat de la Jeune Garde, mort le 16 avril.
CLAR (ou GLAR) Jacob, 18 ans, soldat au 1er régiment de mamelouks de la Garde, du Bas-Rhin, mort le 17 avril.
CLICHY Frédéric, 33 ans, d’Eure-et-Loir, maréchal des logis du 4e chasseurs à cheval, mort le 25 mars.
LACROIX Jean, 28 ans, de la Corrèze, soldat au 36e de ligne, mort le 15 avril.
LANGLOIS Claude, 21 ans, d’Eure-et-Loir, soldat au 6e régiment de tirailleurs de la Garde, 1er bataillon, 1ère compagnie, mort le 7 avril.
LEFEVRE André, 18 ans, de l’Ain, tirailleur au 5e régiment de tirailleurs de la Garde, 8e bataillon, 1ère compagnie, mort le 28 mars.
LOSTE (ou LORTA) Joseph, 20 ans, des Pyrénées-Orientales, soldat au 54e de ligne, mort le 4 avril.
MONNIOT Antoine, 29 ans, de Nancy, capitaine au 11e dragons, mort le 28 mars des suites de blessures.
NEGRET Antoine, 23 ans, de Parme, soldat au 3e de ligne, mort le 7 avril.
PIGEON Jean, 20 ans, des Deux-Sèvres, soldat au 70e de ligne, 3e bataillon, 4e compagnie, mort le 13 avril.
QUIDARD Joseph, 26 ans, de l’Ain, soldat au 101e de ligne, mort le 4 avril.
RENAUD François, 22 ans, des Vosges, tirailleur dans la Garde, mort le 18 avril.
SALETTE Michel, 37 ans, de l’Ain, carabinier au 17e léger, mort le 17 avril.
SATARD (ou JATARD) François, 22 ans, du Tarn, soldat au 24e dragons, mort le 10 avril.
SCHRISDLOISKY Mathieu, 22 ans, de Pologne, lancier au 1er régiment de la Garde, 4e escadron, 4e compagnie, mort le 27 mars.
STEPHANIE Pierre-Joseph, 27 ans, de Sambre-et-Meuse, canonnier au 2e d’artillerie de marine, mort le 17 avril.
VAILLOT Lazare, 24 ans, de Haute-Saône, du 14e dragons, mort le 27 mars.
ZELIS Constant, 22 ans, de l’Escaut, soldat au 2e lanciers de la Garde, mort le 17 avril.

Sources : état civil de la commune de Saint-Dizier (collection Archives départementales de la Haute-Marne).

Campagne de France (II) : les officiers de cavalerie tués et blessés à Saint-Dizier

Lors des différents combats de Saint-Dizier, c’est la cavalerie impériale qui a été la plus éprouvée, et particulièrement le 26 mars 1814. En témoigne le recensement des officiers tués et blessés effectué par Martinien, qui identifie quatre morts et 33 blessés, essentiellement parmi les dragons et les chasseurs à cheval. En voici la liste, complétée par nos informations (provenant de la base Léonore, notamment). A noter que certaines dates de blessures (22 janvier 1814, 17 et 19 mars 1814) paraissent sujettes à caution, car nous n’avons pas eu connaissance d’engagements ces jours-là.

Officiers tués ou mortellement blessés :Abriot, sous-lieutenant au 11e dragons, blessé le 22 (sic) janvier 1814, mort le 25 (selon Jean-Pierre Mir, auteur d’ouvrages sur la Campagne de 1814, Pierre Abriot était plutôt maréchal des logis-chef dans ce régiment, né en 1779 dans le Jura, tué le 26) ;
Bulot, sous-lieutenant au 2e dragons, tué le 27 janvier 1814 ;
Mennetier, lieutenant adjudant-major au 10e chasseurs à cheval, tué le 25 janvier 1814 (donc sans doute lors de la perte de la ville) ;
Miller Joseph, comte d’Empire, colonel du 26e chasseurs à cheval, tué le 27 janvier 1814 vers 11 h d’une balle à la tête sur la route de Joinville (selon l'état civil de la commune de Saint-Dizier).

Officiers blessés :
Algay Jacques-Blaise-Pierre, né en 1771 en Corrèze, chef d’escadron (1813) au 20e dragons, blessé le 26 mars 1814 près de Saint-Dizier par un coup de feu à la jambe gauche. Sera promu major le 3 avril 1814. Membre de la Légion d’honneur, il avait été blessé à Leipzig. Frère d’un chef d’escadron de carabiniers.
Ardouin, sous-lieutenant au 18e dragons, blessé le 25 mars 1814.
Bouillon Jacques, né en 1776 dans les Basses-Pyrénées, lieutenant (1814) au 30e dragons, blessé le 26 mars 1814, membre de la Légion d’honneur (1813), mort en 1836.
Bureaux de Pusy Joachim-Irène-François, né à Vesoul en 1783, chef d’escadron (1813) au 11e dragons, blessé le 26 janvier 1814. Son dossier de la Légion d’honneur précise : « En 1814, le 26 janvier, en avant de Saint-Dizier, il commandait l’avant-garde, forte de 300 chevaux. Il chargea de l’artillerie et de l’infanterie, son cheval fut tué dans une de ses charges. Il remonta sur un second cheval, avec lequel il continua à poursuivre l’ennemi, en ralliant ses dragons. Il fut atteint d’un biscaïen à la tête, qui le jeta à terre et le mit hors de combat ». C’est le fameux chirurgien Larrey qui le soignera. Déjà blessé en 1809, il servira sous la Restauration. Frère d’un colonel de dragons sous la Restauration.
Buys G.G., né en 1788 à Nimègue, lieutenant au 2e lanciers de la Garde, blessé le 26 mars 1814. Sera fait membre de la Légion d’honneur le 5 avril 1814 à Fontainebleau. Note : Martinien cite un lieutenant Buys, du 5e lanciers, blessé le 27 janvier 1814 (est-ce le même ?).
Cazeneuve François dit Théodore, né en Alsace en 1787, lieutenant (janvier 1814) au 13e dragons, blessé le 22 (sic) janvier 1814, membre de la Légion d’honneur.
Clément, sous-lieutenant au 11e dragons, tué le 22 (sic) janvier 1814.
Collinet Etienne, né en Haute-Marne, sous-lieutenant au 2e dragons, blessé le 27 janvier 1814. Sera blessé à Waterloo. Membre de la Légion d’honneur.
Cosnard Pierre-Jean-René, né en 1769 dans l’Orne, chef d’escadron (1813) au 19e dragons, blessé le 26 mars 1814 d’un coup de lance. A été auparavant blessé à quatre reprises. Officier de la Légion d’honneur.
Delapille Charles-Richard, né en 1784 dans l’Eure, sous-lieutenant au 13e dragons selon Martinien (ou lieutenant depuis 1813 au 18e dragons selon la base Léonore), blessé le 26 mars 1814 d’un coup de lance au bras droit, mort en 1823.
Dinglemarre, lieutenant au 25e dragons, blessé le 26 mars 1814. Note : un lieutenant d’Inglemarre, du 14e dragons, blessé le 26 mars, est cité par Martinien (il y a sans doute un doublon).
Duchevreuil Jacques-Antoine-Henry, né en 1786 en Normandie, sous-lieutenant au 5e chasseurs à cheval, blessé d’un coup de feu au bras droit et à l’épaule le 25 mars 1814.
Fonville François, né en 1790 dans l'Ain, sous-lieutenant (8 janvier 1814) au 27e chasseurs à cheval, blessé le 19 (sic) mars 1814. Ou plutôt officier du 4e chasseurs à cheval, blessé d'un coup de feu au genou gauche à Saint-Dizier (sans précision de date).
Fournier, sous-lieutenant au 16e dragons, blessé le 26 mars 1814.
Gauguier Charles-Séraphin-Joseph, né à Lille en 1793. Elève à l'école de cavalerie de Saint-Germain-en-Laye (1811), sous-lieutenant (mars 1813) au 19e dragons, blessé le 26 mars 1814 d'un coup de lance. Chevalier de la Légion d'honneur (3 avril 1814). Sera maître de forges à Neufchâteau, député des Vosges (1831). Mort en 1855.
Gisancourt (de), sous-lieutenant au 20e dragons, blessé le 26 mars 1814.
Joanet Pierre-Laurent, né à Reims en 1784, sous-lieutenant au 11e dragons, blessé le 26 mars 1814 dans une reconnaissance - ou plutôt, selon son dossier de légionnaire, à Fère-Champenoise.
Lallemand Sébastien,né en 1783 à Fleury-lès-Saint-Loup (70), chevalier de la Légion d'honneur (1809), sous-lieutenant (1813) au 20e dragons, blessé le 26 mars 1814 à l’épaule (lire le témoignage du cavalier Gougeat sur ce blog). Ou plutôt, après avoir été blessé à Brienne, d'un coup de lance au ventre, promu lieutenant le 30 mars.
Lamy, capitaine adjudant-major au 2e dragons, blessé le 27 janvier 1814. Blessé auparavant comme capitaine à Sainte-Croix. Sera blessé à Waterloo.
Le Flo-De Kerleau, capitaine au 13e dragons, blessé le 22 (sic) janvier 1814.
Lestocoquoy, capitaine au 22e chasseurs à cheval, blessé le 26 mars 1814.
L’Hermitte, lieutenant au 24e chasseurs à cheval, blessé le 17 (sic) mars 1814.
Migneret, sous-lieutenant au 19e dragons, blessé le 22 (sic) janvier 1814.
Millet, sous-lieutenant au 27e chasseurs à cheval, blessé le 19 (sic) mars 1814.
Molard, capitaine au 25e dragons, blessé le 26 mars 1814.
Paradis, sous-lieutenant au 19e dragons, blessé le 26 mars 1814 (Antoine, né à Roye, blessé à la jambe).
Parent, sous-lieutenant au 4e dragons, blessé le 26 mars 1814.
Ricolfo, sous-lieutenant au 25e dragons, blessé le 26 mars 1814.
Souspiron (Etienne de), sous-lieutenant au 15e dragons, blessé le 26 mars 1814. Sans doute un parent de l'officier de dragons avignonnais guillotiné durant la Révolution.
Spada (de), capitaine au 22e dragons, blessé le 26 janvier 1814.
Suchel, capitaine au 2e dragons, blessé le 27 janvier 1814. Blessé auparavant à Sainte-Croix.
Vernier, capitaine (1813) au 2e dragons, né à Strasbourg en 1787, blessé le 27 janvier 1814. A été blessé comme sous-lieutenant en Espagne en 1808 et 1809, et comme capitaine en Espagne en 1813.
Viora, capitaine au 18e dragons, blessé le 25 mars 1814.

Par ailleurs, l’état civil de Saint-Dizier conserve la trace du capitaine Antoine Monniot, né à Nancy, âgé de 29 ans, servant au 11e dragons, mort le 28 mars 1814 à l’hospice civil des suites de blessures. Martinien situe la mort de ce fils d'officier haut-marnais (et frère d'un capitaine) le 26 février 1814 au pont de Dolancourt (Aube). Et l’historique du 8e cuirassiers évoque la blessure du sous-lieutenant Lallemand, le 26 mars 1814 à Saint-Dizier. Mais toujours selon Martinien, c'est ce même jour, près de Sézanne (Marne), que cet officier a été touché, avant de décéder le 11 avril.

jeudi 17 septembre 2009

Campagne de France (I) : un témoignage méconnu sur le combat de Saint-Dizier (26 mars 1814)

Nous commençons aujourd’hui à mettre en ligne des documents relatifs à la Campagne de France en Haute-Marne. Inauguration avec un témoignage méconnu d’un dragon ayant assisté au combat du 26 mars 1814 à Saint-Dizier, et curieusement natif de la région bragarde : Louis-Antoine Gougeat, né à Larzicourt (au bord du lac du Der) en 1788, engagé en 1806 au 20e dragons, et alors cavalier d’ordonnance du capitaine de Marcy. Un témoignage publié dans les carnets de la Sabretache en 1901.

Au 26 mars 1814, le 20e dragons, commandé par le colonel Desargus, appartient à la division Lhéritier du 5e corps de cavalerie. Martinien indique que ce régiment a déploré ce jour-là trois officiers blessés, dont le chef d’escadron Algay et le lieutenant Lallemand.

« Nous partons, le lendemain, par la route de Montierender, nous arrivons au pied du village de Moelain (Note : Moeslains), au-dessous et loin de Saint-Dizier. Ce village est situé au sommet d’une petite côte de vignes au bas de laquelle coule la Marne. De l’autre côté est le bourg d’Hoericourt, avec une vaste plaine. Il est 10 h du matin, le temps est splendide, le soleil brille d’un vif éclat. L’armée russe évolue dans la plaine. A la vue de l’ennemi, notre armée, guidée par des habitants du pays, traverse la Marne au gué d’Hoericourt, en masse et dans un ordre parfait. Parvenue sur l’autre rive, elle est accueillie par la cavalerie russe dont elle reçoit le choc sans broncher, notre cavalerie la charge à son tour ; une terrible mêlée s’engage pendant laquelle les escadrons ennemis sont ramenés plusieurs fois. Enfin, après deux heures de rude combat, l’Empereur lance sur les Russes la cavalerie de la Garde qui les sabre et les met dans une déroute complète. Ils se débandent et fuient au galop une partie dans la direction de Vitry et le reste par la route de Bar-le-Duc. Je ne pris pas part à l’action, mais je la vis se dérouler à mes pieds, du haut de la petite colline de Moelain, où je me trouvais avec l’officier payeur du régiment. La traversée de la Marne par notre cavalerie, dont les chevaux ne nous paraissaient pas plus gros que des moutons au milieu de la rivière, et le choc des escadrons dans la plaine d’Hoericourt aux rayons d’un beau soleil qui faisait jaillir des milliers d’étincelles des armes et des casques, constituaient l’un des plus beaux spectacles qu’il m’ait été donné de contempler. Passant, le soir, sur le champ de bataille, je reconnais, parmi les morts, plusieurs dragons de mon régiment et un officier du 19e dragons (Note : Martinien ne mentionne pas d’officier du 19e mort ce jour-là, mais trois blessés, dont le chef d’escadron Cosnard et le sous-lieutenant Paradis). Je rencontre M. Lallement, officier dans ma compagnie, blessé à l’épaule, et qui me prie de panser sa blessure. Tout près de la grande route se tiennent des cavaliers qui offrent, mais sans succès, de vendre à leurs officiers des chevaux qu’ils ont pris à l’ennemi. »

mardi 8 septembre 2009

Charles Delisle, lieutenant-colonel de cuirassiers

Encore un officier méconnu que le lieutenant-colonel Delisle. Nulle action d’éclat, le concernant, portée à la postérité. Simplement, une carrière honorable commencée sous l’Ancien Régime et achevée après les Cent-Jours.
C’est à Brainville-sur-Meuse (et non à Bourmont) que naît Jean-Baptiste-Charles, fils d’Errard Deslisle, chevalier, seigneur de ce village, d’Hacourt, de Malaincourt et de la maison forte de Brainville, et d’Anne-Charlotte Symon de Doncourt, le 6 juillet 1770. Le père, parfois qualifié de l’Isle, est un économiste et littérateur ayant acquis une certaine réputation -
et la particularité d’écrire en anglais. Par sa mère, l’enfant est apparenté à un autre futur officier des armées impériales, Symon de Latreiche.
Charles n’a pas 16 ans lorsqu’il entre en service en 1786, comme sous-lieutenant de remplacement dans le régiment d’Artois-Cavalerie – futur 9e régiment de cavalerie. Un corps qu’il ne quittera qu’en 1809…
Car en dépit de son origine nobiliaire, Delisle va servir les armées de la Révolution. En 1792, il est promu successivement lieutenant puis capitaine. Il se bat au sein de l’armée du Rhin, avant d’être destitué le 11 novembre 1793 par les représentants du peuple Saint-Just et Lebas – quelques semaines après avoir fait part de son patriotisme aux citoyens d’une société révolutionnaire de Bourmont. Evidemment, le sang bleu qui coule dans ses veines n’est pas étranger à cette décision. Une mise à l’écart qui dure un an et demi : il est en effet réintégré le 5 mars 1795.
Avec son corps, le capitaine Delisle participe au passage du Danube et à la bataille d’Hochstaedt (19 juin 1800) sous Moreau – il commande alors la 1ère compagnie du 3e escadron du 9e de cavalerie.
Tandis que ce régiment devient 9e de cuirassiers, le Haut-Marnais, membre de la Légion d’honneur dès l’an XII, sert de l’an XIII à 1809 dans la Grande-Armée - entre-temps, il passe chef d’escadron le 12 décembre 1806. Un régiment notamment présent à Austerlitz, en Prusse, puis en Pologne. Le 7 avril 1809, Deslisle est promu major (lieutenant-colonel) du 2e cuirassiers. Là s’arrête l’énumération de ses états de services dans son dossier de la Légion d’honneur. La suite nous est connue grâce à la notice que lui a consacré les « Fastes de la Légion d’honneur ».
Avec son régiment, au sein duquel sert un compatriote (le sous-lieutenant Villeminot, de Tornay), le Haut-Marnais se bat en Russie (La Moskowa), en Saxe puis à Hambourg – deux escadrons du 2e cuirs participent en effet à la défense de la ville au sein du 3e régiment provisoire de cuirassiers. C’est durant la Campagne de 1813-1814 que Deslisle perd la malle contenant son brevet de légionnaire.
Conservé durant la Restauration, il est promu officier de la Légion d’honneur et chevalier de Saint-Louis. Durant les Cent-Jours, si l’on en croit « Les Fastes de la Légion d’honneur », il sert au sein de la 3e division de réserve de cavalerie. Soit, donc, la 14e division Delort (4e corps de cavalerie), composée des 5e, 6e (commandé par le Bragard Isidore Martin), 9e et 10e de cuirassiers, et qui charge furieusement sur le Mont-Saint-Jean le 18 juin 1815. C’est la fin de sa carrière militaire. Mis en traitement de non activité le 1er janvier 1816, retraité le 21 juillet 1819, Delisle se retire dans son village natal de Brainville dont il devient maire.
Si l’on s’en réfère aux fameux travaux de Martinien, le major Delisle n’a pas été blessé durant les campagnes de l’Empire.
Epoux de Jeanne-Marie-Thérèse de Gellemoncourt, domicilié à Nancy, il décède dans la capitale lorraine le 25 avril 1831.

lundi 7 septembre 2009

Médaillés de Sainte-Hélène : les Chaumontais

Bernard Amant, né le 24 juillet 1782, sert aux 14e et 57e de ligne, d’environ 1800 à 1815.
Berthier Nicolas, né en 1769, sert de septembre 1792 à l’an IV, au bataillon de Chaumont, comme lieutenant à la 170e demi-brigade.
Berton François-Antoine (Chaumont, 14 novembre 1790). Engagé volontaire au 59e régiment (sic) – ou plutôt 57e de ligne - le 27 septembre 1808.
Biot Pierre, né vers 1782, sert au 20e léger.
Blin Jacques, né le 26 mars 1794, sert du 24 mai 1813 à mai 1814, aux 4e et 7e d’artillerie à pied, dans l’artillerie de la Garde.
Blon Albert-Joseph, né le 17 octobre 1789, sert du 30 avril 1808 à 1842, au 33e de ligne, au 32e.
Boursier Louis, né le 28 mai 1793 dans l’Aisne, sert du 11 novembre 1812 au 10 juin 1815 au 18e de ligne.
Brançon François, né en 1784, sert au 84e de ligne, dans la gendarmerie d’élite.
Broussard Nicolas, né vers 1777, sert dans la 22e demi-brigade.
Broutier Claude, né vers 1776, sert aux 18e et 27e dragons.
Caphatz François, né vers 1790, sert du 25 février 1809 au 20 septembre 1815, au 94e puis aux 78e et 12e de ligne.
Capitain Jean (Lavilleneuve-lès-Montheries 1791). Part le 30 avril 1811 pour le 57e de ligne. Puis domicilié à Chaumont.
Caput Jean, né vers 1787. Entre en service le 1er janvier 1810, sert au 16e léger jusqu'en mars 1814, puis du 30 décembre 1814 au 4 mars 1815 au 9e léger.
Causse Etienne-Louis, né le 31 mars 1783, sert du 18 juin 1808 à 1841, dans la 5e légion d’infanterie, au 5e d’artillerie à pied, au 16e d’infanterie, comme vétéran.
Clément Laurent (Bourdons-sur-Rognon 25 avril 1789 – 9 juin 1861). Fils de Michel, laboureur. Soldat (1808) dans la 5e légion de réserve devenue 122e de ligne, sert de 1809 à 1811 sur le « Borée ». Sergent-major (1813), sous-lieutenant (24 janvier 1814), en demi-solde (juillet 1814), passe au 8e de ligne (10 juin 1815) – il accompagne un détachement de militaires Haut-Marnais rappelés, en demi-solde à nouveau (août 1815). A servi en 1814 et 1815 à la Grande-Armée. En demi-solde à Bordons. Passe au 51e de ligne (1823), sert en Espagne, lieutenant (1824), capitaine (1832), chevalier de la Légion d’honneur (1833). Sert jusqu’en 1840. Retiré à Chaumont, où il est médaillé de Sainte-Hélène. Mort à Bourdons ?
Collin Etienne. Fils de Jean Collin, charron à la forge de Cirey-sur-Blaise, il y voit le jour le 2 février 1776. Il entre en service en l’an VII comme conscrit du 1er bataillon auxiliaire de la Haute-Marne. Rapidement caporal, il passe dans la 101e demi-brigade d’infanterie de ligne, où il est promu sergent-major en l’an XII, puis dans les grenadiers de la Garde royale de Naples, en août 1806. C’est au sein de corps que ce vétéran du siège de Gaëte gravit les échelons de la hiérarchie : sous-lieutenant fin 1808, lieutenant début 1810, enfin capitaine en janvier 1814, quelques jours avant de démissionner du service de Naples pour rentrer en France. Aussitôt, le capitaine Collin est affecté au 9e régiment de voltigeurs de la Jeune Garde, avant d’être placé en demi-solde. Il reprend du service durant les Cent-Jours, commandant la 2e compagnie du 2e bataillon du 7e régiment de tirailleurs. Le Haut-Marnais cesse de servir au retour des Bourbons, mais retrouve un poste en 1822, comme capitaine adjudant de place, officier comptable du dépôt de réfugiés polonais à Bourges (Cher). Chevalier de la Légion d’honneur en 1833, lui qui s’est marié fin 1814 à Paris s’établit à Chaumont où il est médaillé de Sainte-Hélène et où il décède le 2 janvier 1858. Selon certaines sources, il serait le père du futur général Collin, né à Naples en 1813. Note : son frère Jean-Nicolas-Didier, également capitaine, est médaillé de Sainte-Hélène à Bouzancourt.
Cornevin Pierre (25 mai 1793). Sert de juin 1813 à 1814 aux 6e et 9e hussards.
Cottenet Joseph-Jean-Baptiste, né vers 1782, sert au 26e dragons.
Cousin Nicolas, né vers 1784, sert au 14e de ligne, de 1805 à 1815.
Denis Nicolas, né vers 1791, sert au 28e de ligne.
Devarennes Etienne-Alexis. Né vers 1792, est sur les contrôles de la 56e cohorte de la garde nationale le 5 juin 1812. Sert ensuite aux 153e et 88e de ligne.
Dupont Thomas. De Chaumont, né vers 1794, sert au 2e (ou 12e) voltigeurs de la Garde.
Duval François, né vers 1787, sert aux 117e et 71e de ligne.
Empereur Claude, né vers 1784, sert au 5e d’artillerie à pied.
Favyer Edme-Samuel, né vers 1769, sert au bataillon de réquisition dit de Chaumont-Bourbonne.
Fondard Jules-François, né vers 1793, sert au 20e chasseurs à cheval.
Forgeot Jean-Baptiste, né vers 1794, sert au 64e de ligne.
Forgeot Valier (Chaumont 1796). Entré dans les pupilles de la Garde (1812), pris en Russie en décembre 1812, rentré fin 1814. A servi ensuite au 8e de ligne.
Froussard Victor-Jean-Claude, né vers 1794.
Gérard François, né vers 1777, sert au 49e de ligne.
Graillet François, né vers 1788, au 4e d’artillerie à pied.
Guignard Antoine. Né vers 1796, fourrier dans la 1ère compagnie de chasseurs du II/1er RHM.
Guignard Pierre-Joseph. Né le 17 novembre 1797, sert du 26 février au 13 septembre 1815, comme fourrier au 57e RI (engagé volontaire).
Honiat Thiebaut, né vers 1791, sert au 100e de ligne.
Jacques Victor, né vers 1781, sert au 2e dragons.
Joret Sébastien, né vers 1786.
Juppin Jean-Baptiste, né le 30 mai 1784, sert du 20 avril 1805 à 1836, au 59e (ou 57e) de ligne.
Lavoinier Pierre, né le 25 juillet 1785, incorporé au 28e de ligne (mai 1805), passé au 1er grenadiers à pied de la Garde où il sert jusqu'en octobre 1815. Membre de la LH (1832, Lavoignet).
Le Couteux Jacques, né le 24 novembre 1793, sert du 9 mai 1809 à 1820 au 2e d’artillerie de marine, au 1er voltigeurs de la Garde. Membre de la Légion d’honneur.
Leclerc Siméon, né vers 1794, sert d’avril à juillet 1815 au 14e de ligne et aux tirailleurs de la Garde.
Legerin François-Claude, né le 30 décembre 1796, sert au 12e de ligne. Membre de la Légion d’honneur.
Lépine Didier (Reclancourt). Né le 27 février 1785, de la classe an XIV, destiné au 21e chasseurs. Sert du 17 novembre 1806 à novembre 1815, à ce régiment et à la 1ère légion de gendarmerie (ou aux chasseurs à cheval de la Vieille garde).
Lunel Henry, né vers 1796, sert au 11e léger.
Mariot Jean-Pierre (Leffonds 5 mai 1786). Part le 11 octobre 1806 pour le 1er d’artillerie de marine. Sergent-major dans l’artillerie de la vieille garde, une balle lui traverse la malleole du pied droit à Leipzig (1813). Membre de la Légion d’honneur. Lieutenant dans la 4e compagnie du 1er bataillon de garde nationale de la Haute-Marne (17 avril 1815). Retiré à Chaumont.
Mergey Jean-Baptiste, né vers 1785, sert au 14e de ligne, de 1807 à 1811.
Michel Noel-Didier, né vers 1789, sert au 122e de ligne.
Moret Jean-Baptiste-Eléonor, né vers 1791, sert au 31e léger.
Nancey François-Victor, né le 9 novembre 1791, sert successivement aux 3e et 31e chasseurs à cheval, au 28e de ligne, du 14 juillet 1813 à décembre 1815. Chasseur au 31e, cesse de servir le 8 février 1814.
Nilis François, né vers 1794, sert du 18 février 1813 à juillet 1815 au 13e (ou 15e) bataillon du train d’artillerie.
Noirot Pierre. Né le 17 mars 1787, il sert du 4 février 1807 à septembre 1815 au 14e de ligne. Il s’agit sans doute du conscrit de Villiers-le-Sec parti le 26 janvier 1807 pour le 14e.
Odinot Jean-Baptiste (Laferté-sur-Aube 3 juin 1787). Part le 8 février 1807 pour le 14e de ligne. Sert jusqu’en juillet 1815, comme lieutenant.
Peilley Louis, né vers 1777, sert dans la 22e demi-brigade.
Pellegrin Antoine, né vers 1792, il sert du 30 juillet 1813 à juin 1814 au 4e gardes d’honneur. Note : l’étude sur le 4e RGH de Jérôme Croyet ne le recense pas. Et il ne décède pas à Chaumont.
Perinot François, né le 5 mai 1795, sert du 22 février 1812 à septembre 1815, dans les pupilles de la Jeune garde, au 8e de ligne.
Personne Pierre, né vers 1778, sert au 26e dragons.
Pesand Claude, né le 20 octobre 1779, sert du 4 février 1802 à 1840, au 18e de cavalerie, dans la compagnie de gendarmerie de la Côte-d’Or.
Peyron Félix-Antoine, né le 13 septembre 1786, sert du 25 avril 1795 à 1836, dans la marine, au 79e de ligne (1807) notamment.
Picard Antoine, né le 16 septembre 1791, sert du 4 mars 1811 à 1817, au 100e de ligne, dans la compagnie départementale.
Pierre Joseph-Pascal, né vers 1787, sert au 14e de ligne, de 1807 à 1813.
Pinchot Jean-François, né vers 1786, sert au 27e léger, au 1er (ou 8e) tirailleurs de la Garde, au 13e léger.
Prodhon Didier, né vers 1791, sert successivement au 11e léger et au 57e de ligne. Il s’agit sans doute du conscrit né à Lecey en 1791, parti le 10 avril 1811 pour le 57e RI.
Rebillot Jean-Baptiste, né vers 1793, sert au 40e de ligne.
Renaut Pierre, né vers 1793, sert au 57e de ligne.
Riff Michel, né vers 1792, sert dans la compagnie de réserve, au 28e de ligne.
Robert Jean-Philippe, né le 27 juillet 1794, sert du 9 janvier 1814 à 1849, au 60e de ligne, au 43e, dans les vétérans.
Royer Antoine, né le 2 brumaire an II à Chaumont. Engagé le 8 octobre 1812 dans les ouvriers militaires de la Marine. Sert dans la compagnie du 3e bataillon des ouvriers de la Marine, jusqu’en 1816.
Ruelle Claude, né vers 1792, sert du 8 février 1813 à septembre 1815, sergent, aux 53e et 87e (ou 57e) de ligne.
Ruffey François, né en novembre 1774, sert de 1793 à environ 1801 au 3e génie.
Ruffey Pierre, né le 19 mars 1784, sert d’avril 1805 à 1813 dans la 2e compagnie de voltigeurs du 2e de ligne. Il s’agit sans doute du conscrit de Châteauvillain, de la classe an XIII, destiné au 2e de ligne.
Teissier Jean-Baptiste, né vers 1786, sert aux 12e léger, aux 84e et 82e de ligne.
Thevenot François-Nicolas, né le 10 novembre 1773, sert du 13 septembre 1793 à novembre 1804 dans la 31e demi-brigade.
Thonnelier Claude-François. Originaire de Bourbonne, né en 1788, part le 20 juin 1807 pour le 14e de ligne. Sert jusqu’en 1815.
Toulouse Pierre, né vers 1779, sert au 14e de ligne, de 1803 à 1815.
Ulmo Samuel, né le 18 mai 1784, sert du 6 juin 1806 au 19 avril 1807 au 30e de ligne.
Ulmo Jacob, né vers 1785, sert dans la garde nationale en 1813.
Ury Jean, né vers 1798 ( ?), sert au 2e bataillon du train des équipages, au 3e d’artillerie à pied.