mardi 15 septembre 2015
Jean-Baptiste Jacot, un officier haut-marnais parmi d'autres
Il subsiste toujours, aujourd'hui, un canton de Poissons. Mais depuis la réforme de la carte cantonale, en vigueur début 2015, il a été reconfiguré. Au XIXe siècle, la circonscription, d'ailleurs originellement baptisée canton de Sailly, comptait 24 communes. C'est un peu plus que le nombre d'officiers haut-marnais du Premier Empire que nous avons pu identifier comme étant originaires de ce secteur : 20, dont 17 y ont vu le jour. A ce stade de nos recherches, le canton de Poissons ne représente donc que 2 % du nombre total d'officiers du département. Parmi eux, trois officiers supérieurs : le major Gillet, de Poissons, le chef d'escadron d'Esclaibes d'Hust, d'Echenay, et le chef de bataillon Pierret, de Cirfontaines-en-Ornois.
Parmi toutes ces carrières, une, totalement ignorée, nous a paru digne d'être mise en lumière : celle du lieutenant Jean-Baptiste Jacot. Comme Nicolas Lecler, natif de Noncourt-sur-le-Rongeant, ce laboureur né à Saudron, en limite de la Meuse, le 8 avril 1775 est entré au service au sein du 1er bataillon de réquisition de Joinville, le 3 septembre 1793. Son presque homonyme Pierre-Gérard Jacquot, historien de l'Empire en Haute-Marne retiré à Cirfontaines, a précisé qu'à la suite de la levée en masse décidée durant ce mois, six bataillons ont été mis sur pied dans les six districts, totalisant 4 061 hommes. A la différence du bataillon de Chaumont, héroïque sur le plateau du Geisberg, voire du bataillon de Langres, nous sommes peu renseigné sur l'histoire du bataillon de Joinville qui, aux ordres du lieutenant de gendarmerie Pierre-Denis Lefebvre, a compté jusqu'à 579 hommes.
Si ce n'est qu'il a été versé au régiment Royal-Deux-Ponts (99e régiment d'infanterie) puis, en 1796, dans la 102e demi-brigade d'infanterie de ligne.
Cela ne concerne pas tous les réquisitionnaires joinvillois : le lieutenant Jean-François Féron, de Mathons, passe ainsi dans la 96e demi-brigade, Henry Lepoix, de Rupt, et Louis Nicole, de Betoncourt-le-Haut, tous futurs officiers, dans la 92e (via la 177e demi-brigade).
Revenons à la 102e demi-brigade. Cette unité nous est bien connue : un des plus fameux mémorialistes du Premier Empire, le capitaine Routier, y a servi.
Elle se bat à Zurich (1799), puis, caporal en décembre 1800, Jacot est nommé sergent le 1er décembre 1806, un an après la bataille de Caldiero – car le régiment ne se bat pas à Austerlitz, mais en Italie. Passé dans les grenadiers (Jacot mesurait 1,80 m), l'enfant de Saudron devient sergent-major puis, le 14 octobre 1811, à 36 ans, il est nommé sous-lieutenant par décret. Avant d'être promu lieutenant. En service dans la 1ère compagnie du 4e bataillon du même régiment, Jean-Baptiste Jacot est admis le 17 juin 1813, pour fièvre, à l'hôpital militaire de Liebenthal, en Prusse. Il y décède le même jour. Il n'avait que 38 ans.
Ce fils de Nicolas n'était pas le seul Haut-Marnais à avoir servi comme officier au sein du 102e de ligne, qui s'est battu, outre à Caldiero, dans le royaume de Naples, à Sacile, à La Piave, à Raab et à Wagram (1809), puis en Catalogne et en Saxe (tout en opérant parallèlement en Italie). Issus du même bataillon de Joinville de 1793, trois enfants de Cirey-sur-Blaise, les futurs chefs de bataillon Joseph-Nicolas Gaugé et Pierre-Gabriel Ternot, ainsi que le sous-lieutenant Pierre-Remy Petitjean, mais également le sous-lieutenant Pierre-Nicolas Mollot, de Dommartin-le-Franc, le capitaine Claude Bertrand, d'Autigny-le-Petit et le sous-lieutenant Joseph Giroux, de Courcelles-sur-Blaise, ont servi comme officiers au sein de ce régiment. Tout comme les sous-lieutenants Jean-Baptiste Thée, de Blaise, et Jean-Baptiste Lavocat, d'Arc-en-Barrois.
Nous concluerons cette évocation en précisant que sur les 17 officiers nés dans le canton de Poissons, un a servi dans l'artillerie (Esclaibes d'Hust, d'Echenay), trois dans la cavalerie (Bourotte et Voillemier, de Poissons, Fortier, de Noncourt-sur-le-Rongeant), et tous les autres dans l'infanterie (dont Joseph Pierrot, futur chef de bataillon dans la Légion étrangère). Un seul est mort sous l'Empire : c'est Jacot.
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