Encore une preuve qu’un fils de notable peut gravir rapidement les échelons de la hiérarchie militaire, avec la carrière d’Henry Guillaume, passé officier supérieur neuf ans après son entrée à l’école militaire.
Comme le futur chef d’escadron Christophe Laloy, fils de député régicide, Guillaume voit le jour à Chaumont en 1786, le 6 mai exactement. Son père, Nicolas, né à Wassy, sera sous l’Empire secrétaire-général de la préfecture de la Haute-Marne, sa mère, Marie-Françoise Morel, décédera en 1850.
A la différence de son frère, qui succédera à Nicolas Guillaume en 1813 dans ses fonctions préfectorales, Henry embrasse la carrière militaire. Il intègre l’école spéciale militaire de Fontainebleau le 20 novembre 1802 et en sort le 10 janvier 1804, à un peu moins de 18 ans, comme sous-lieutenant dans un régiment d’infanterie de ligne : le 82e. Mais c’est dans la cavalerie qu’il se distingue : muté le 27 juin 1805 au 14e dragons du colonel de Lafon-Blaniac, qui se bat à Austerlitz, il est blessé à Heilsberg, le 10 juin 1807, puis comme lieutenant, à Medellin, en Espagne, le 28 mars 1809.
La même année, ainsi que Le Journal de la Haute-Marne s’en fait l’écho, il passe, le 9 août 1809, aide de camp du général Curial, en même temps qu’il est promu capitaine, à 23 ans. Cette affectation n’est pas due au hasard : Henry Guillaume est apparenté au préfet – et futur ministre - baralbin Beugnot, dont Curial est le gendre.
Le 7 mai 1810, il est fait membre de la Légion d’honneur, et le 24 mars 1812, il accède au grade de chef d’escadron, au sein du 7e dragons. Il n’a que 26 ans !
L'historique du 7e dragons le fait même apparaître comme major au 1er juin 1812, et précise que le Chaumontais commandera ce régiment en Saxe, notamment à Leipzig (le 7e dragons appartient alors à la 3e division de cavalerie lourde, général d'Audenarde, du 1er corps de cavalerie). Selon cette source, au 15 décembre 1813, le régiment ne compte plus, au maximum, qu'une centaine d'hommes autour du chef d'escadrons Guillaume, de l'adjudant-major Rosselange, du capitaine Domont, du lieutenant Colin... Au début de la Campagne de France, le 7e dragons ne forme désormais qu'un escadron de guerre intégré dans la division Doumerc du 1er corps de cavalerie : le Chaumontais est blessé et fait prisonnier le 1er février 1814 lors de la bataille de La Rothière. Placé en non activité à son retour, Guillaume rejoint le 8e cuirassiers le 4 octobre 1814 et prend part, au sein de la brigade Guitton de la 4e division Lhéritier (3e corps de cavalerie) à la bataille de Waterloo : il est blessé aux Quatre-Bras le 16 juin 1815, contre les carrés britanniques, alors que le corps s'empare dans l'action du drapeau du 69e régiment écossais.
Pendant la Restauration, on retrouve le Haut-Marnais, officier de la Légion d’honneur depuis octobre 1814, comme major du 21e chasseurs à cheval, dit du Vaucluse, en garnison à Chartres, en 1819. C’est dans cette ville que Guillaume, déjà dit de Bassoncourt, chevalier de Saint-Louis depuis 1817, est mis en disponibilité. Marié en 1819 avec Anne-Catherine-Clémentine Brulard, il est dans cette situation lorsque naît à Chartres, le 26 juillet 1823, un fils, Victor-Ferdinand, qui suivra les traces familiales en devenant préfet, notamment du Puy-de-Dôme.
Conseiller municipal, colonel de la garde nationale durant la Monarchie de Juillet, Henry Guillaume de Bassoncourt est signalé en 1849 comme officier de la Légion d’honneur, ancien conseiller de préfecture (il en sera même, comme son père et comme son frère, secrétaire-général), propriétaire, à l’occasion de la création d’une société d’assurances mutuelles contre l’incendie pour l’Eure-et-Loir. Il est encore médaillé de Sainte-Hélène. C’est le 12 janvier 1874, à l'âge de 85 ans, qu'il décède en son domicile au 9, rue de Beauvais, à Chartres. Son fils, qui déclare son décès, est alors préfet de la Mayenne de la 3e République.
Un mystère : Guillaume est qualifié de chevalier sous la Restauration. Nous n'avons toutefois pas trouvé sa trace parmi la noblesse d'Empire. Et dans son acte de décès, il n'est pas fait mention d'un titre de noblesse. Etait-ce une façon de rappeler sa promotion dans l'ordre royal de Saint-Louis ?
Sources principales : « Dictionnaire des officiers de cuirassiers » (Olivier Laprey) ; état civil des villes de Chaumont et de Chartres ; Le Journal de la Haute-Marne (1811) ; Tableau des officiers tués et blessés (Martinien) ; annuaire des officiers d’active de 1819 ; bulletin des lois 1857 ; « Grands notables du Premier Empire » ; historiques des 7e dragons et 8e cuirassiers.
Remerciements à Régis Barreau, Jérôme Croyet et Gérard Gelé.
vendredi 23 octobre 2009
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