L’anthologie « Fastes de la gloire » (de Louis-François L’Héritier, 1819) a retenu, parmi les noms des braves des armées impériales, celui du capitaine Louis François, originaire de Donnemarie (canton de Nogent). Un officier qui a constamment servi dans la péninsule ou dans les Pyrénées, de 1808 à 1814.
Fils d’Etienne et Madeleine Royer, il naît le 4 mars 1786. Destiné au notariat, il entre comme vélite des grenadiers à pied de la Garde le 18 mars 1806. Il sert en Prusse, et c’est à cette occasion que selon une tradition familiale, Napoléon lui aurait dit : « Tu es trop grand pour être fantassin, tu passeras dans ma cavalerie ». Sous-lieutenant le 4 avril 1808, il part pour Bayonne où il apprend qu’il doit être affecté au 19e de ligne, corps destiné à créer le 120e de ligne. Mis sur pied pour servir dans la péninsule ibérique, ce régiment ne la quittera qu’à l’hiver 1813-1814… De 1808 à 1812, il sera, coïncidence, aux ordres d’un Haut-Marnais, le colonel Gauthier - qui fera l’objet d’un autre coup de projecteur, et comptera parmi ses officiers le capitaine Colas, de Montreuil-sur-Thonnance, et le lieutenant Reine, de Graffigny-Chemin.
Affecté dans la division Bonet du 2e corps que commande le maréchal Soult, le régiment, qui s’est battu en juillet 1808 à Medina del Rio Seco, ne participe pas à la poursuite des troupes anglaises jusqu’à La Corogne, mais lutte contre les soldats espagnols du général Ballesteros dans la province des Asturies. Pour le jeune officier haut-marnais, c’est l’occasion de s’illustrer dans un premier fait d’armes qui intervient lors du passage de la rivière Deba, action que l’auteur des « Fastes » situe en avril 1809, Albert Depreaux (dans La Sabretache) le 22 mai (ce jour-là, en effet, le chef de bataillon Chantreau est effectivement tué au passage de la rivière, selon Martinien), et le général Bonet le 9 mai. Lisons : « Le colonel Gauthier reçoit aussitôt l’ordre de traverser le torrent, qui est toujours impétueux et profond n’est guéable dans aucune saison : il était alors enflé par la fonte des neiges, et quinze mille hommes de l’armée de Balesteros, avec quatorze pièces d’artillerie postés sur la rive gauche, attendaient les Français pour leur disputer le passage au bac de Pissués. Les obstacles et les périls étaient incalculables ; l’intrépide François n’en est pas effrayé ; il s’élance dans les flots en criant : « Que ceux qui m’aiment me suivent », et sous une grêle de balles et de boulets, il parvient en nageant à la rive opposée : quatre braves l'ont suivi, avec eux il saute plus rapidement que l'éclair dans les retranchements des Espagnols ; les premiers qui se présentent à eux sont désarmés, tandis que les autres épouvantés prennent la fuite. François et les quatre compagnons de son heureuse témérité, font chacun un prisonnier par qui ils se font aider à mettre à flots les barques qui doivent servir à transporter leurs camarades. En un instant ils les ont amenées sur la rive droite; déjà le général Bonnet a volé à la rencontre du sous-lieutenant François, il le reçoit dans ses bras, et le félicitant sur le succès de son entreprise, il lui demande quelle récompense il désire. - L'honneur de passer le premier, répond l'officier; le général le lui accorda : le torrent fut franchi, on fit un grand nombre de prisonniers, et les quatorze canons restèrent en notre pouvoir. Dès ce moment, aucune barrière ne ferma plus à nos troupes, l'entrée de la province des Asturies. » Précision d’Albert Depreaux : François, qui s’était déshabillé, a passé la rivière le sabre entre les dents…
Promu lieutenant le 26 novembre 1810, l’enfant de Donnemarie se distingue encore à plusieurs reprises. « En 1811, un bataillon du 120e, s'étant porté trop précipitamment en avant, sans avoir éclairé ses flancs, se trouva tout-à-coup débordé par un ennemi nombreux qui le força à se replier en désordre. Dans cet instant critique, François qui, comme lieutenant, guidait une compagnie du centre, s'aperçoit qu'il n'y a plus d'officier en tête de la compagnie de grenadiers dont le capitaine et le lieutenant grièvement blessés, sont hors de combat : sans perdre de temps , il confie à son sous-lieutenant le commandement de sa troupe, court aux grenadiers, les rallie, les conduit à la charge, se précipite avec eux sur les Espagnols, qui commençaient à chanter victoire, les culbute, et les chasse des hauteurs de Grado, après avoir sabré les plus audacieux et fait deux prisonniers.
En 1812, le lieutenant François commandait au village de Berbés entre Eiva-de-Sella et Colunga, un poste de soixante hommes ; enfermé avec eux dans une maison retranchée, il n'y avait pas de jour qu'il ne fut inquiété par les partisans de la bande de Porlier, dit le Marquesito ; fatigué enfin de ces attaques réitérées, il résolut de s'en délivrer par un coup de main : après s'être assuré de la position qu'occupaient les brigands , à onze du soir, il partit avec quarante de ses soldats, et son sous-lieutenant Plaquet, qui n'était pas moins déterminé que lui. lis marchèrent pendant trois heures, arrivèrent sans bruit dans l'endroit qui leur avait été indiqué, surprirent les sentinelles, et fondirent à l'improviste sur les Espagnols qui, saisis de terreur, se dispersèrent de tous côtés sans avoir brûlé une amorce. Dix-sept prisonniers, parmi lesquels deux officiers, cinquante fusils et deux chevaux, furent les résultats de cette expédition nocturne. Au nombre des Espagnols qui n'eurent pas le temps de s'échapper, était un jeune sergent né à Riva-de-Sella ; ses parents ayant appris son malheur, vinrent offrir au lieutenant François seize mille réaux s'il voulait rendre la liberté à leur fils. « Vous me donneriez toutes les Asturies que je ne vous l'accorderais pas, leur répondit l'inexorable et incorruptible lieutenant, les soldats français savent faire prisonniers leurs ennemis , mais ils ne reçoivent point de rançon.
En novembre 1813 , François, qui depuis trois mois était capitaine de grenadiers, soutint avec sa compagnie la retraite de sa division. Posté en avant de Bayonne à Angles, dans une habitation située sur un mamelon, il résista au feu des Anglais une partie de la journée, et mérita dans cette occasion les éloges du général Reille, qui demanda pour lui l'étoile de la Légion d'honneur. »
François était en effet capitaine depuis le 4 janvier 1813. Un an plus tard, au sein de l’armée des Pyrénées (le 120e y sert dans la 2e division Damagnac, brigade Menne), l’officier se bat le 27 février 1814 à Orthez. Il y est grièvement blessé par un coup de feu à la cuisse droite. Selon Albert Depreaux, il aurait menacé de son arme le chirurgien qui voulait l’amputer. Pour le capitaine François, qui aurait été proposé chef de bataillon, c’est la fin de la carrière militaire.
Mis à la retraite le 21 juillet 1814, il se retire à Dijon, où il épouse en 1816 la fille du colonel d’artillerie Lobréau, née à Chaumont en 1798. Banquier de profession, il ne s’éteint que le 25 février 1870.
Fils d’Etienne et Madeleine Royer, il naît le 4 mars 1786. Destiné au notariat, il entre comme vélite des grenadiers à pied de la Garde le 18 mars 1806. Il sert en Prusse, et c’est à cette occasion que selon une tradition familiale, Napoléon lui aurait dit : « Tu es trop grand pour être fantassin, tu passeras dans ma cavalerie ». Sous-lieutenant le 4 avril 1808, il part pour Bayonne où il apprend qu’il doit être affecté au 19e de ligne, corps destiné à créer le 120e de ligne. Mis sur pied pour servir dans la péninsule ibérique, ce régiment ne la quittera qu’à l’hiver 1813-1814… De 1808 à 1812, il sera, coïncidence, aux ordres d’un Haut-Marnais, le colonel Gauthier - qui fera l’objet d’un autre coup de projecteur, et comptera parmi ses officiers le capitaine Colas, de Montreuil-sur-Thonnance, et le lieutenant Reine, de Graffigny-Chemin.
Affecté dans la division Bonet du 2e corps que commande le maréchal Soult, le régiment, qui s’est battu en juillet 1808 à Medina del Rio Seco, ne participe pas à la poursuite des troupes anglaises jusqu’à La Corogne, mais lutte contre les soldats espagnols du général Ballesteros dans la province des Asturies. Pour le jeune officier haut-marnais, c’est l’occasion de s’illustrer dans un premier fait d’armes qui intervient lors du passage de la rivière Deba, action que l’auteur des « Fastes » situe en avril 1809, Albert Depreaux (dans La Sabretache) le 22 mai (ce jour-là, en effet, le chef de bataillon Chantreau est effectivement tué au passage de la rivière, selon Martinien), et le général Bonet le 9 mai. Lisons : « Le colonel Gauthier reçoit aussitôt l’ordre de traverser le torrent, qui est toujours impétueux et profond n’est guéable dans aucune saison : il était alors enflé par la fonte des neiges, et quinze mille hommes de l’armée de Balesteros, avec quatorze pièces d’artillerie postés sur la rive gauche, attendaient les Français pour leur disputer le passage au bac de Pissués. Les obstacles et les périls étaient incalculables ; l’intrépide François n’en est pas effrayé ; il s’élance dans les flots en criant : « Que ceux qui m’aiment me suivent », et sous une grêle de balles et de boulets, il parvient en nageant à la rive opposée : quatre braves l'ont suivi, avec eux il saute plus rapidement que l'éclair dans les retranchements des Espagnols ; les premiers qui se présentent à eux sont désarmés, tandis que les autres épouvantés prennent la fuite. François et les quatre compagnons de son heureuse témérité, font chacun un prisonnier par qui ils se font aider à mettre à flots les barques qui doivent servir à transporter leurs camarades. En un instant ils les ont amenées sur la rive droite; déjà le général Bonnet a volé à la rencontre du sous-lieutenant François, il le reçoit dans ses bras, et le félicitant sur le succès de son entreprise, il lui demande quelle récompense il désire. - L'honneur de passer le premier, répond l'officier; le général le lui accorda : le torrent fut franchi, on fit un grand nombre de prisonniers, et les quatorze canons restèrent en notre pouvoir. Dès ce moment, aucune barrière ne ferma plus à nos troupes, l'entrée de la province des Asturies. » Précision d’Albert Depreaux : François, qui s’était déshabillé, a passé la rivière le sabre entre les dents…
Promu lieutenant le 26 novembre 1810, l’enfant de Donnemarie se distingue encore à plusieurs reprises. « En 1811, un bataillon du 120e, s'étant porté trop précipitamment en avant, sans avoir éclairé ses flancs, se trouva tout-à-coup débordé par un ennemi nombreux qui le força à se replier en désordre. Dans cet instant critique, François qui, comme lieutenant, guidait une compagnie du centre, s'aperçoit qu'il n'y a plus d'officier en tête de la compagnie de grenadiers dont le capitaine et le lieutenant grièvement blessés, sont hors de combat : sans perdre de temps , il confie à son sous-lieutenant le commandement de sa troupe, court aux grenadiers, les rallie, les conduit à la charge, se précipite avec eux sur les Espagnols, qui commençaient à chanter victoire, les culbute, et les chasse des hauteurs de Grado, après avoir sabré les plus audacieux et fait deux prisonniers.
En 1812, le lieutenant François commandait au village de Berbés entre Eiva-de-Sella et Colunga, un poste de soixante hommes ; enfermé avec eux dans une maison retranchée, il n'y avait pas de jour qu'il ne fut inquiété par les partisans de la bande de Porlier, dit le Marquesito ; fatigué enfin de ces attaques réitérées, il résolut de s'en délivrer par un coup de main : après s'être assuré de la position qu'occupaient les brigands , à onze du soir, il partit avec quarante de ses soldats, et son sous-lieutenant Plaquet, qui n'était pas moins déterminé que lui. lis marchèrent pendant trois heures, arrivèrent sans bruit dans l'endroit qui leur avait été indiqué, surprirent les sentinelles, et fondirent à l'improviste sur les Espagnols qui, saisis de terreur, se dispersèrent de tous côtés sans avoir brûlé une amorce. Dix-sept prisonniers, parmi lesquels deux officiers, cinquante fusils et deux chevaux, furent les résultats de cette expédition nocturne. Au nombre des Espagnols qui n'eurent pas le temps de s'échapper, était un jeune sergent né à Riva-de-Sella ; ses parents ayant appris son malheur, vinrent offrir au lieutenant François seize mille réaux s'il voulait rendre la liberté à leur fils. « Vous me donneriez toutes les Asturies que je ne vous l'accorderais pas, leur répondit l'inexorable et incorruptible lieutenant, les soldats français savent faire prisonniers leurs ennemis , mais ils ne reçoivent point de rançon.
En novembre 1813 , François, qui depuis trois mois était capitaine de grenadiers, soutint avec sa compagnie la retraite de sa division. Posté en avant de Bayonne à Angles, dans une habitation située sur un mamelon, il résista au feu des Anglais une partie de la journée, et mérita dans cette occasion les éloges du général Reille, qui demanda pour lui l'étoile de la Légion d'honneur. »
François était en effet capitaine depuis le 4 janvier 1813. Un an plus tard, au sein de l’armée des Pyrénées (le 120e y sert dans la 2e division Damagnac, brigade Menne), l’officier se bat le 27 février 1814 à Orthez. Il y est grièvement blessé par un coup de feu à la cuisse droite. Selon Albert Depreaux, il aurait menacé de son arme le chirurgien qui voulait l’amputer. Pour le capitaine François, qui aurait été proposé chef de bataillon, c’est la fin de la carrière militaire.
Mis à la retraite le 21 juillet 1814, il se retire à Dijon, où il épouse en 1816 la fille du colonel d’artillerie Lobréau, née à Chaumont en 1798. Banquier de profession, il ne s’éteint que le 25 février 1870.
Sources : « Fastes de la gloire » ; « le capitaine de grenadiers François (Louis), 1786-1870 », par Albert Depreaux in La Sabretache, 1811 ; Martinien.
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