lundi 16 mars 2015
Bicentenaire de Waterloo (II) : jugé sous la Restauration
Carrière éclectique que celle du capitaine Pierre-Joseph Thomassin. C'est un Chaumontais, né le 19 mars 1770. Il est le fils d'un avocat en parlement, François-Nicolas, et il est le cousin germain d'un lieutenant de pontonniers, mortellement blessé lors du siège de Gaëte en 1806. C'est le général de Beurnonville, selon les déclarations de ce dernier, qui le fait entrer en service. En l'an VIII de la République, Thomassin est attaché à la personne du général Junot, dont il est peut-être déjà l'aide de camp. Puis il sert, comme sous-lieutenant, en 1802, dans le 5e régiment de dragons, dont le chef de brigade en titre n'est autre que Lucien Bonaparte. Le frère du Premier consul intervient alors pour que le Chaumontais obtienne une place de lieutenant dans la garde de Paris. Requête entendue puisqu'en 1804, Thomassin est adjudant-major dans la cavalerie, commandée par le colonel Goujet, de ce corps. C'est en cette qualité qu'il est fait membre de la Légion d'honneur, comme capitaine de dragons, le 14 juin 1804. Puis il semble que ce soit lui que l'on retrouve, à nouveau comme aide de camp du général Junot, lors de l'expédition du Portugal, en 1807-1808. Passé dans la gendarmerie, Thomassin – peut-être dès 1805 – est placé à la tête de la compagnie de la Dordogne, à Périgueux, jusqu'en 1812, puis à celle de la Marne, à Châlons-en-Champagne. Il entre dans l'Histoire fin décembre 1815, lorsqu'il est arrêté, emprisonné à l'Abbaye et jugé le 16 mai 1816 comme complice du général Rigau. Que lui reproche-t-on ? De n'avoir pas, conformément à un ordre donné par le maréchal Victor, le 20 mars 1815 (donc lors du retour de Napoléon), arrêté Rigau, commandant du département de la Marne, qui avait «forcé» les troupes de Châlons à crier «Vive l'empereur». Et d'avoir, le 8 avril, adressé une lettre au général Lallemand, ancien aide de camp (comme lui) de Junot, dans laquelle il évoque notamment «notre cher empereur». Durant le procès, où le général Rigau, en fuite, n'est pas présent, Thomassin reçoit les témoignages de satisfaction du préfet de la Marne et du chef d'escadron Durival (gendarme anciennement en poste à Chaumont). Et pour sa défense, le Haut-Marnais assure que sa lettre n'avait d'autre but que de donner le change au général Rigau qui se «défiait» de lui, et pour preuve de son attachement au roi, qu'il a demandé sa retraite pendant «l'usurpation». Arguments convaincants, puisque Thomassin sera acquitté. Celui que Beurnonville considérait comme le «meilleur officier» de la gendarmerie cessera de servir le 1er juillet 1818, après 20 ans de carrière, reviendra en Haute-Marne, où il sera brièvement, en 1826-1827, maire du village de Saint-Martin-sur-la-Renne. Puis il résidera à Chaumont, au 490 rue du Palais, où il décède le 27 février 1832. Thomassin était marié avec Victoire Applagnat, une Lavalloise épousée en 1812.
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