lundi 13 décembre 2010

Un ancien postillon de Napoléon dans la Guerre de Sécession

Le 24 avril 1861 – soit onze jours après la capitulation du Fort Sumter, en Caroline du Sud, point de départ de la Guerre de Sécession américaine -, un citoyen pennsylvanien d’origine française s’enrôlait, en qualité de capitaine, dans les rangs du 18th Pennsylvania infantry regiment. Ses particularités : il est âgé de 65 ans, et la majorité des hommes de la compagnie qu’il commande sont Français de naissance ou d’origine. Plus étonnant : c’est un ancien serviteur – comme postillon - de l’empereur Napoléon Ier, qu’il a accompagné jusque dans son exil de Sainte-Hélène 46 ans plus tôt !

Selon différentes sources américaines, Jacques-Olivier Archambault – c’est son nom - est né à Fontainebleau, près de Paris, en 1796 (le 22 août, a priori). Il est le frère cadet d’Achille-Thomas, né quatre ans plus tôt, et, confirme le fameux valet Marchand dans ses mémoires, les frères Archambault faisaient partie de la maison impériale.

Achille, précisera Las Cases dans ses souvenirs, est entré au service de l’empereur en 1805 – il avait donc 13 ans. Attaché aux écuries, il a suivi Napoléon à l’île d’Elbe, où il a été nommé brigadier des valets de pied, puis a participé à la Campagne de Waterloo, avant d’accompagner son « maître » à Sainte-Hélène, en compagnie de son frère. Piqueur au sein de la maison impériale – soit la personne chargée de la responsabilité d’une écurie, Achille a participé au nettoyage du corps de Napoléon à son décès le 5 mai 1821. « Membre de la commission chargée de ramener en France les cendres de Napoléon Ier » (dixit son dossier de légionnaire), Achille sera fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 janvier 1853. Il résidera à Sannois, en région parisienne, où il décèdera en 1858. C’est à lui, vraisemblablement, que Napoléon a légué, dans son testament, la somme de 50 000 F.

Quant à Joseph, il s’installe aux Etats-Unis, d’abord à Philadelphie. Fréquentant notamment Joseph Bonaparte, il se fixe ensuite à Newton, et devient propriétaire du fameux Brick hôtel.

Malgré son âge avancé, cet habitant du comté de Buck s’enrôle donc dans les rangs de l’armée nordiste, appelant au service ses concitoyens français qui seront regroupés dans la compagnie C – son lieutenant, Constantin Pequignot, est natif de Frahier, en Franche-Comté. Le 18th Pennsylvania du colonel Lewis a une très courte existence : organisé à Philadelphie en avril 1861, il tient garnison à Baltimore et à Pikesville, avant de cesser de servir en août.

Toujours capitaine, Archambault passe dans les rangs du 2nd Pennsylvania cavalry regiment (ou 59th Pennsylvania regiment) du colonel Price, en qualité de commandant de la company A. Ce corps se bat notamment à Cedar Mountain, à Antietam (1862), à Gettysburg (1863), prenant part enfin à la poursuite du général Lee jusqu’à la reddition d’Appotamox court house (1865). Durant ce conflit fratricide, les pertes du 2nd Pennsylvania cavalry sont de 60 tués.

Parvenu au grade de major en 1862 – le 19 mai ou le 27 juin, selon les sources – l’ancien postillon de Napoléon meurt à Philadelphia le 3 juillet 1874.

Sources : « Mémorial de Sainte-Hélène » ; différents sites Internet consacrés aux régiments de volontaires de Pennsylvanie et au comté de Buck.

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