lundi 14 novembre 2016
Boulet fatal pour le général Damrémont
En octobre 1837, l'armée française assiège la place de Constantine. Voilà sept ans que les troupes du roi Louis-Philippe ont entrepris la conquête de l'Algérie, et pour cette nouvelle expédition, c'est le gouverneur-général des possessions françaises, le lieutenant-général chaumontais Charles-Marie Denys de Damrémont, qui dirige les opérations en compagnie du duc de Nemours. Nous sommes le 12 octobre 1837, l'assaut est imminent. Il est 8 h du matin. Damrémont s'en va examiner la batterie de brèche, puis, rapporte une relation des combats, il «s'avança imprudemment vers la partie occidentale de la colline de Condiat-Aty, pour observer, à l'aide d'une longue vue, l'effet du feu. Les boulets, les bombes et même les balles qu'il entendait siffler ou crever autour de lui, ne purent l'arrêter dans sa promenade téméraire. Il expia enfin ce mépris obstiné de la mort : un boulet de quatre le renversa sans vie. A peine eut il le temps de recommander à Dieu son âme intrépide par ce mot : «Mon Dieu!» qui lui échappa. Le général Perregaux, se penchant sur le corps de son ami, fut blessé au front par une balle.».» La mort du Haut-Marnais sera le sujet d'un tableau du fameux peintre Horace Vernet.
Comme Damrémont, dont il est chef d'état-major, Perregaux est un ancien de la Grande Armée. Il mourra peu après en rentrant en France. La plupart des officiers généraux de l'expédition ont servi Napoléon. Ayant perdu un œil à Ligny (1815), Trézel avait été nommé maréchal de camp durant les Cent-Jours. Rullière était un ancien chef de bataillon d'infanterie en Saxe (1813), Valée (de Brienne-le-Château), qui succèdera au Haut-Marnais, était déjà général sous l'Empire, Rohault de Fleury, lieutenant-colonel. A noter que servait devant Constantine, qui tombera le lendemain, le futur maréchal de Mac-Mahon.
Saint-Cyrien, colonel (1813) aide de camp du maréchal Marmont, Denys de Damrémont, mort au champ d'honneur à l'âge de 54 ans, était par ailleurs très lié avec d'autres gloires de l'Empire : il était le gendre du général Baraguey d'Hilliers, le beau-frère du général Foy.
Son corps sera ramené par le bateau à vapeur Le Styx, arrivera en France le 13 novembre, sera déposé au lazaret de Toulon. Les obsèques du général Damrémont, Pair de France, seront célébrées le 5 décembre 1837 aux Invalides, en présence notamment du maréchal Moncey, et c'est à cette occasion qu'«un orchestre, composé de 300 musiciens, a exécuté la messe de M. Berlioz d'une manière digne de la grande solennité funèbre du jour». Il s'agit du fameux Requiem.
La veuve du général, Clémentine, sera légataire universelle du maréchal Marmont. Damrémont était le père d'Auguste-Louis-Charles Denys, comte de Damrémont (1819-1887), qui épousera une demoiselle Hennessy originaire de la région de Cognac, et d'Henriette-Françoise-Clémentine.
Pour compléter cet article, signalons que plusieurs Haut-Marnais ayant servi comme officiers sous l'Empire ont participé aux opérations d'Algérie : le lieutenant-colonel d'artillerie d'Esclaibes d'Hust (Echenay), le capitaine Foissey (Meuvy), le capitaine Lerouge (Flammerécourt), tué à Alger en juillet 1830, le capitaine Perrin (Lezéville), mort à Oran en novembre 1837...
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