Dans ses écrits, l'historien Jean Carnandet, repris par Alcide Marot, évoquait, parmi les enfants de Bourmont, un certain François-Félix Demange, né à la fin du XIXe siècle, fils d’armurier, qui a pris part à la campagne d’Espagne, est devenu officier, membre de la Légion d’honneur, s’est battu en Algérie puis surtout, après avoir été journaliste, aurait rejoint l’armée portugaise du roi Miguel, au sein de laquelle il serait mort, comme général, à l’attaque d’un pont, sous le pseudonyme de Brassager !
Si l’histoire est véridique, ce serait là une bien curieuse destinée.
Elle est authentique. Il existe bien un François-Félix Demange, membre de la Légion d’honneur, né non pas à Bourmont, mais à Aix-la-Chapelle, le 30 janvier 1799. Il est le fils de Hyacinthe Demange, militaire tombé le 2 mai 1813 à la bataille de Lutzen, et d’Isabelle-Victoire-Joséphine Behaghel. Il ne fait aucun doute qu’Hyacinthe Demange était Haut-Marnais d’origine (les Demange sont légion à Poissons, par exemple), puisque sa veuve est située à Clefmont, en 1820.
Si l’on en croit son dossier de légionnaire, François-Félix aurait été soldat au 1er régiment d'infanterie légère dès l’âge de 10 ans (en 1809), et promu sergent-major à seulement 14 ans ! Il prend en effet part à la Campagne d’Italie de 1813-1814 et est blessé le 12 mars 1814. Passé au 6e régiment d’infanterie de la garde royale (commandé par un Haut-Marnais), garde de corps du roi avec rang de sous-lieutenant en 1820, il participe effectivement à l’expédition d’Espagne de 1823, comme sous-lieutenant de grenadiers du 34e régiment d'infanterie de ligne.
Là s’arrête l’énumération de ses états de services dans son dossier.
C’est alors que L’Ami de la religion nous est d’un grand secours. Dans sa revue de presse, cette publication évoque l’existence d’un Français nommé Brassager qui, major se battant aux côtés de Miguel, roi du Portugal (en conflit avec son frère), a été promu lieutenant-colonel après sa conduite au siège d’Oporto, le 25 juillet 1833. L'officier correspondrait à un ancien chef vendéen nommé Diot. Faux, rétorque une publication marseillaise, La Gazette du Midi : elle affirme que « Brassager » n’est pas Diot, et qu’elle connaît, sans la révéler, sa véritable identité. Et pour cause ! De Mange (sic) est un de ses gérants… Il était même recherché, pour ses écrits, par la police marseillaise. Est-ce la raison de son départ pour le Portugal ? Toujours est-il, selon L’Ami de la religion, que « Brassager », après Oporto, après des combats devant Lisbonne, après s’être battu sur le Tage, après avoir coulé un bateau appartenant à don Pedro, a été tué, comme général de brigade aide de camp de don Miguel, à l’affaire de Santarem, le 18 février 1834.
Ainsi aurait pris la fin la destinée d’un Haut-Marnais d’origine, sous-officier à 14 ans, officier de l’armée du roi Louis XVIII puis de Louis-Philippe, journaliste et général portugais…
PS : l'excellent site de Frédéric Berjaud, "Soldats de la Grande-Armée" (http://frederic.berjaud.free.fr/), qui donne un historique détaillé du 1er léger, confirme la présence, comme maître armurier, au sein de ce régiment, en 1807, d'un certain Nicolas Demange, né en 1772. Sans doute le père de François-Félix, ce qui expliquerait la présence de ce dernier au sein du 1er léger.
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