dimanche 6 mars 2011

Il y a 200 ans : la mort du général Chaudron-Rousseau

Il y a 200 ans, le 5 mars 1811, était mortellement blessé, sur le champ de bataille de Chiclana (Espagne), un général bourbonnais, Pierre-Guillaume Chaudron-Rousseau, auquel nous avons déjà consacré un coup de projecteur.
Rappelons que ce fils de « régicide » avait été promu adjudant-général chef de brigade (colonel chef d’état-major), durant la Révolution, à moins de 20 ans ! Il se battait alors dans les Pyrénées, avant de servir dans l’Ouest, puis lors de la campagne d’Austerlitz, et d’être promu brigadier avant la Campagne d’Espagne.

C’était, dira le maréchal Victor (son supérieur), un « officier du plus grand mérite », qui s’était déjà illustré à Talavera (1809) en conduisant une charge à la baïonnette restée fameuse. A Chiclana, deux ans plus tard, le Bourbonnais était officiellement à la tête d’une brigade de la division Leval, corps Victor qui, assiégeant Cadix, s’en était allé affronter les troupes britanniques du général Graham - qui venaient de débarquer - et espagnoles. Mais c’est en commandant deux bataillons dits « de grenadiers réunis » – formés d’éléments de divers régiments – que Chaudron-Rousseau a été tué, à seulement 35 ans, le 5 mars 1811. D’un coup de boulet à la poitrine, si l’on en croit un historien du XIXe siècle – le seul, d’ailleurs, à apporter cette précision. Tué, ou mortellement blessé ? Selon le rapport du général Graham, vainqueur de Victor, Rousseau (sic), tout comme le divisionnaire Ruffin (autre victime de cette journée), avait été fait prisonnier avant de décéder peu après.

C’est alors que serait survenu un fait extraordinaire concernant Chaudron-Rousseau complaisamment rapporté par les historiens britanniques de la guerre de la péninsule – tous se copiant pratiquement au mot près, le seul Français évoquant l’anecdote (Michaud) penchant plutôt pour le général Ruffin (mort sur le vaisseau l’emmenant en Angleterre).

Rousseau, ou plutôt Chaudron-Rousseau, donc, avait un caniche blanc qu’il avait laissé loin de la bataille. Ne voyant pas son maître revenir, le chien serait parti à sa recherche. Il aurait alors découvert, dans la nuit, le corps du général haut-marnais. Gémissements, léchage de mains et des pieds : rien n’y faisait, et Chaudron-Rousseau, laissé sur le champ de bataille, succomba. Pendant trois jours, l’animal refusa toute nourriture. Quand le général fut enfin inhumé, le caniche resta près de la sépulture. Avant que Graham, dont on sait qu’il aimait les animaux, ne le prît sous sa protection et le ramena en Grande-Bretagne où le fidèle caniche décéda.

Chiclana (ou Barosa, pour les Anglais), c’est encore la bataille au cours de laquelle son compatriote Vanderbach (d’Autreville-sur-la-Renne), le chirurgien-major du 9e léger, fut - à nouveau - blessé, ainsi que le lieutenant Ursin Demongeot, de Saint-Urbain (94e de ligne). C’est aussi ce jour-là que se distingua un officier de cavalerie, Paul Priant. Ce sous-lieutenant eurvillois de 41 ans, qui deux ans plus tôt, maréchal des logis, avait fait preuve de valeur à Uzès, réalisa un fait d’armes avec ses hommes du 1er lanciers (ex-1er dragons) : il captura 400 hommes. Le 6 août, il sera fait chevalier de la Légion d’honneur.

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